Le Franc congolais a connu ces derniers jours des embardées que bien peu de monétaristes sont parvenus à expliquer. Entre le taux de 1.950 CDF pour un dollar affiché sur les tableaux de l’institut d’émission et les 1.600 CDF offert chez les cambistes de la place dit du château, les meilleurs analystes économistes en étaient réduits à bafouiller des explications contradictoires faisant état tantôt d’une embellie du cadre macroéconomique, tantôt d’un effet de panique chez les cambistes d’une intervention volontaristes de la Banque centrale pour freiner la dépréciation vertigineuse du Franc congolais à laquelle on a assisté.
C’est de toute évidence la deuxième explication qui est la bonne, à en croire le communiqué qui a été rendu public le 04 août dernier par Deogracias Mutombo, le gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) qui a tenu personnellement à rappeler de manière très ferme que « seuls les bureaux de change et cambistes manuels personnes physiques agréés sont habilités à effectuer les opérations de change manuel en République démocratique du Congo ».
Dans son communiqué, le patron de l’Institut d’émission a en outre mis en garde aussi bien le public en général que lesdits bureaux de change et cambistes manuels personnes physiques agréés en faisant savoir que ces derniers étaient les seuls autorisés à effectuer le change manuel et de ce fait, à s’adonner à l’affichage des cours de change acheteur et vendeur et que, ce faisant, ils sont tenus par la législation congolaise en la matière d’afficher leurs cours de change « exclusivement à l’intérieur de leurs locaux ».
Il reste à savoir si le gouverneur de la Banque centrale n’a pas prêché dans le désert comme cela est souvent le cas en RDC où le métier de cambiste s’exerce à tous les coins de rues et donne l’impression de ne pas faire l’objet d’une quelconque réglementation, ce qui fragilise sérieusement la monnaie. Mutombo en est conscient parce qu’il a en outre invité les autorités politico-administratives (gouverneurs, maires, bourgmestres, administrateurs territoriaux) ainsi que la police nationale à « prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour mettre fin à la pratique illégale qui favorise la spéculation sur le cours de la monnaie nationale sans empiéter la stabilité macroéconomique ».
On espère qu’il sera entendu et que dans le cas contraire, l’institut d’émission dispose de mécanismes permettant de faire appliquer strictement les lois et règlements en vigueur.
J.S.