Parti présidentiel sous Joseph Kabila, le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), vit les derniers jours de son existence légale à une cadence effrénée. Une descente aux enfers enclenchée avec le séjour de son autorité morale, le président de la République honoraire, Joseph Kabila, à Goma sous occupation rebelle.
Mercredi 23 avril 2025, le siège principal du PPRD, sur avenue Pumbu dans la commune huppée de la Gombe, à quelques encablures du grand hôtel Kinshasa, a été vandalisé. Par des partisans du nouveau parti présidentiel, l’UDPS/Tshisekedi, selon des caciques de l’ancien parti présidentiel. «Le siège national du PPRD est l’objet d’un pillage systématique orchestré par les éléments de la milice dite Force du Progrès, affiliée au parti au pouvoir, l’UDPS, et cela en présence et sous le regard complice des forces de sécurité de l’Etat», dénonce un communiqué du parti publié dans les réseaux sociaux, notamment. «Nous avons appris que plusieurs de nos camarades ont été violemment agressés, certains grièvement blessés, d’autres arrêtés puis conduits vers une destination inconnue, dans ce qui s’apparente à une opération de répression politique planifiée», insiste le communiqué.
Cependant, le même jour, un communiqué du ministère de la Justice faisait état de la restitution du siège national de l’ancien parti présidentiel, «spolié à sa propriétaire, Mme Serana, depuis 23 ans». L’opinion apprend ainsi que «cette propriété a été spoliée depuis 23 ans par Mme Gloria Mteyu, sœur de l’ancien président de la République, Joseph Kabila, qui a fait abriter illégalement le siège du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD)».
Quelques heures auparavant, le ministre de l’Intérieur et Sécurité, Jacquemin Shabani Lukoo, avait adressé une correspondance au président national du parti kabiliste lui notifiant la suspension des activités du parti sur toute l’étendue du territoire de la RDC. Alors qu’aux termes d’un télégramme de service, le 22 avril, Shabani Lukoo instruisait les gouverneurs des provinces d’assurer la stricte application de l’arrêté portant suspension des activités du PPRD, pris quelques jours auparavant.
Des membres du PPRD ralliés au Rwanda
Le 18 avril, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, se basant sur l’agression de la RDC par le Rwanda et ses supplétifs du M23/AFC, et sur l’occupation d’une partie du territoire national, avait eu des mots très sévères à l’encontre du PPRD. «Certains membres du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) se rallient publiquement et ouvertement au Rwanda et à ses supplétifs en vue de porter atteinte à l’unité du pays, à l’ordre institutionnel démocratique et la souveraineté de l’État», a-t-il dénoncé. Il a évoqué également la sortie médiatique, le 23 février 2025, de Joseph Kabila, ancien président de la République et autorité morale du PPRD, dans laquelle «il a tenu des propos tendant à absoudre l’activisme négatif du M23/AFC et à décharger celui-ci des crimes odieux qu’il continue pourtant de commettre contre le pays et la population».
Mais, surtout que, astreint à l’obligation de réserve, de dignité, de patriotisme et de loyauté, l’autorité morale du PPRD «s’est, à l’insu des institutions de l’Etat, rendu au Rwanda et dans les zones occupées par les agresseurs du pays en violation des dispositions de l’article 5 de la loi n° 18/021 du 26 juillet 2018 portant statuts des anciens présidents de la République et fixant les avantages accordés aux anciens chefs de corps constitués (présidence)».
5 jours après ces propos sévères de Shabani Lukoo, le basculement du PPRD dans la clandestinité semble irréversible, malgré les dénégations des partisans du président de la République honoraire, qui arguent du fait qu’il n’existe aucune preuve de la présence de leur autorité morale à Goma, le 18 avril 2025.
Joseph Kabila avait pourtant bel et bien été aperçu à Kigali avant de rallier Goma le même jour, selon de nombreuses sources et des témoignages de son entourage immédiat. L’ancien président de la République a quitté subrepticement le chef-lieu du Nord-Kivu le 22 avril, à destination de la Namibie, après avoir conféré avec ses collaborateurs, selon des sources locales.
J.N.