La polémique née de la pression exercée par Denis Kadima, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sur le gouvernement pour obtenir le financement des opérations électorales s’estompe. Alors que le patron de la centrale électorale montait très haut les enchères, et déclarait «ne pas avoir une clarté sans équivoque quant aux mécanismes et timing de financement et en ce qui concerne le budget des opérations, la CENI n’a pas encore reçu un seul centime», rejetant de la sorte la responsabilité d’un éventuel retard du processus électoral sur le gouvernement, l’argentier national, Nicolas Kazadi, répliquait vertement au cours d’une émission sur Top Congo FM, lundi 14 février:«Nous sommes déjà à près de 37 millions de dollars dépensés (pour la CENI) contrairement à ce qui a été affirmé». Avant de préciser que «le 2 décembre, nous avons payé 2,9 millions USD à la CENI au titre de frais d’installation et de fonctionnement pour la nouvelle équipe qui venait d’être mise en place. Au même moment, nous avons payé plus de 21 milliards de FC, environ 10 millions USD pour apurer tous les salaires des employés de la CENI».
Le ministre des Finances, manifestement remonté, reprochait à la centrale électorale et à son président un chantage comme moyen d’amener le gouvernement à décaisser de l’argent public sans contrôle adéquat. «Cela porterait gravement atteinte à la qualité de nos dépenses. Je suis pour le contrôle de l’IGF, y compris à la CENI. Les 3 processus électoraux ont coûté extrêmement cher et il y a eu très peu de contrôle», avait-il martelé. Avant de révéler que «nous avons dans le pipe, une dépense d’environ 1,6 millions USD pour les véhicules de la nouvelle équipe du bureau. Cela devrait être payé au moment de la première dotation de fonctionnement. Nous nous sommes réservés de le faire parce que la CENI nous a envoyé des cotations de véhicules qui n’avaient rien à voir avec ce à quoi ils avaient droit de part leur ordre protocolaire et également les prix pratiques étaient de 30 à 40 % supérieurs aux prix les plus élevés qu’on pouvait rencontrer sur les marchés».
Accusations croisées
Les accusations, de surfacturation particulièrement, étaient graves et la CENI y a répliqué par la voix de son rapporteur-général, Patricia Nseya, qui a insisté sur l’autonomie de l’institution d’appui à la démocratie, consacrée par les textes légaux. Le budget de la CENI comprend les fonds de rémunération, de fonctionnement, d’investissement et des opérations. Pour organiser les élections, la CENI a besoin des fonds opérationnels, a-t-elle explicité un jour plus tard.
La polémique entre la centrale électorale et le gouvernement par le ministre des Finances interposé était partie pour s’aggraver avec l’annonce, le 15 février par l’IGF, d’une mission de contrôle des opérations financières de la CENI. Jules Alingete Key, inspecteur général des finances – chef de service indiquait que cette mission, un audit, serait à pied d’œuvre dans les 48 heures pour passer au peigne fin toutes les opérations financières de la CENI. «Il en sera ainsi tout au long du processus. Toutes les opérations financières devront être vérifiées pour la crédibilité. Il s’agira d’une mission permanente», a souligné Alingete.
Accompagnement
Mercredi 16 février s’est tenue une séance de travail entre le président de la CENI, Denis Kadima, et l’Inspecteur général des finances – chef de service, Jules Alingete autour de la bonne gouvernance des ressources financières de la centrale électorale congolaise. Les deux personnalités ont évoqué les modalités pratiques d’encadrement et d’accompagnement de la CENI par l’IGF, a-t-on appris.
Par la suite, douchant toute polémique sur le sujet, Jules Alingete a indiqué qu’«il y a trois mois, nous avons été saisis par le bureau de la CENI qui avait souhaité avoir un accompagnement de l’IGF. Mais à l’époque, compte tenu de tout ce que nous avons comme travail à faire, nous avons convenu de nous y atteler un peu plus tard. Au regard de l’actualité brûlante, le président Denis Kadima a réitéré rapidement sa demande pour que cet accompagnement se fasse maintenant afin de garantir la transparence de toutes les opérations financières que la CENI va devoir engager. Il y a eu une très bonne compréhension mutuelle sur le déroulement de cette mission de l’IGF».
La mission de l’IGF à la CENI n’aura donc rien d’une inquisition, «le bureau de la CENI a souhaité se faire régulièrement accompagner par l’IGF», a ponctué Jules Alingete Key, mettant ainsi fin à une polémique qui enflait entre les partisans de l’autonomie de la centrale électorale et ceux de la transparence financière même dans le chef des institutions autonomes dès lors que des fonds publics sont brassés par elles. Par le passé, rappelle un expert interrogé par Le Maximum, les finances de la centrale électorale étaient minutieusement contrôlées par le PNUD ou encore par le Programme d’Appui au processus électoral (PASEC), jusqu’au moment où le gouvernement décida de financer les élections sur fonds propres lors des scrutins de décembre 2018.
LE MAXIMUM