A l’instar de certains produits de première nécessité, le prix des boissons alcoolisées et non alcoolisées s’est aussi accru depuis quelques semaines dans la ville de Kinshasa. Il est remarqué par exemple qu’une bouteille de 30 CL de Coca cola est passée de 1.200 FC à 1.500 FC, celle de 50 CL de 1.500 FC à 2.000 FC. Il en est de même pour les autres boissons telles que Maltina et Heineken, des produits de la Bralima ou encore Nkoyi de la Bracongo.
A la base, c’est le prix du casier qui a été augmenté. Un casier de boisson sucrée (Coca et Fanta) qui se vendait à 22.000 FC coûte actuellement 24.000 FC. Pour Top Tropical, le casier est passé de 17.000 FC à 20.000 FC soit une hausse de 2000 FC. Pour Mutzig, le prix d’un casier passe de 34.000 FC à 35.000 FC. De 34.500 FC à 36.000 FC pour un casier de Castel. De 33.000 FC à 35.000 FC pour celui de Heineken ou encore de 24.000 FC à 26.000 FC pour un casier de Nkoyi.
Quelques agents des sociétés brassicoles, qui livrent les boissons dans des bars, discothèques ou encore dans des dépôts, ont tenté d’expliquer les causes de cette hausse. Selon eux, il y a notamment carence, ces dernières semaines, de grain de malt, qui intervient dans la fabrication de la bière et aussi de certaines autres boissons non alcoolisées. L’autre raison, évoquent-ils, ce sont les taxes payées à l’Etat congolais, qui ne seraient pas du tout favorables aux sociétés brassicoles. «La flambée se justifie par le paiement de plusieurs taxes de l’Etat. Des produits chimiques que nous utilisons pour fabriquernotammentleMalt sont tous importés. Même les bouteilles proviennent de l’extérieur du pays. Et vu qu’il y a crise dans des pays importateurs, c’est ainsi que nous, nous avons augmentélesprix. ÀKinshasa, nous fabriquons juste les étiquettes et bouchons. L’Etat congolais nous fait payer beaucoup de taxes y compris tous les ministères que ça soit celui de l’Environnement, Hydrocarbures, Economie, Commerce extérieur, Culture et art à travers l’argent payé pour les panneaux publicitaires, la DGI, etc.», a explliqué un agent d’une société brassicole.
Pour un autre, «la cause est tout simplement l’absence de «Malt». Tous ces produits proviennent des Pays-Bas, de la Slovaquie, de Russie ou encore de l’Ukraine. Mais la grande ressource c’est la Russie. Vu la crise russo-ukrainienne, le gouvernement russe oblige les importateurs à utiliser le rouble pour se procurer ses produits et non le dollar. Ce qui fait le double de la somme initiale. En quelque mot, voilà ce qui justifie cette hausse des prix».
Les détaillants, à leur tour, confirment cette hausse mais soulignent aussi le fait qu’ils n’ont pas été bien éclairés sur cette augmentation. Ils disent être dans l’obligation d’augmenter aussi le prix de la boisson pour éviter le manque à gagner.
Du côté des consommateurs, on désapprouve cette situation qui semble se généraliser. «Le pays va très mal. Les autorités interdisent aux jeunes de consommer de liqueur forte qu’on appelle Zododo, Aguenin et autres. Mais ce sont les mêmes autorités qui augmentent les prix de la boisson. Ces produits se vendent déjà à un prix abordable et quand vous majorez le prix de la bière, vous ne trouvez pas que vous nous foncez ? Parce que faute de moyen, ces jeunes voire les personnes âgées vont recourir à ces boissons locales qui, à la longue, les exposent à des conséquences néfastes mais aussi augmentent le nombre de Kuluna pour nuire à la Population. Il faut que les autorités congolaises prennent la place de la population. On souffre déjà beaucoup», explique Dodo, mécanicien de son état.
Pour Joël Lamika, coordonnateur du Mouvement national des consommateurs lésés (MNCL), la situation de l’heure semble normale d’autant plus que l’économie de la RDC est essentiellement liée à l’importation. «Il y a augmentation des produits de première nécessité et malheureusement, c’est dans tous les secteurs. Les consommateurs sont vraiment en difficulté. Ils sentent le poids de cette économie qui est en train de bouger. Il y a plusieurs raisons pour expliquer cela. C’est d’abord du fait que notre économie dépend essentiellement de l’importation. Nous ne produisons rien en interne et lorsque l’économie mondiale est touchée, cela nous affecte directement. Et pourquoi nous ne produisons rien ? Parce que l’Etat congolais, non seulement lui-même ne produit rien, il n’a pas de vision non plus. Le peu d’entrepreneurs qui existent sont bombardées par des taxes. Elles ont une difficulté à quitter d’une production artisanale vers une production industrielle parce qu’elles ne sont pas subventionnées par l’Etat congolais», a-t-il déclaré.
Pour lui, il est nécessaire d’identifier les produits les plus consommés par la population afin que le pays soit lui-même capable de les produire localement.
«Il est plus que temps que l’Etat congolais protège notre économie qui, à la base aujourd’hui, n’existe pas. Il faut créer un autre système économique qui va être axé d’abord sur une production interne. Nous devons devenir un pays producteur et un pays consommateur. Nous devons identifier ce que les Congolais consomment le plus et devenir producteur de ces produits de première nécessité».
AVEC AGENCES