La campagne « Le Congo N’est Pas à Vendre » (CNPAV) a récemment pris connaissance des diffé- rents témoignages émis par deux lanceurs d’alertes et ex-agents de « AFRILAND BANK » qui avaient décidé de mettre en lumière les pratiques au sein de cette institution, en totale violation des règles édictées en la matière à l’échelle locale et internationale. Selon les enquêtes de différents médias ayant eu accès aux documents d’Afriland, cette banque aurait notam- ment permis le retrait de millions USD de comptes publics et par des personnages politiques, accordé des prêts de dizaines de millions d’Euros à une société liée à Dan Gertler et abrité des réseaux liés au gouvernement nord-coréen ou encore à des financiers du Hezbollah. Les mêmes enquêtes attestent que la direction de la banque était non seulement au courant de ces schémas mais aurait aidé à les mettre en place et aurait menacé de mort l’un des lanceurs d’alertes. On rappelle l’enquête menée conjointement par Global Witness et PPLAAF et publiée dans le rapport « Des sanctions, Mines de rien » en juillet dernier, qui a révélé que le milliardaire israélien Dan Gertler aurait eu recours au service de la Banque Afriland pour contourner les sanctions américaines dont il fait l’objet. Il aurait à cette fin utilisé un réseau de sociétés écrans et des services au sein de cette même banque. A noter également que le rapport de l’ONG américaine The Sentry, « Affaires Risquées », publié en août 2020, montrait comment cette même institution continuait à violer les sanctions onusiennes, européennes et américaines en ouvrant des comptes à des sujets nord-coréens. Les récentes révélations des lanceurs d’alertes mettent en exergue comment cette institution viole consciemment les lois anti-blanchiment ainsi que de nombreuses autres normes bancaires, mettant ainsi en péril l’ensemble du système financier congolais. La banque n’a pas nié ces révélations, mais a lancé une contre-attaque honteuse contre les ONG et les lanceurs d’alertes, allant jusqu’à brandir au cours d’une confé- rence de presse un prétendu jugement de mort contre les lanceurs d’alerte. Afri- land parle en fait, de docu- ments forgés, les individus et sociétés mentionnés dans les révélations ayant euxmêmes confirmé une vaste majorité des transactions. «Nous voulons des banques propres qui aident et stimulent l’économie congolaise plutôt que de la mettre en danger», ajoute Jean Claude Mputu, porte-parole de CNPAV. «Pour garantir que le Congo ne soit pas complètement coupé du marché international, nos autorités financières doivent tout faire pour éviter que des pratiques comme celles d’Afriland n’aient lieu », recommande-t-il. Les multiples appels de la campagne Le Congo N’est pas A Vendre à l’ouverture d’enquêtes sur les faits repro- chés à Dan Gertler et la filiale camerounaise de Afriland demeurent sans résultats à ce jour. Ils rappellent en effet, ceux de l’affaire BGFI ainsi que le procès des 100 jours où des banques commerciales avaient été clai- rement remises en cause. Il est donc grand temps que les autorités congolaises prennent les mesures qui s’imposent pour sauvegarder le respect des normes du système financier congolais. Aussi, le CNPAV recom- mandent: l’ouverture d’une enquête indépendante pour sanctionner les banques qui agissent en violation des règles internationales exposant de ce fait l’ensemble du système financier congo- lais ; la réforme du système bancaire congolais afin de prévenir ce genre de pra- tiques ; habiliter la cellule de renseignements financiers afin de mener des enquêtes indépendantes et rigoureuses portant sur des opérations financières douteuses ; pro- téger les différents lanceurs d’alertes qui dénoncent les malversations ou les diffé- rentes violations des lois, comme promis par le président Tshisekedi lui-même a son dernier discours à la nation.
JM