La xénophobie est de plus en plus partagée dans le premier cercle du leader du parti politique Ensemble pour la République et revendiquée par le noyau dur de la constellation katumbiste.
Les plus irréductibles irrédentistes au sein de ce parti, l’un des plus en vue dans le pays, ne font plus mystère de leur volonté d’appliquer in fine un vieux projet séparatiste que l’on croyait enterré avec la sécession katangaise de triste mémoire du début des années 60.
Même si certains dirigeants au plus haut niveau de la RDC font mine de l’ignorer, Moïse Katumbi a toujours été un fédéraliste séparatiste dans l’âme. N’avait-il pas, à ciel ouvert, dépossédé Mwamba Kabasele, l’inventeur congolais du ‘’pousse-café’’ d’une juteuse zone d’exploitation artisanale (ZEA) de cuivre au Katanga en 2003, au simple motif qu’il était d’origine kasaïenne, et donc assimilé à des étrangers en terre congolaise ?
De mauvaises langues au Katanga disent que cette spoliation fut le principal point de départ de la fortune dont se prévaut actuellement l’ancien gouverneur de cette province et qui lui permet de caporaliser des pans entiers d’intellectuels congolais pour servir sa fixation sur la fonction présidentielle.
Mme Munongo, fille de son père
Si la députée nationale Dominique Munongo, princessebayeke, s’autorise des sorties racistes en culpabilisant d’avoir des us et coutumes «incompatibles avec ceux des katangais» (sic !), sans encourir la moindre réprimande de la hiérarchie de son parti politique, c’est bel et bien parce qu’elle dit tout haut ce que manifestement Katumbi pense tout bas.
Revendiquant fièrement sa filiation idéologique avec son géniteur biologique, le leader sécessionniste Godefroid Munongo, ministre de l’intérieurd’unautreMoïse (Tshombe), l’homme qui avoua avant de mourrir devant les 2.850 délégués à la conférence nationale souveraine (CNS) avoir supervisé personnellement l’odieux assassinat du père de l’indépendance congolaise Patrice-Emery Lumumba et de ses compangnons d’infortune, le ministre Maurice Mpolo, et le 1er vice-président du Sénat Joseph Okito dans la nuit du 17 janvier 1961, Dominique Munongo affiche toujours son mépris envers les kasaïens qui envahiraient à son avis «son» Katanga, fuyant la misère chez eux. C’est son oraison funèbre pour les dizaines de victimes du dernier déraillement d’un train de la SNCC en provenance de Mwene-Ditu (Kasaï) dans sa circonscription de Lubudi (Lualaba, Katanga) dans la nuit de jeudi à vendredi 11 mars 2022.
Nul signe de compassion chez cette élue à l’endroit de ces malheureux passagers congolais qui sont ainsi passés de vie à trépas. «Ce sont des kasaïens quidéménageaient vers le Katanga », a-t-elle bûcheronné devant notre consoeur Paulette Kimuntu. Avant d’enchaîner, non sans condescendance : « il faut faire attention lorsqu’on vient envahir la province des gens qui n’ont pas forcément les mêmes us et coutumes. Chez nous on ne mange pas du chien… Alors être obligés de vivre avec des gens qui tuent des chiens et des chats c’est quelque chose d’insupportable», a martelé cette proche de Moïse Katumbi avec une totale désinvolture.
Propos outrageants
Il est affligeant de voir une élue, dont le mandat est réputé national, se laisser ainsi aller à des propos aussi offensants envers des compatriotes décédésaccidentellement.
Nombre d’observateurs estiment qu’il n’y a là rien d’étonnant pour cette dame qui a fourbi ses armes dans un parti dépositaire des atavismes sécessionnistes katangais, en l’occurrence Ensemble pour la République. «J’ai toujours plaint les cadres non-katangais d’Ensemble comme Francis Kalombo, Mike Mukebayi, Jacquie Ndala ou encore les journalistes tels que Pero Luwara et autres Éric Wemba qui ont adhéré à cette formation politique de Moïse Katumbi. J’ai l’impression qu’ils ne comprennent pas qu’ils ne servent que de faire-valoir permettant à Katumbi et à son noyau dur de dissimuler leur aversion congénitale envers les kasaïens », s’insurge un historien spécialiste des migrations et du peuplement de l’ancienne province du Katanga. D’après lui, Katumbi doit l’essor de sa carrière politique au Katanga à ceux qui avaient participé à la purge des populations kasaïennes en 1992. «Vous remarquerez que Moïse Katumbi a pris ses distances d’avec feu le patriarche Kyungu wa Kumwanza dès l’instant où ce dernier a décidé de se repentir et de collaborer sincèrementavecleprésident de la République Félix Tshisekedi qui est un kasaïen, dans un effort d’effacer ses égarements des années 1992-1993», conclut-il.
Chassez le naturel
En effet, plusieurs analystes ont toujours alerté sur le fait que le jour où Moïse Katumbi se verra fermer la porte qui mène au sommet de l’Etat congolais, soit du fait de la loi, soit de la volonté du souverain primaire, il reviendra à ses anciennes amours en portant sans aucun complexe sa tunique de sécessionniste, lui qui s’est toujours rêvé en digne successeur de Moïse Tshombe dont il aime actuellement à se pavaner dans la dernière limousine de ‘‘président de l’Etat du Katanga’’.
Faut-il rappeler que c’est sous son impulsion en tant que gouverneur du grand Katanga que le maire de Lubumbashi envisagea la délivrance de visas de séjour pour tout Congolais non originaire du Katanga souhaitant s’établir dans la capitale du cuivre avant qu’il ne se fasse remonter les bretelles par un autre katangais plus nationaliste, Joseph Kabila alors président de la République? Les habitudes ont décidément la peau dure chez les séparatistes du parti Ensemble. Parce qu’on parle de la misère, le Katanga minier n’est certes pas mieux loti que d’autres provinces environnantes, sauf pour quelques apparatchiks qui ont créé un système de prédation en bradant la plupart des actifs miniers de la Gécamines. Il va bien falloir que Moïse Katumbi explique un jour à la nation comment il est la seule personne à être devenue milliardaire au Katanga pendant son règne de 9 ans en tant que gouverneur.
En 2015, lorsqu’il quittait ce poste juteux pour aller à l’assaut du top job, Katumbi avait laissé les katangais dans la misère. Il doit normalement se gêner de la manière dont ses successeurs à la tête du Haut-Katanga et du Lualaba notamment sont en train de redonner sourire et espoir à la population grâce à la même redevance minière qui lui avait manifestement servi à bâtir son propre empire financier.
TSHIKEZ KABWIT
CORRESPONDANCE PARTICULIÈRE