Le Premier ministre, Matata Ponyo, a déposé le 1er octobre 2015, la loi des Finances exercice 2016 à l’Assemblée nationale. Contrairement à ses premières projections plutôt haussières, le Chef du gouvernement a revu le budget à 8 milliards USD. Question de se prémunir de la dégringolade continue des cours mondiaux des matières premières, principales pourvoyeuses des recettes de l’Etat, dont le pétrole.
Un baril de pétrole à 20 dollars. Les experts n’excluent pas pareille dégringolade à moyen terme. La RDC, dont près du dixième des recettes internes proviennent de l’or noir de Muanda, pourrait s’en mordre la langue. Déjà, le niveau des recettes des pétroliers producteurs à mi-exercice 2015 n’atteint même la moitié des assignations budgétaires.
Selon une note du ministre des Finances, Yav Mulang, datée de 20 août 2015, le Trésor public n’a perçu que quelque 120.759.893,62 USD au cours de six premiers mois de l’année 2015. Les mois de février, mars et juin ont particulièrement été catastrophiques. Les pétroliers producteurs ont juste versé respectivement 10 millions, 11 millions et 9,5 millions de dollars alors que, selon le gouverneur de la Banque centrale du Congo, BCC, Deogracias Mutombo, l’Etat devrait percevoir en moyenne 38 millions USD le mois du secteur des hydrocarbures. Hélas, établies avec des prévisions d’un baril autour de soixante-dix dollars, les cours mondiaux du baril ont continuellement périclité jusqu’à 40 dollars.
Ce n’est un secret pour personne, comme toutes les autres matières premières, le cours de l’or noir n’a cessé de chuter depuis le début de l’année 2015. D’ailleurs, l’Angola, l’un de plus grands producteurs de l’or noir du continent et membre de l’OPEP, a, courant juillet 2015, réduit de 26% son budget 2015 du fait de la chute des cours mondiaux de plus de 40% durant le premier trimestre de l’année en cours. Luanda a, en outre, sollicité un appui financier de la Banque mondiale de l’ordre de 650 millions USD. L’Angola n’avait plus contracté de dettes ni sollicité d’aide depuis 2010. Ironie de l’histoire, c’est au cours de la même que la RDC avait épongé le gros de sa dette extérieure qui s’est chiffrée à quelque 12 milliards UDS et le pays de Kabila atteignit l’IPPTE, Initiative Pays pauvre très endetté.
La RDC perçoit en moyenne 450 millions de dollars l’an des pétroliers producteurs. Mais, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Deogracias Mutombo avait déjà prédit qu’à la suite de la dégringolade des cours mondiaux du baril de l’or noir, les recettes mensuelles de l’État pourraient être divisées par deux voire par 4. Au terme des six premiers mois de l’année, le Trésor public aurait dû percevoir près de 230 millions de dollars des pétroliers producteurs. C’est à peine 50 % de cette somme qui a été versé à l’État.
Pour rappel, les entreprises pétrolières en phase de production à Muanda sont les suivantes, d’après ITIE/R-dCongo : Perenco, Chevron ODS, Muanda International Oil Company, Lirex, Surestream et Teikoku Oil. Et les entreprises en phase d’exploration sont Soco, Surestream appelé aussi Energulf qui a finalement été racheté par Nessergy. Le Franco-britannique PERENCO/R-dC opère à travers 3 sociétés à savoir MIOC, Muanda International Oil Company, qui exploite le pétrole en offshore, avec 2 entreprises partenaires, le Japonais TEIKOKU et une filiale du groupe formé par l’Américain CHEVRON et le français TOTAL, ODS. Cependant, Muanda International Oil Company dispose des parts majoritaires, soit 50%. Sur les champs terrestres, en on shore, PERENCO exploite l’or noir à travers deux autres entreprises : PERENCO REP – qui dispose de 55% des parts – et LIREX qui détient 45% d’actions dont 15 reviennent à la Congolaise des hydrocarbures, COHYDRO. Encore actionnaire unique de la COHYDRO SARL), l’Etat r-dcongolais, sied-t-il de rappeler, dispose également de 20% des parts dans les sociétés concessionnaires off shore. L’Etat RD congolais ne dispose pas de part en nature, même pas un litre !
POLD LEVI