Il fait mieux, ou pire, c’est selon, que le défunt Etienne Tshisekedi, lorsqu’il prêtait serment en qualité de président de la République en sa résidence, entouré des siens, après la présidentielle 2011. Le candidat malheureux à la présidentielle 2018, Martin Fayulu Madidi, sillonne le monde où il se fait parfois rendre des simulacres d’honneurs militaires par des gueules cassées d’une certaine diaspora communément appelées « Bana Congo », qui s’étaient rendus tristement célèbres par leurs agressions physiques d’artistes musiciens et d’acteurs politiques de leur pays d’origine. Réfugiés politiques «professionnels», la plupart de ces rd congolais dans l’Union Européenne auraient dû, normalement, regagner leur pays, puisque les raisons ‘‘politiques’’ de leur séjour outre Méditerranée sont tombées caduques depuis l’avènement au pouvoir d’un leader de l’opposition radicale. Mas ils n’en font rien, préférant adouber Martin Fayulu, le nouveau champion du radicalisme qui leur permet de justifier un exil plus économique que politique.
Vérité des urnes pour candidat malheureux
Le candidat de la coalition Lamuka, qui revendique toujours une vérité des urnes à laquelle il est de plus en plus seul à croire, s’est rendu lui aussi aux Etats-Unis. Pour de nombreuses raisons non avouées dans ce pays où tout le monde peut s’offrir un lobbying, à condition d’en payer le prix. Mais sans doute aussi, pour faire comme le chef de l’Etat déclaré vainqueur de la présidentielle de décembre dernier, que l’exécutif américain a pris sous ses ailes protectrices. Du 3 au 6 avril 2019, Félix-Antoine Tshilombo Thisekedi avait été convié à une visite de travail aux Etats-Unis. Martin Fayulu, qui se serait fait confectionner des cartes de visite avec emblèmes nationales portant mention « Président élu », selon Jeune Afrique, a profité d’un séjour européen fin mars pour effectuer un saut aux Etats-Unis. Sur ce que le désormais ancien candidat de la coalition Lamuka à la présidentielle est allé faire au pays de l’Oncle Sam, peu de gens savent quelque chose à Kinshasa. En dehors du fait qu’il projette un meeting populaire le 28 avril 2019 Place Sainte-Thérèse dans la commune de Ndjili à Kinshasa.
Même au sein de la plateforme qui a activé et soutenu sa candidature au cours des derniers mois de l’année 2018, rien ne sera plus comme avant, pourtant. Au terme de 4 jours de réunion à Bruxelles en mars dernier, les leaders de la coalition qui avaient décidé de porter la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle 2018 avaient réexaminé et redéfini les objectifs et la réorientation de l’ancienne coalition électorale. Le fait le plus certain qui en découle est que le candidat de l’Ecidé et de la Dynamique de l’Opposition ne sera plus ni le chef de file de la coalition Lamuka, qu’il n’a du reste jamais vraiment été, ni le vainqueur soutenu d’une élection déjà consommée. Les dernières tribulations dans la plateforme indiquent que de Lamuka il ne devrait plus rester grand’chose qui poursuive l’objectif farfelu de la « vérité des urnes ».
Plateforme politique, pas électorale
Mardi 16 avril 2019, le député MPRC-AMK Jean-Claude Mvuemba a emboité les pas aux autres leaders de la plateforme katumbiste, dont Claudel Lubaya, en décidant d’accompagner lui aussi le président de la République élu, Félix Tshisekedi, donc. « Aujourd’hui la plateforme Lamuka est vidée de sa quintessence », a notamment déclaré le député national de Kasangulu, aux lendemains d’un échec cuisant de sa candidature à la tête de sa province d’origine. « Pour la toute première fois de son histoire, la RDC vient de franchir une ligne jamais franchie depuis l’indépendance, à savoir la passation pacifique du pouvoir et/ou l’alternance démocratique. Il est difficile de passer directement de la dictature à la vraie démocratie, l’étape de la transition est certaine en vue de baliser le chemin à la vraie démocratie », s’est réjoui cet ancien dirigeant de la jeunesse estudiantine du MPR en France sous le Maréchal Mobutu. Jean-Claude Mvuemba a déclaré qu’il s’abstiendra de se constituer en opposant au régime en place pour ne pas en porter la responsabilité de l’échec. Plusieurs mois avant Jean-Claude Mvuemba, ses collègues katumbistes de l’Alternance pour la République (AR) dirigée par le duo Sessanga – Ewanga avaient pris leurs distances vis-à-vis du candidat malheureux à la dernière présidentielle rd congolaise. Tandis que le G7 de Kyungu et autres Christophe Lutundula, qui a récemment rendu publique une déclaration d’appartenance à l’opposition politique républicaine, paraît de moins en moins enthousiaste à l’idée de passer les 5 prochaines années à poursuivre un chimérique combat pour la « vérité des urnes ». Sur la question, la position de l’Unafec Kyungu est des plus claires : il est hors de question pour ce parti politique et son vieux leader katangais de s’installer dans les rangs de l’opposition à Félix Tshisekedi.
Objectifs chimériques
Les nouvelles orientations politiques de Lamuka sont attendues début mai 2019, dans quelques semaines donc. La coalition électorale mutera en plateforme politique vouée à la question de la libération du pays, selon la tendance bembiste du regroupement. «Nous sommes au cœur de la création de Lamuka en tant que plateforme électorale présidentielle. Le parti est maintenant au cœur de la transformation de Lamuka en plateforme politique pour l’instauration d’un Etat de droit démocratique dans notre pays. Le MLC se battra jusqu’au bout pour que la RD-Congo soit un pays digne de ce nom », explique Jacques Ndjoli, un haut cadre du Mouvement de Libération du Congo (MLC) qui s’est confié à Actualités. cd. Il s’agit d’objectifs qui peuvent se poursuivre de l’intérieur des institutions de la République, au parlement par exemple. Ce dont ne veut nullement entendre Martin Fayulu qui a même renoncé à son mandat de député national au profit d’une sorte de parlementarisme de la rue, des meetings populaires et des villégiatures à l’étranger. La divergence de vue est de taille. Sur les ondes d’une radio ayant pignon sur rue à Kinshasa, le 12 avril 2019, un porte-parole du parti bembiste confirmait les dispositions du MLC à une opposition républicaine en revendiquant la qualité de porte-parole des adversaires politiques de la nouvelle majorité. « Au niveau de l’opposition, le MLC, en tant que parti politique, a le plus grand nombre d’élus », assurait Jean-Jacques Mamba. « Le parti a 51 élus. Jusqu’à preuve de contraire, aucun parti politique ne peut prétendre avoir le même nombre d’élus que le MLC dans l’opposition », selon lui.
La reconversion divisera
La reconversion de Lamuka de plateforme électorale en plateforme politique de lutte pour des objectifs plus nationalistes devrait donc laisser Martin Fayulu sur les carreaux. Mais il ne faut pas compter sur l’Ecidé, le petit parti politique dont le candidat malheureux à la présidentielle de 2018 est le président, et où le nombre d’élus aux dernières élections nationales et provinciales se comptent sur le bout des doigts de la main, pour renoncer à l’os. Martin Fayulu s’accrochera désespérément à l’étiquette Lamuka même réduite à sa seule personne et à quelques adhérents originaires de sa province natale. L’homme l’a déjà prouvé par le passé. Notamment en s’accaparant de la direction d’une plateforme politique, la Dynamique de l’opposition, pourtant mise sur pied avec le concours déterminant d’acteurs politiques ayant pignon sur rue à l’époque de sa création : Vital Kamerhe de l’UNC, Joseph Olenghankoy des FONUS, Jean-Lucien Bussa du CDER et José Makila de l’ATD. Tous avaient dû abandonner le regroupement à celui qui n’en était que le rapporteur et qui en fit quasiment un Ecidé-bis. De Lamuka, Fayulu fera son Lamuka bis. Il tient dans ses cros l’os qui l’a fait connaître à travers le pays en décembre dernier et ne le lâchera plus.
J.N.