Plutôt que de se retirer des zones qu’elle occupe, la coalition RDF-M23 reconforte son pouvoir dans certaines agglomérations du territoire de Masisi. Dans la cité de Kushana où les rebelles ont installé lundi 20 mars des nouveaux responsables dans les entités conquises, ils ont forcé plusieurs civils à construire le nouveau bureau du chef de la cité de la Kitshanga.
Dans cette agglomération, rapportent les sources locales, on observe une forte concentration de cette coalition.
Un citoyen ayant requis l’anonymat raison de sécurité, indique qu’un salongo forcé est organisé chaque jour par la rébellion pour assainir la cité, en même temps que les habitants sont contraints de construire des forteresses.
«Nous avons fait plusieurs jours en train de construire et de préparer le bureau du nouveau chef de cité qui a été installé par les rebelles. Ils nous forcent à créer des trous de fusiliers et à transporter des armes de la cité vers leurs positions dans les collines. Beaucoup de jeunes ont été recrutés et ils sont en pleine formation, mais nous ne savons pas où exactement, car certains avaient juste alerté leurs proches sur leur recrutement forcé», raconte un membre de la société civile locale.
Plusieurs habitants qui se sont réfugiés à la base de la Monusco de Kitshanga, ont décidé de regagner la cité estimant être piégés comme dans d’autres villages alentour. «Nous avons fait plusieurs jours à la base de la Monusco. Certains ont été blessés par des balles perdues lors des affrontements entre les FARDC et la coalition RDF-M23; nous avons connu une vie pénible dans cette base avant de voir arriver des militaires burundais de l’EAC. Mais, ils n’ont fait que quelques minutes dans la cité de Kitshanga et sont partis vers Mweso. Nous avons pensé qu’ils étaient venus nous libérer, hélas…», déplore un sexagénaire très agacé par l’inertie de la force regionale.
Plus au Nord, une source militaire a signalé, à la fin de la semaine dernière, le retrait des rebelles d’autres localités telles que Kibirizi et Kirima. Ces mouvements sont interprétés très prudemment par les habitants, échaudés par de précédentes annonces de retraits non suivis d’effets dans le territoire voisin de Rutshuru, sous la supervision des soldats kényans de la force Est-africaine.
Le président de la société civile de Rutshuru, Jean-Claude Bambaze a, pour sa part, alerté sur un faux retrait de rebelles RDF-M23 dans la zone. Il affirme que la rébellion pro-rwandaise organise la relève de certains de ses hommes, «fatigués», par de nouvelles recrues, tandis que «le gros de ses troupes» se prépare à de nouvelles attaques.
Les combattants du M23, censés amorcer le processus de retrait le 28 février 2023, selon le nouveau calendrier adopté par toutes les parties, poursuivent plutôt les attaques contre les positions de l’armée congolaise.
Ils se sont emparés dimanche 26 février de villages supplémentaires dans l’Est du pays. Samedi 18 mars 2023, ils ont récidivé comme pour narguer la communauté internationale qui croit encore à leur mascarade.
MAGZOTE