Cela n’était plus arrivé depuis 30 ans. La RDC a été élue, le 3 juin 2025, en qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies pour l’année 2026-2027. Durant 30 années, le pays de Lumumba est passé près de la trappe de l’histoire. L’élection arrachée par l’administration Tshisekedi «marque la vigueur de la diplomatie congolaise», s’en réjouit Eve Bazaiba, ministre de l’Environnement.
Pour cette troisième élection en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de son histoire, Kinshasa s’en est tirée avec 183 voix (sur 188 votants), et se mettra «au chevet d’un monde en crise», selon les termes d’un communiqué de l’ONU publié à cet effet, avec 4 autres Etats : le Libéria, Le Bahreïn, la Colombie, et la Lettonie. Tous les Etats élus ont obtenu la majorité de deux tiers requise – soit au moins 125 voix sur 188 votants. C’était la condition sine qua non, même en l’absence de concurrence ouverte, pour cette élection qui consacre la légitimité à siéger à la table où les décisions majeures sur la paix et la sécurité internationales sont prises ou bloquées. Et, pays agressé de manière répétitive depuis trois décennies, la RDC en sait plutôt quelque chose.
Dans le hall de l’Assemblée générale des Nations-Unies où plastronnait dignement, notamment, Mme Thérèse Kayikwamba Wagner, la brillante ministre Tshisekedi des Affaires étrangères, des applaudissements nourris ont accueilli l’élection des 5 nouveaux membres non permanents du Conseil de sécurité, mardi 3 juin, peu avant midi.
Conscients du poids de l’élection
Comme de coutume ici, les sièges obtenus se répartissent selon des quotas régionaux : deux pour l’Afrique, un pour l’Asie-Pacifique, un pour l’Amérique latine et les Caraïbes, un pour l’Europe orientale. Le scrutin s’est déroulé à bulletin secret, dans l’hémicycle du siège des Nations-Unies à New York.
Selon les attentes, confrontée depuis des années à une offensive des rebelles du M23 soutenus par le voisin rwandais, la RDC devrait faire entendre la voix d’un pays en quête de paix au sein du Conseil de sécurité. Mais pas que. Intervenant à l’issue de l’élection de son pays, Thérèse Kayikwamba a salué l’heureux événement «avec humilité et détermination». Au cours d’une brève adresse, chaleureusement applaudie, la plénipotentiaire congolaise a déclaré que «nous embrassons pleinement le mandat qui débute en janvier 2026. Nous sommes conscients de son poids et de sa portée. La RDC apporte au Conseil son vécu national et la voix d’un continent qui paie le prix des conflits non provoqués dont l’apport à la paix est souvent négligé. Nous servirons avec dignité, jugement indépendant et respect aux principes de la charte. Nous collaborerons avec tous les membres pour promouvoir la paix, le droit international et les aspirations légitimes des peuples. Nous honorerons la confiance placée en nous. La RDC servira avec clarté, fidélité aux principes et engagements pour des solutions communes».
Leviers d’influence
Les cinq nouveaux membres du Conseil sécurité remplaceront, dès le 1er janvier 2026, l’Algérie, la Guyane, la République de Corée, la Sierra Leone et la Slovénie. Ils rejoindront les cinq membres non permanents déjà en poste pour l’année 2026 : le Danemark, la Grèce, le Pakistan, le Panama et la Somalie. Et siègeront aux côtés des cinq membres permanents que sont la Chine, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie. L’ensemble des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité constituent un Conseil de 15 Etats.
Cependant, le poids institutionnel des membres non permanents du Conseil de sécurité reste limité en raison de l’absence de droit de véto, monopole des cinq grandes puissances issues de la seconde guerre mondiale, rappelle le communiqué onusien du 3 juin 2025. Même si leur «rôle est loin d’être symbolique. Membre des comités de sanctions, coprésidents des dossiers sensibles, relais de coalitions transrégionales : les sièges non permanents sont des leviers d’influence à part entière», souligne-t-on.
En RDC, on en demandait pas plus. «En tant que vice-présidente de l’Assemblée générale, la RDC participera directement aux travaux de l’ONU, aux côtés des grandes puissances et des autres vice-présidents. Ce poste permettra de faire entendre la voix du Congo et de l’Afrique sur les grands dossiers internationaux», selon Tina Salama, porte-parole à la présidence congolaise.
Alors que d’autres notent que la visibilité internationale, l’influence politique temporaire, le renforcement du leadership diplomatique et l’accès privilégié à l’information constituent de sérieux avantages attachés à la qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies.
JM