Une capture d’écran d’une télévision britannique Sky News montre une réfugiée ougandaise Harriette en larmes protestant contre une décision de délocaliser les demandeurs d’asile du Royaume Uni au Rwanda.
La Grande-Bretagne avait promis mercredi de poursuivre sa politique controversée d’expulsion des demandeurs d’asile vers le Rwanda après l’annulation d’un premier vol à la suite d’une décision de justice, portant un coup embarrassant au gouvernement du 1er ministre Boris Johnson. Selon Harriette, les demandeurs d’asile qui vont être expulsés vers le Rwanda «sont envoyés à la mort, parce qu’on ne connaît vraiment pas leurs intentions. Sont-ils prêts à porter le sang de tous ceux qui iront demain dans ce pays ?». Si le Rwanda est un pays sûr, pourquoi aurais-je quitté l’Ouganda pour venir au Royaume-Uni? J’aurais tout simplement traversé au Rwanda. Mais comme je sentais que ce pays n’était pas sûr, je n’y suis pas allée. Je protestate contre cette décision».
Entretemps, le plan d’asile du Royaume- Uni au Rwanda fait face à un défi de dernière minute. Le président rwandais Paul Kagame a déclaré lors d’un séminaire virtuel organisé par l’Université Brown en avril que son pays essayait seulement d’aider et avait été approché en raison de son expérience passée dans la gestion des immigrants et With in Nigeria, une agence de presse en ligne, a dénoncé les allégations selon lesquelles l’accord parlait de commercer des êtres humains. «Nous avons été approchés à cause de cette histoire et à cause de ce que nous avons réussi avec le dossier libyen. Donc, ce serait une erreur de tirer des conclusions dans le sens, vous savez, le Rwanda a de l’argent», a déclaré Kagame pour qui ce n’est pas du commerce. «Ce n’est pas le cas. Nous aidons réellement», a-t-il insisté. Le premier vol expulsant des demandeurs d’asile du Royaume- Uni devait partir mercredi pour le Rwanda malgré de nombreuses protestations.
La direction de l’église d’Angleterre dirigée par l’archevêque Justin Welby et ses principaux collègues se sont unis pour condamner l’expulsion prévue et ont qualifié la politique d’immigration d'”immorale” alors même que le 1er ministre britannique Boris Johnson a accusé les avocats des demandeurs d’asile déboutés d’encourager les gangs criminels. Le chef du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, a également condamné la politique britannique comme “tout à fait erronée” et a accusé l’administration de Boris d’«exporter sa responsabilité vers un autre pays». Le Royaume-Uni s’engage tout de même à poursuivre sa politique d’asile après l’annulation du vol au Rwanda. Le nombre de personnes qui devaient être embarquées mardi était passé de 130 à 7 et finalement à aucune après une ordonnance de dernière minute de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, a déclaré qu’elle était déçue que «la contestation judiciaire et les réclamations de dernière minute aient empêché l’avion de décoller», mais a insisté sur le fait que le programme fortement critiqué se poursuivrait. «Nous ne nous laisserons pas décourager. Notre équipe juridique examine chaque décision prise sur ce vol et la préparation du prochain vol commence maintenant», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
L’échec fait suite à une décision de la CEDH selon laquelle au moins un des demandeurs d’asile devrait rester en Grande-Bretagne car il n’y avait aucune garantie pour son avenir légal au Rwanda, un pays d’Afrique de l’Est à des milliers de kilomètres. Patel a qualifié l’intervention de la CEDH de «très surprenante» et a promis que «beaucoup de ceux qui ont été retirés de ce vol seront placés sur le suivant». Le Rwanda a également déclaré qu’il restait déterminé à accueillir les demandeurs d’asile dans le cadre de l’accord d’avril, qui a été critiqué par l’ONU, les groupes de défense des droits de l’homme et les dirigeants religieux.
RA