Le président a.i. de l’UDPS n’a plus pipé mot depuis le 14 janvier 2021, lorsqu’il annonçait sur un coup de tête sa démission du poste de 1er vice-président de l’Assemblée nationale, qu’il occupe pour le compte de l’UDPS. Mais la roue de sa déchéance semble tourner à une cadence vertigineuse, à en juger par la succession de désaveux, au sein de son parti.
Certes, son adjoint hiérarchique à l’UDPS, le secrétaire général Augustin Kabuya, brille lui aussi par un mutisme qui traduit aussi bien la délicatesse que la gravité de la situation. Au terme d’une réunion des plus hautes instances du parti présidentiel convoquée pour statuer sur le dossier Kabund, la semaine dernière, le secrétaire général avait déclaré aux médias et aux combattants agglutinés au siège du parti à Limete que la primeur des délibérations était réservée à la haute hiérarchie. Au président Tshisekedi donc.
Commission de discipline
Depuis lors, on sait qu’une invitation à se présenter devant le conseil de discipline a été adressée au président a.i., Jean-Marc Kabund. Il ne semblait pas que l’intéressé se soit exécuté jusqu’au moment où Le Maximum mettait sous presse.
La litanie de griefs retenus à sa charge en référence aux articles 65-66 des statuts, 64-68 du règlement intérieur du parti ; 22-28 du règlement de la CDP, et à l’article 30 du règlement de la CND ; n’augure pas de lendemains enchanteurs pour lui.
Il croule littéralement sous 5 solides motifs qui vont de sa responsabilité dans la crise institutionnelle dénoncée par le président de la République en octobre 2020 à la gestion calamiteuse du parti «dont la Commission nationale de l’audit aura large mission», menace cette convocation signée par Dieudonné Enyelinga (vice-président) et Emmanuel Mulumba Kalonji (secrétaire rapporteur). Il est notamment reproché à Jean-Marc Kabund d’avoir «malicieusement réquisitionné des forces de l’ordre qui s’attaquèrent aux membres du directoire ainsi qu’à tous les membres parti qui les accompagnaient le 8 mai 2019, à l’occasion d’une importante séance de travail; d’avoir pris des décisions anti-statutaires, illégales et anarchiques en se fondant sur le ’’mandat spécial … extorqué au chef du parti’’ en violation des articles 25 et 26 al. 10 (abus et usurpation de pouvoirs) et al. 11 (Violation des statuts et règlement intérieur); en date du 12 janvier 2022 sur l’avenue des Poids Lourds à Kinshasa, d’avoir donné l’ordre à sa garde rapprochée de se saisir d’un élément de la GR, lequel a été désarmé et publiquement humilié…».
5 griefs graves
Le commentaire assorti à ce grief parait particulièrement peu enclin à la clémence : «Dans le chef de monsieur Jean-Marc Kabund, l’on peut se demander s’il a conscience de la dignité de ses hautes fonctions tant à l’assemblée nationale qu’au sein du parti ; s’il sait qu’attenter à la personne de la Garde Républicaine c’est attenter à la personne du Président de la République. Il n’en était pas à son premier acte d’agression contre la même Garde Républicaine, si l’on s’en réfère à la vidéo qui retraçait la séquence de son agression commise au portail de la résidence du chef de l’Etat à la cité de l’Union Africaine. Ses actes malveillants envers le chef de l’Etat sont certainement prémédités», y lit-on. La sentence devrait couler comme de source. Mais on n’en est pas encore là.
Désaveux
En attendant, il pleut des hallebardes sur le président a.i. de l’UDPS. A commencer par celles de son «ennemi intime», le député et professeur Paul Tshilumbu qui en a remis une couche le 25 janvier en sensibilisant la base sur le départ de JMK. «Ils ont tué notre parti. La page Jean-Marc Kabund est déjà tournée», a-t-il expliqué aux combattants.
Autres désaveux plus sérieux parce qu’émanant d’instances officielles du parti, rendu publique le 21 janvier : ceux des secrétaires nationaux de l’UDPS et des élus nationaux et provinciaux de ce parti à Kinshasa qui ont appelé les instances compétentes à en tirer toutes les conséquences. Mercredi 26 janvier, la commission permanente pour l’égalité entre Homme et Femme de l’UDPS s’est ajoutée sur la liste des organes qui ont condamné le président a.i. du parti, après que la commission électorale dirigée par l’avocat Jacquemin Shabani se fut prononcé dans le même sens un jour plus tôt.
A ce jour, seule la fédération du Haut Lomami, le collectif des parlementaires debout ainsi qu’une frange de la ligue des jeunes soutiennent à la fois le président a.i. de l’UDPS et Félix Tshisekedi.
Plus qu’un couteau à double tranchant qu’un avantage, l’infortuné président a.i. pouvant être accusé de favoriser la division au sein du parti.
LE MAXIMUM