Mardi 29 novembre 2022, le président de l’Ecidé et candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2018, Martin Fayulu Madidi, a délivré un message à la Nation, plutôt mitigé, selon les observateurs. Connu au pays pour sa propension à s’approprier des initiatives politiques collectives, cet acteur politique Congolais, porté à bout des bras par quelques prélats catholiques pendant la présidentielle de 2018 qui l’avait opposé à l’actuel président de la République (entre autres), se glisse entre les fentes de la manifestation gigantesque prévue dimanche 4 décembre sur toute l’étendue de la République. Pour sa gloriole. «Je demande à toutes et à tous de répondre massivement à l’appel de l’Eglise catholique de marcher, dans tous les diocèses de la République ce dimanche 4 décembre 2022 contre la balkanisation de notre pays. Quelques soient vos convictions religieuses, soyez nombreux à cette marche pour montrer à l’ennemi que nous sommes unis et que le Congo restera un et indivisible», déclare un Martin Fayulu qui n’ignore sûrement pas que la CENCO n’a nullement besoin de ses exhortations pour mobiliser des foules. En RDC, cette congrégation est en effet créditée de quelque 60 % de croyants et se classe devant toutes les autres confessions religieuses.
Torpiller les efforts en cours
La quintessence du message de l’inconsolable candidat malheureux à la dernière présidentielle, qui justifie sa sortie médiatique le 29 novembre 2022, réside, selon plusieurs observateurs, dans le dessein de torpiller les efforts entrepris par son adversaire d’hier à la présidentielle, Félix Tshisekedi qui marque des points dans la lutte contre l’insécurité qui étouffe l’Est de la RDC depuis trois décennies.
En effet, en violation des décisions du mini-sommet de Luanda sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC, tenu dans la capitale angolaise le 23 novembre 2022, appelant une cessation des hostilités sous 48 heures (à dater du 23 novembre) et à la fin de tout soutien aux rebelles du M23, suivi du retrait 2 jours plus tard du groupe rebelle des zones conquises pour regagner ses positions initiales en même temps que la force de l’EAC poursuivra son déploiement pour le désarmement des terroristes, Martin Fayulu propose un scénario plus chaotique que salutaire, en réalité.
Scénario du chaos
Le communiqué de Luanda et les propos du président burundais Évariste Ndayishimiye qui a assuré que la force de l’EAC garantira la sécurité en attendant que la RDC dispose d’une armée capable de le faire «constituent des preuves de la capitulation de la RDC», selon Fayulu. Ce patron d’un petit parti politique qui compte moins de 5 élus nationaux, appelle ses compatriotes à défendre l’intégrité du territoire national contre … les forces de l’EAC venues combattre les groupes armés étrangers et locaux qui déstabilisent l’Est du pays depuis trois décennies. «Aucun centimètre de notre territoire ne doit échapper à notre contrôle et notre sécurité ne peut être sous-traitée à quelques milliers de militaires kényans, burundais et ougandais en coopération avec les renseignements militaires rwandais», soutient-il notamment en occultant délibérément le fait qu’une partie du territoire national est sous contrôle étranger depuis des décennies et que c’est pour la récupérer que les troupes de l’EAC ont été appelées à la rescousse.
Aucune alternative crédible
«En l’état actuel des choses, chasser les troupes de l’EAC, c’est faire place nette à Kagame et ses phalanges», souligne un député national congolais membre de la commission défense et sécurité. C’est pourtant ce que Martin Fayulu réclame, révélant ainsi son soutien à l’agression. Et donc à Kagame que le déploiement de l’EAC gène aux encolures. «Nous allons perdre notre souveraineté sur l’ensemble du territoire de Rutshuru, sur une partie de Nyiragongo et sur une partie de Masisi. C’est inacceptable !», tonne Fayulu. Un mensonge éhonté: cette région du pays, sous occupation larvée depuis 1996, est effectivement contrôlée par des troupes terroristes soutenues par Kigali. Le problème à résoudre consiste donc à les en déloger une bonne fois pour toutes par des voies diplomatiques ou militaires, et non pas à neutraliser la solution trouvée pour y parvenir sans proposer une alternative crédible.
J.N. AVEC LE MAXIMUM