Les derniers développements de l’agression de la RDC par le régime rwandais de Paul Kagame marqués notamment depuis la semaine dernière par la boucherie de Kishishe (massacre par la coalition RDF-M23 de plus de 272 morts) et le soutien de 20 millions d’Euros de l’Union européenne aux RDF ont remis en cause la morale droit-de-l’hommiste des occidentaux bien que quelques-uns d’entre eux ont dénoncé l’hypocrisie de leur système face à la détérioration de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC.
Nicolas Boileau rappelait à bon escient la nécessité du juste emploi des mots pour définir une situation. C’est ce qu’ont fait tour à tour depuis la semaine dernière les eurodéputés Maria Arena et Marc Botenga, l’ancien speaker de la chambre fédérale belge André Flahaut ainsi que le secrétaire d’État américain Antony Blinken au sujet de ce qu’ils appellent euphémiquement comme le soutien aux terroristes du M23 de l’armée rwandaise bénéficiaire du soutien financier européen. L’opinion congolaise a apprécié la position de la socialiste belge Maria Arena pour qui « débloquer 20 millions d’Euros en soutien à l’armée rwandaise sans lui demander un engagement préalable et un retrait de son soutien au M23, responsable de graves violations des droits humains, de massacres de masse et de recrutement forcé d’enfants est inacceptable et n’est pas justifiable. Nous n’acceptons pas que l’UE soit indirectement responsable de l’instabilité en RDC. Les financements devraient soutenir la poursuite des responsables des violations dans le cadre de la justice nationale et internationale».
Le 23 novembre à Strasbourg, son collègue Marc Botenga du PTB s’est insurgé contre les déplacements forcés des personnes suite à l’escalade du conflit dans l’Est de la RDC en confirmant que le Rwanda soutenait les rebelles du M23 qui sèment la terreur et la mort dans ce pays où ce conflit a déjà causé des millions de morts. « Nous savons donc toute la responsabilité du gouvernement rwandais. Que fait l’Union européenne et les pays européens ? On s’attendrait à des sanctions. C’est la réponse habituelle de l’Union européenne face ce genre d’actions d’un pays contre un autre », a-t-il expliqué en déplorant que les gouvernements européens ont au contraire décidé de renforcer leur coopération militaire avec le Rwanda. « La France notamment annonce l’accroissement de sa coopération militaire; l’Union européenne va donner 20 millions USD au Rwanda pour sa participation à une mission onusienne au Mozambique et les États-Unis sont des partenaires très important du Rwanda. Aujourd’hui, alors que la RDC doit acheter les armes pour se défendre, elle doit notifier les Nations-Unies , une procédure qui ralentit voire empêche la livraison des armes à ce pays si souvent agressé. On dit verbalement que nous respectons la souveraineté congolaise mais en réalité notre politique l’entrave et la sape, c’est inacceptable, il faut que cela cesse ! Les congolais ont besoin de paix aujourd’hui», a-t-il martelé.
Ces États qui interviennent ainsi directement ou indirectement en recourant à des proxy forces contre d’autres ne peuvent être qualifiés autrement que de néocoloniaux ou impérialistes. Ils ont pour chef de file les États-Unis. La Grande Bretagne, la France, la Belgique et Allemagne constitue le premier cercle des vassaux tandis que d’autres nations vassales parmi lesquelles le Rwanda leur servent de relais stipendiés en Afrique.
Pour la première fois, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé, lundi 5 décembre, le président rwandais Paul Kagame à cesser toute assistance au M23. Il a exprimé son ferme soutien à la médiation et au dialogue au niveau régional sous la médiation de l’Angola et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
Quant au ministre d’État et ancien président du parlement fédéral belge André Flahaut, il a écrit le 6 décembre via son compte Twitter que « les 20 millions € attribués par l’Union européenne à l’armée rwandaise interrogent sur les bonnes intentions de la communauté internationale à l’égard de la RDC. La politique de deux poids, deux mesures est inacceptable. Elle ne peut soutenir une paix juste et durable ».
Ces pressions croisées sur le Rwanda, l’obligeant à cesser son soutien militaire et logistique au M23 ainsi que les dénonciations de l’hypocrisie de communauté internationale face à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire en RDC font suite à un lobbying robuste et une campagne diplomatique du président de la République, Félix Tshisekedi. On s’attend désormais à plus d’actions que de déclarations de la part d’acteurs majeurs de la communauté internationale pour contrer le Rwanda à lâcher prise.
A.M