Le 4 décembre courant, le Conseil de l’Union européenne a reconduit pour un an les mesures restrictives (sanctions ciblées) prises en 2017 contre 12 personnalités congolaises, les anciens ministres Evariste Boshab et Emmanuel Ramazani Shadary, les anciens gouverneurs Jean-Claude Kazembe Musonda et Alex Kande Mupompa, l’ancien administrateur général de l’ANR Kalev Mutond, les généraux John Numbi Tambo, Gabriel Amisi Kumba, Ilunga Kampete, Delphin Kahimbi et Eric Ruhorimbere des Forces armées de la République Démocratique du Congo, Célestin Kanyama et Ferdinand Ilunga Luyoyo de la Police Nationale Congolaise. Le retrait de la liste des personnalités visées par ces sanctions du député national Lambert Mende Omalanga, ancien ministre de la Communication et Médias et porte-parole du gouvernement pendant 10 ans sous le régime de Joseph Kabila et de Roger Kibelisa, ancien Administrateur principal en charge de la sécurité intérieure à l’Agence nationale des renseignements (ANR) et actuel expert ès sécurité à la présidence de la République ne satisfait pas totalement aussi bien le Front Commun pour le Congo (FCC) une des deux composantes de la coalition gouvernementale que le ministre des Droits Humains et un des principaux concernés, le député national Lambert Mende lui-même.
Le FCC, plateforme du président honoraire de la République Joseph Kabila a certes salué « ces faibles premiers pas, qui sans nul doute, vont dans la bonne direction » mais il attend plus d’engagements, aux termes du communiqué signé par Néhémie Mwilanya Wilondja, coordonnateur de cette structure qui dit « souhaiter que ces sanctions soient levées totalement pour toutes les personnalités (car) l’heure n’est plus aux sanctions, après la passation pacifique du pouvoir mais plutôt à un dialogue constructif ». Pour le FCC, ces sanctions sont contraires au droit international, arbitraire et basées essentiellement sur des motivations politiques. «En termes de prouesses démocratiques et de stabilité politique et économique couronnées par la toute première alternance pacifique du pouvoir, la page des sanctions devrait être définitivement tournée au profit d’un dialogue constructif en vue d’un nouveau partenariat gagnant-gagnant entre les deux parties », pouvait-on lire dans le communiqué du Front distribué au cours de la soirée de lundi 09 décembre. Le Coordonnateur de la plateforme de Kabila a vertement critiqué le double langage de l’Union européenne qui affirme vouloir agir en faveur du processus électoral en RDC « tout en soutenant mordicus les auteurs d’entraves au processus électoral qui avaient incités publiquement aux violences qui ont émaillé ledit processus et appelés à détruire le matériel électoral ». Le ministre congolais des Droits Humains, André Lite Asebea, a pour sa part évoqué ces sanctions au cours de la journée des Droits de l’Homme organisée par son ministère le 10 décembre à l’Hôtel Kempisky Fleuve Congo de Kinshasa devant plusieurs ministres, ambassadeurs et membres de la communauté humanitaire. « Je ne peux me faire à l’idée que l’on puisse violer les Droits de l’Homme pour défendre et promouvoir les Droits de l’Homme », a-t-il martelé en rappelant que les 14 officiels mis à l’index par l’Union européenne et la demi-douzaine épinglée par l’OFAC des Etats-Unis l’ont été en violation des droits élémentaires reconnus à tout être humain quels que soient les actes répréhensibles dont on peut l’accuser. « Ces sanctions violent les principes du contradictoire, de la présomption d’innocence, des droits de la défense et de la légalité des crimes et des peines devant les sanctionner » a-t-il déclaré.
Même Lambert Mende, bénéficiaire avec Roger Kibelisa, de la décision du Conseil se montre critique vis-à-vis de l’Union européenne a exprimé son amertume et appelé ses compatriotes à « questionner sérieusement la nature des relations qui existent entre notre pays, la République Démocratique du Congo et l’Union européenne, une organisation régionale à laquelle elle (RDC) n’appartient pas et qui tente par ce recours à des sanctions ciblées unilatérales contraires au droit international d’imposer à notre peuple une forme de mise sous tutelle déguisée que je désapprouve catégoriquement ».
MJ