L’Ong Médecins Sans Frontières (MSF), active en RDC depuis de longues années, a publié le 19 janvier 2022 une sorte de reportage assaisonné de témoignages sur la situation sécuritaire dans la province de l’Ituri sous état de siège et où les forces mutualisées ougando-congolaises sont en opérations de rétablissement de la paix. Témoins des souffrances des populations locales qu’elle assiste sans doute du mieux qu’elle peut, l’Ong internationale en sait sans doute long sur les péripéties de la guerre imposée à la RDC depuis plusieurs décennies. Et elle est plutôt bien placée pour en faire état. Même si l’orientation du narratif peut paraître plus ou moins intéressée, ainsi que l’indique le titre accolée au reportage susmentionné: «Malgré l’accalmie, un cycle de violence amené à se répéter dans la province de l’Ituri. On aurait pu trouver plus optimiste», commente un analyste de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC) à Kinshasa, qui a lu «le papier» dont le contenu occupe les colonnes de nombre d’agences de presse. Effet garanti donc.
Prédiction
«Les affrontements entre groupes armés ont conduit au déplacement massif de la population, y compris des agents de santé qui ne sont, dès lors, plus au chevet de leurs patients», énonce le reportage en guise d’introduction. Avant de décrire la situation désespérée dans le territoire de Djugu où 4 sites de déplacés (Tché, Drodro Paroisse, Luko et Ivo) ont subi quatre attaques successives des miliciens. Et le calvaire de déplacés contraint à l’errance de site en site, avec sa cohorte des maux : famine, malnutrition, maladies. «40.000 personnes ont été contraintes de se réfugier sur le site de Rhoe dans la zone de santé de Blukwa Etat, une zone difficile d’accès et où les acteurs humanitaires ont une présence réduite en raison de la récurrence des problèmes de sécurité», note MSF. «Au cours des dernières semaines de décembre 2021, les équipes médicales ont réalisé en moyenne hebdomadaire plus de 800 consultations, assisté 35 accouchements, et pris en charge plusieurs dizaines de patients nécessitant une assistance en santé mentale», ajoute l’Ong internationale. «Ceux qui restent à Rhoe n’ont nulle part où aller. Les communautés qui s’affrontent dans la région ont été délaissées depuis trop longtemps et nous ne réglerons par leurs différends avec des pansements et des médicaments. Il est nécessaire que l’Etat congolais et ses partenaires internationaux prennent leurs responsabilités pour inverser la dynamique de ce cercle vicieux qui conduit toujours à plus de morts, de blessés, et de déplacés», conclut MSF faisant parler un de ses intervenants sur le terrain.
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Seulement, MSF fait diffuser son message, de quasi-désespoir selon des analystes, par APO Group, une agence de publicité. A quels desseins? Car, l’Organisation de la Presse Africaine (African Press Organization) se présente comme une organisation internationale spécialisée dans la communication liée à l’Afrique (diffusion de communiqués de presse et relations presse). Les activités qu’elle propose sont strictement marchandes, étant donné cette Ong de l’information basée à Dakar avec des bureaux de représentation en Suisse, en Inde et aux Seychelles, revendique un fichier de presse de plus de 25.000 contacts ainsi qu’une gamme complète de service de relations presse, dont la médiatisation d’événements internationaux, la veille média internationale, le conseil stratégique, la diplomatie publique et les relations avec les gouvernements. Les choix médiatiques de MSF posent donc questions.
LE MAXIMUM