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Questions à Thomas Luhaka sur la loi Tshiani
Thomas Luhaka, ancien président de l’Assemblée nationale s’inscrit en faux contre la proposition de loi réservant les fonctions régaliennes aux Congolais de père et de mère. Il argumente son propos par les exemples de Léon Kengo wa Dondo, fils d’une congolaise et d’un belge qui a, comme 1er ministre, mieux défendu les intérêts de la RDC que Faustin Birindwa, un 100% congolais, Abdoulaye Yerodia Ndombasi, fils d’une Congolaise et d’un Sénégalais qui fut un patriote, plus nationaliste que Bertrand Bisimwa du M23, 100% congolais, ou encore dans l’armée, les généraux Kikunda Ombala (mère congolaise, père belge), Mulamba Pene Lowa (mère belge, père congolais), Michel Elesse (mère congolaise, père belge) Mamadou Ndala (mère congolaise, père sénégalais) qui ont tous été d’excellents officiers, guère moins patriotes que d’autres généraux de père et de mère.
Son raisonnement occulte le fait qu’ainsi considéré, il faudrait plutôt envisager un amendement de cette proposition de loi en ne réservant que la présidence de la République dans le régime présidentialiste qui est le nôtre, aux Congolais nés de père et de mère Congolais. Car ni Léon Kengo wa Dondo, ni Yerodia Abdoulaye Ndombasi, ni les généraux Kikunda, Elesse ou Mamadou n’ont postulé à la présidence de la République.
En RDC aujourd’hui comme hier, la responsabilité du président de la République n’a rien de commun avec celle des détenteurs d’autres fonctions. J’en veux pour exemple la controverse au sujet de l’entrée sans contrôle des réfugiés hutus au Zaïre à propos de laquelle la volonté du président Mobutu l’a emporté sur les réticences du 1er ministre Kengo wa Dondo en 1994…
Comme on peut le voir, au lieu de rejetter en bloc la proposition, une lecture plus pointue et critique s’impose à l’heure actuelle en RDC dans le régime ultra présidentiel qui est le nôtre…
Lukusa Frédéric
Analyste politique
Le parlement congolais doit être respecté
Kabila, un katangais avait notoirement empêché Moïse Katumbi, de façon individuelle de se présenter à l’élection présidentielle de 2018. On n’a vu aucun Katangais menacer la République Démocratique du Congo d’une quelconque balkanisation. Aujourd’hui qu’une action parlementaire venant des personnes bien connues, usant de leur plein droit, vise à mettre en place une loi ayant comme toute autre loi un caractère impersonnel et exclusif est visiblement soutenue par une grande majorité de la population congolaise à cause des agressions de certains pays voisins à l’Est, un prétendu leader katangais, Christian Mwando, se dresse pour menacer la République toute entière d’une sécession. C’est à n’y rien comprendre. Apparemment c’est devenu un mode opératoire de quelques soi-disant leaders katangais. Tout doit être fait selon leur volonté et leurs intérêts égoïstes pour éviter les menaces de balkanisation. C’est comme si l’existence de la République Démocratique du Congo est son unité dépendait de leur volonté. Ils veulent faire croire que le jour où ils se lèveront du mauvais pied c’en sera fini pour la RDC dans ses frontières héritées de la colonisation car le Katanga qu’ils considèrent comme leur propriété personnelle va s’en détacher. J’invite donc mes compatriotes congolais à se serrer les coudes pour faire échec à de tels enfants gâtés, capricieux et corrompus de la RDC. Si l’appartenance du Katanga à la RDC dépend maintenant de l’humeur d’une poignée de personnes de l’ancien régime et de leurs rejetons, alors les Congolais n’auront tiré aucun enseignement des épreuves sanglantes qui leur ont été imposées depuis 1960.
C. Buunda Mbuzia
Leçons de l’histoire
Le critère d’être de père et de mère d’origine congolaise pour candidater à la magistrature suprême vient de la loi n°81/ 002 du 29 juin 1981 incorporée dans le Code de la famille.
Cette loi de 1981 relative à la nationalité visait à corriger les textes antérieurs introduits subtilement par Barthélémy Bisengimana, ancien directeur du bureau du président Mobutu qui avaient accordé collectivement la nationalité congolaise à tous les rwandophones sans même les avoir recensés ni inventoriés.
Nos frères du Kivu victimes des conséquences préjudiciables et dommageables à la suite des 2 ordonnances-lois de 1971 et de 1972 ont haussé le ton pour régler ce problème. Stratège, Mobutu a, dans un discours à la 26ème session du comité central du MPR, posé la question suivante : «qui au Zaïre est Zaïrois et qui ne l’est pas ?» avant de confier à cet organe du parti-Etat la charge de réfléchir sur la question et de lever les options fondamentales relatives à la matière de nationalité.
Malheureusement, certains Congolais, distraits, se lèvent aujourd’hui pour attaquer la proposition de Noël Tshiani en y voyant une nouveauté susceptible de diviser les Congolais, alors que la seule nouveauté, discutable du reste consiste en l’extension du principe à d’autres fonctions régaliennes que celle du président de la République. Sans chercher à découvrir les innovations et corrections à examiner, ils crient à tort et à travers contre cette proposition pour complaire à un acteur qui a manifestement un agenda caché contre notre pays. Il agite la terre entière pour son équation personnelle. Comme si les autres Congolais ayant des ambitions politiques et qui ne remplissent pas tous les critères légaux et se soumettent à la loi seraient des sous-congolais. Cette agitation devrait nous inquiéter plus que les conséquences de la loi elle-même. Quel agenda cache-t-elle ?
Les Congolais ne doivent plus se laisser manipuler par des intérêts obscurs qui minent leur souveraineté. Il est triste que des chefs de l’église catholique, embourbés dans des considérations partisanes, s’en mêlent. Il y a péril en la demeure. L’intervention de la cheffe de la MONUSCO confirme que notre avenir se joue ailleurs dans des officines impérialistes.
La loi est impersonnelle, elle peut être dure mais c’est la loi.
Omer Nsongo die Lema
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