Dans l’affaire François Beya Kasonga, conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’Etat, interpellé par l’Agence nationale des renseignements (ANR) depuis le 5 février 2022, les commentaires en sens divers risquent de noyer le poisson.
Depuis la mise en oeuvre des devoirs d’usage par les fins limiers des renseignements généraux rd congolais, plusieurs Ong de défense des droits de l’homme, acteurs politiques et autres groupes de pression se jettent dans la bataille, pour le moins hasardeuse, des conjectures. D’aucuns voudraient convertir ce dossier ultrasensible relevant de la sûreté de l’Etat en un banal procès de droit commun. Comme s’il ne s’agissait pas d’un des plus grands agents secrets de la République, chargé d’éclairer la lanterne du chef de l’Etat dans sa mission d’assurer la survie du pays.
Sûreté de l’Etat
Mardi 8 février sur les antennes de la de la télévision nationale, la présidence de la République dont relève le sécurocrate en chef, avait pourtant levé un pan du voile en révélant que «des indices attestant d’agissements contre la sécurité nationale» existaient bel et bien. Mais aussi que «les enquêtes se poursuivent et les investigations s’effectuent à différents niveaux». Au-delà du patron du Conseil national de sécurité (CNS), il s’agit donc de mettre à jour une éventuelle toile d’araignée qui pourrait étendre ses tentacules sur cette contreé tant convoitée qu’est la RDC.
Il est clair qu’en l’espèce, on a soit trop dit, soit pas assez. C’est donc à bon droit que les ramifications et extensions de la désormais célèbre affaire François Beya soient attendues avec impatience par l’opinion nationale.
Beaucoup paraissent effrayés, ainsi qu’on a pu en juger par leurs saillies médiatiques à l’idée d’être impliqué dans ce dossier sécuritaire. Durée légale de détention de prévenu, transparence du dossier, instruction à huis clos relativement longue … tout a été dit pour mettre la pression sur les enquêteurs. Et éventuellement «amputer les recherches sur de compromettantes ramifications à différents niveaux de responsabilité», selon une source proche du dossier. Qui assure qui assure que les présomptions d’actes attentatoires à la sécurité nationale ne font plus l’ombre d’un doute. Reste à établir les ramifications internes et externes desdites atteintes et leurs portées pour le présent et l’avenir du pays. Une tâche présentée comme «énorme, complexe et délicate».
Judiciaire et non judiciaire
On explique que c’est ainsi que cela se passe partout à travers le monde, s’agissant d’une affaire impliquant les services de sécurité. «Tous les faits relatifs à ce dossier doivent être cernés sans que cela implique forcément leur mise à la disposition de l’opinion publique, même par les défenseurs attitrés des personnalités citées», explique notre source, un membre de la communauté des renseignements blanchi sous le harnais pour qui l’objectif est de ne pas compromettre les Intérêts Nationaux de la République en révélant certaines informations estampillées ‘‘secret d’Etat’’.
Les suites judiciaires du dossier sont considérées, à tort ou à raison, par certains professionnels comme l’épiphénomène d’une trame dont les ramifications seront jalousement gardées hors de toute publicité pendant un certain temps. «C’est le b.a.ba de la classification/ déclassification de certains dossiers des services secrets dans la plupart des pays démocratiques», explique encore notre source.
Les enquêteurs se disent à cet égard fort embarrassés par les pressions qui leur sont faites sur ce dossier, lesquelles sont de nature à mettre à mal l’obligation de discrétion qui sied à leurs investigations, et qui sont tout à fait légales. «Les barbouzes ne peuvent pas se transformer en magistrats du jour au lendemain sans violer la loi et les règlements régissant leur métier».
La durée relativement longue prise par l’instruction du dossier François Beya n’est donc nullement attribuable à la recherche d’éléments de preuves relatives à l’atteinte à la sûreté de l’Etat. Elle s’explique plutôt par la nécessité de mettre à jour tous les éléments relatifs à des faits qui menacent la sécurité nationale.
Notre source indique que, quoiqu’il en soit, l’enquête est menée à charge et à décharge et que le bout du tunnel semble proche, ainsi que l’indiquent quelques interpellations dans les milieux de l’armée, révélée par des médias à Kinshasa.
- S.