La conférence mondiale de l’ONU sur le climat s’est ouverte dimanche 6 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Egypte. Objectif de la rencontre planétaire : tenter de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement climatique et ses impacts, pour lesquels les pays du Sud réclament des dédommagements financiers. Dès l’ouverture de la conférence, l’Egypte, pays hôte, a indiqué par la bouche de son ministre des Affaires étrangères, Sameh Choukri que son pays «ne s’épargnera aucun effort». Alok Sharma, président sortant de la précédente COP à Glasgow a assuré pour sa part que «nous devons être clairs, aussi difficile que soit le moment actuel, l’inaction équivaut à de la myopie et ne peut que retarder la catastrophe climatique».
Cette 27ème conférence de l’ONU sur le climat (COP27), rassemble quelques 200 pays durant deux semaines, au chevet d’une planète frappée par les catastrophes: inondations historiques au Pakistan, canicules à répétition en Europe, ouragans, incendies, sécheresses…Ce qui fait dire au secrétaire général des Nations-Unies, Antonio Guterres, que le combat pour le climat est une «question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain». Mais aussi que la conférence «doit poser les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu».
Les émissions de gaz à effet de serre doivent en effet baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris.
Mais les engagements actuels des Etats signataires, s’ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10%, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d’ici la fin du siècle.
Sans Xi Jinping et Joe Biden
Loin de respecter l’objectif principal de l’accord de Paris de moins de 2°C par rapport à l’époque où les humains ont commencé à brûler à grande échelle les énergies fossiles (charbon, pétrole ou gaz) responsables du réchauffement.
Lundi 7 et mardi 8 novembre, plus de 120 chefs d’Etat et de gouvernement se sont montrés favorables à un sommet censé donner une impulsion à ces deux semaines de négociations.
Sans le président chinois Xi Jinping ni l’Américain Joe Biden, qui passera rapidement à la COP le 11 novembre. Alors que la coopération est cruciale entre les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre aux relations tendues, ils pourraient toutefois se rencontrer à Bali la semaine suivante en marge du G20.
Un G20 responsable de 80% des émissions mondiales mais dont les membres les plus riches sont accusés de ne pas assumer leurs responsabilités en matière d’ambition et d’aide aux pays en développement.
La promesse des pays du Nord de porter à 100 milliards USD par an à partir de 2020 leur aide aux pays du Sud pour réduire leurs émissions et se préparer aux impacts n’est toujours pas tenue. Et le Sud réclame désormais un financement supplémentaire dédié aux «pertes et dommages» déjà subis.
Félix Tshisekedi représenté par Sama Lukonde
Représentant le président Félix Tshisekedi retenu au pays en raison de la situation à l’Est du territoire national, le 1er ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a pris la parole du haut de la tribune de la 27ème conférence des parties sur le changement climatique (COP27), devant plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Charm El-Cheikh, cette station balnéaire en Egypte.
Dans son speech, il a souligné, dès l’entame, que la RDC et son président ont fait de la lutte contre le changement climatique une des priorités nationales. Et que le gouvernement qu’il dirige a pour mission de renforcer la participation de la RDC aux efforts globaux de lutte contre le changement climatique, en améliorant, le cas échéant, la gouvernance des immenses ressources forestières et hydriques.
Saluant l’initiative du Royaume-Uni en rapport avec le financement nécessaire en faveur des Pays non pollueurs qui contribuent à l’écosystème mondial, Sama Lukonde a réaffirmé la position de Pays solution qu’occupe la RDC dans cette bataille planétaire contre le dérèglement climatique, en mettant tout son potentiel en ressources naturelles face au gaz à effet de serre. La RDC apporte des solutions certes, mais elle a aussi besoin de répondre aux attentes de sa population, a-t-il insisté du haut de la tribune de la COP27.
«Aujourd’hui, pour toutes ces solutions que nous apportons, nous avons aussi besoin de donner des réponses à nos populations. Ces populations à qui justement nous demandons de préserver ces forêts, à qui nous demandons d’avoir un recul sur la déforestation et les espaces sur lesquels elles peuvent cultiver. D’où ce besoin d’adhérer à ce type d’initiative où tous les pays contributeurs à ces questions du climat peuvent se mettre ensemble, parler d’une seule voix, pour ces populations. C’est pour ça que nous réclamons ces moyens financiers, c’est ça notre rôle en tant que dirigeants pour apporter des solutions à ces populations. Nous la RDC, seront toujours près pour répondre à ces questions climatiques et prendrons nos responsabilités au vue de la contribution que nous apportons au Monde», a déclaré le chef du gouvernement congolais.
La RDC, pays solution
A noter que les forêts de la RDC représentent 62 pourcents des forêts du Bassin du Congo, soit plus de 155 millions d’hectares de forêts tropicales humides. Ces ressources forestières séquestrent chaque année plus de 265 millions de tonnes de Co2, représentant un stock de carbone sur pied de près de 37 gigatonnes. Ses tourbières, estimées actuellement à 30 gigatonnes de carbone, représentent l’équivalent d’environ 3 années d’émissions mondiales de Co2. En tant que pays solution, le rôle de la RDC demeure celui d’un gardien du climat.
En effet, les dirigeants congolais ont pris conscience des relations existantes entre les ressources naturelles et le changement climatique. Ainsi, le pays s’est lancé entre autres dans: 1) l’amélioration de sa gouvernance forestière, à travers une nouvelle politique forestière et un nouveau Code forestier, orientés vers la conservation de des forêts pour le besoin de séquestration des gaz à effet de serre, et de préservation de la biodiversité ; 2) la recherche des partenariats efficaces et effectifs qui permettent au pays d’accroître sa capacité d’action dans la protection de ses forêts et de sa biodiversité ; 3) le financement des activités alternatives aux populations locales.
Quelques 40.000 participants sont présents à cette conférence mondiale sur le climat qui se tient à Charm El-Cheikh, ville nichée entre le désert de la péninsule du Sinaï et la mer Rouge. La RDC a délégué environ 300 participants dont des officiels, des experts, des ONG, des opérateurs économiques, des journalistes.
Intenses activités
Poursuivant son séjour à Charm El-Cheikh, Jean-Michel Sama Lukonde a eu une série d’activités en marge de cette importante conférence qui réunit plusieurs chefs d’État et de gouvernement des différents pays membres de l’ONU.
Le chef du gouvernement congolais a eu des échanges avec Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI). La RDC a signé récemment un accord triennal avec cette institution de Bretton Woods. Début novembre à Kinshasa, la conseillère du département Afrique et cheffe de mission du Fonds Monétaire International pour la RDC, Mercedes Vera Martin, au terme de sa mission, avait salué de vive voix les réformes entreprises par le gouvernement congolais pour l’amélioration du climat des affaires et dans la gestion des finances publiques.
Le FMI ne cesse de féliciter le gouvernement congolais pour la résilience de son économie face à la crise internationale due notamment aux conflits russo-ukrainiens. Toujours en marge de la COP-27, le 1er ministre congolais a représenté le président Félix Tshisekedi à la réunion consultative de haut niveau des chefs d’Etat et de la Communauté de l’Afrique de l’Est sur la situation sécuritaire à l’Est de la RDC, réunion présidée par le président Kényan. Déjà, dans son discours, Sama Lukonde a dénoncé l’agression rwandaise sous couvert du M23 à l’Est de la RDC. Il a appelé la communauté internationale à apporter son soutien aux efforts de paix que ne cesse de fournir son pays. Avant de boucler cette journée, le Sama Lukonde a visité les différents stands africains implantés dans le cadre de la COP-27.
Il a en effet effectué le tour des stands des pays du bassin du Congo dont celui de la RDC, en présence des membres du gouvernement présents à Charm El-Cheikh.
Il a également reçu en audience le président de la République de Pologne, Andrzej Duda. Rien n’a filtré de cette audience. Cependant, l’on peut parier que les matières liées à la lutte contre le réchauffement climatique qui font l’objet des assises de la COP-27 ou encore les questions de coopération bilatérale entre la RDC et la Pologne étaient au centre de ces échanges.
LE MAXIMUM