Après la question orale avec débats sur sa gestion tendancieuse des conflits interinstitutionnelles en provinces, au cours de laquelle il avait présenté des excuses aux députés nationaux pour ses propos jugés excessifs et outrageants à l’encontre des élus, on pensait le vice- 1er ministre en charge l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, l’UDPS Daniel Aselo Okito à l’abri de nouvelles bisbilles avec le parlement. Il n’en est rien puisqu’un député national de Bukavu (Sud- Kivu), Didier Lutundula Okito a annoncé le dépôt d’une motion de défiance à son encontre qui aurait récolté 77 signatures d’élus manifestement non satisfaits de ses explications à la question lui posée par leur collègue Jean- Pierre Kayembe Ilunga.
Ce dernier s’était pourtant contenté la semaine dernière de formuler des recommandations à l’intention du n° 2 du gouvernement Sama Lukonde, signe que pour lui le dossier était clos. «Je demande au vice- 1er ministre, ministre de l’Intérieur, sécurité, décentralisation et affaires coutumières d’abandonner son bureau climatisé, d’assurer l’itinérance dans toutes les provinces ou par territoires pour palper les vraies réalités du terrain, je recommande au VPM de cesser les immixtions intempestives dans la gestion des institutions provinciales tout en laissant les provinces fonctionner conformément aux lois de la République, aux grands maux des grands remèdes, dit-on, je lui recommande de respecter la loi sur la libre administration des provinces. J’ai eu à démontrer que nous vivons depuis son avènement la milice au Sankuru, sa province. C’est pourquoi je plaide pour la nomination dans cette province d’un gouverneur non originaire, c’est-à-dire un commissaire spécial pour la gérer jusqu’aux élections prochaines. Je lui recommande aussi de libérer la province du Nord-Ubangi en mettant fin à la gestion provisoire actuelle qui retarde son développementetdedemander à la CENI d’organiser l’élection du gouverneur pour mettre fin aux tensions qui s’y observent», avait déclaré l’élu de Kananga dans un tonnerre d’applaudissements.
77 insatisfaits
Mais rien n’y a fait car lundi 4 avril 2022, 77 députés nationaux emmenés par l’AFDC/A – USN Didier Lutundula Okito ont formellement déposé une motion de défiance, sanction suprême contre Aselo au bureau de l’Assemblée nationale. Les signataires, selon les propos de leur porte-parole, estiment que les réponses du vice- 1er ministre en charge de l’Intérieur n’ont pas répondu à l’essentiel de leurs préoccupations. «Le VPM s’est limité à nous caresser dans le sens du poil sans convaincre. Il est venu deux fois à l’Assemblée nationale, mais mon constat est qu’il n’a pas touché le fond des questions lui posées par les députés nationaux sur ses ingérences inconstitutionnelles dans les compétences exclusives des provinces.Avocat de son état, il s’est limité malignement à s’excuser des propos outrageants contre les députés nationaux et provinciaux. Cela est inacceptable», déclare à ce sujet un des signataires de la motion. Qui ajoute : «Nous n’avons pas été satisfaits, il faut soit qu’il démissionne comme plusieurs intervenants le lui avaient demandé car il avait intentionnellement violé la constitution à maintes reprises, soit qu’il revienne devant l’Assemblée nationale pour présenter ses moyens de défense sur sa mauvaise gestion de la territoriale et l’insécurité grandissante que celle-ci provoque dans plusieurs provinces. Nous lui reprochons notamment une gestion laxiste des services relevant de son ministère comme la police et la petite territoriale qui a transformé le Congo en une sorte de République bananière».
A l’évidence, Me Aselo est loin d’être tiré d’affaire. Surtout si l’on pense que la démarche du groupe de 77 intervient quelques jours seulement après la déchéance d’un autre membre du gouvernement, le désormais ancien ministre de l’Economie nationale, l’AFDC/A Jean-Marie Kalumba Yuma.
D’aucuns yvoientuneréponse du berger à la bergère au sein de l’Union Sacrée de la Nation. Tout se passe, en effet, comme si la motion de Didier Lutundula et consorts était initiée pour ‘‘venger’’ la déchéance d’un ministre AFDC/A, au nez et à la barbe de la majorité parlementaire USN au sein de l’hémicycle. Même s’il est difficile d’établir une connexion de complicité entre Didier Lutundula Okito et la hiérarchie de l’AFDC/A étant donné les rapports en dents de scie qui ont toujours existé entre l’autorité morale de ce parti, le président du Sénat Modeste Bahati Lukwebo et ce député de son parti avec lequel il a eu maille à partir depuis les élections législatives de fin 2018.
LE MAXIMUM