Trois semaines après un raid RDF sur le territoire de la RDC, à Buhumba en banlieue de Goma, Chanzu et Runyonyi dans le groupement de Jomba ont été attaqués et occupés par ceux qu’on désigne généralement comme des «forces négatives». Les faits, qui se sont déroulés dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 novembre 2021, ont été précédés de rumeurs d’attaque imminente contre le chef-lieu de la province du Nord-Kivu sous état de siège depuis mai dernier. L’alerte fut suffisamment crédible, puisque l’ambassade américaine à Kinshasa a appelé ses ressortissants dans la région à la plus grande prudence. A Chanzu et Runyonyi, des collines verdoyantes surplombant la ville frontalière de Bunagana, les d’affrontements à l’arme lourde qui se sont poursuivis jusque lundi 8 dans la journée ont provoqué d’importants mouvements de populations. Près de 11.000 Congolais ont, selon la Croix-Rouge, traversé la frontière ougandaise. Les éléments FARDC délogés de ces collines où elles avaient naguère vaincu les colonnes rebelles du M23, ont récupéré leurs positions peu après, après avoir reçu des renforts et ATTAQUES ARMEES SUR CHANZU ET RUNYONYI Kigali largue une variante du M23 formellement identifiés les assaillants. Runiga ou Makenga Selon un communiqué du général Sylvain Ekenge, porte-parole FARDC dans la région, «c’est le mouvement insurrectionnel du M23 (qui) a attaqué les positions de Chanzu et de Runyonyi avec l’intention de mener des actions de déstabilisation …». Des sources indépendantes ont donné Sultani Makenga, comme le commandant de la nouvelle offensive contre les positions FARDC dans la région. Même si le M23 s’est fendu d’un communiqué reconnaissant la présence de ses troupes dans la région depuis 2017, en attendant les résultats de négociations avec Kinshasa, tout en niant formellement une quelconque confrontation avec les troupes loyalistes et en dénonçant des provocations dans un passé récent. D’autres sources assurent que Chanzu et Runyonyi ont été attaqués par une aile du M23 commandée par Jean-Marie Runiga et Bau[1]douin Ngaruye, tous deux exilés au Rwanda, dans le but de tester la combativité de leurs recrues. Quoiqu’il en soit de ces conjectures, l’origine de l’attaque de la nuit du dimanche à lundi dernier ne fait l’ombre d’aucun doute. Interrogé sur le sujet, Jackson Achuki, chef du groupement de Jomba, a clairement indiqué que les combattants défaits par les FARDC avaient traversé du Rwanda, d’où ils étaient venus. «Ce sont des gens qui viennent du Rwanda. Nous l’avons signalé depuis longtemps aux autorités», a-t-il déclaré en substance aux médias. Ce qu’un communiqué officiel rwandais dément: «l’ex-groupe M23 en question n’a pas cherché refuge au Rwanda lors de son retrait de la RDC en 2013, mais a été basé en Ouganda, d’où cette attaque est originaire, et où le groupe armé s’est replié (…). Toute information, dans les médias ou par des responsables de la région, selon laquelle l’ex[1]groupe armé M23 serait originaire du Rwanda ou s’est retiré au Rwanda, est une propagande visant à saper les bonnes relations entre Rwanda et RDC», y lit-on. Mais ça, peu de monde y croit, surtout en RDC. Assaillants venus du Rwanda Mercredi 10 novembre, le général d’armée Célestin Mbala Munsense, chef EMG FARDC s’est rendu non pas en Ouganda mais au Rwanda, à Kimihurura, où il a rencontré son homo[1]logue rwandais, Jean-Bosco Kazura. Aux médias, le n° 1 des FARDC a expliqué que «notre délégation est ici pour discuter dans le cadre des plans établis entre nos pays pour faire face aux groupes terroristes et autres menaces transnationales. Cela est conforme aux recommandations de l’Union Africaine de conjuguer nos efforts pour lutter contre les menaces qui entravent notre développement collectif». Des sources crédibles indiquent que l’officier général congolais et sa délégation se sont rendus chez le voisin rwandais pour exprimer l’indignation du président Félix Tshisekedi à la suite de la répétition des incidents armés en RDC attribués au Rwanda. Selon des sources citées par la presse, ce sont bien les troupes rwandaises positionnées sur l’axe Cyanika qui ont attaqué des villages de Jomba dans la nuit du 7 au 8 novembre. Le M23 n’a fait qu’endosser la responsabilité de cette énième agression dont il n’aurait même pas été mis au courant. Le groupe rebelle, qui compterait des collaborateurs dans l’entourage du président de la République, est en négociations formelles avec le pouvoir en place à Kinshasa depuis plusieurs mois. Interdiction d’exportation de minerais bruts Selon certains observateurs, c’est à l’instigation des occidentaux, notamment des américains, que Kigali active de nouveau les leviers de la déstabilisation de la RDC. Les attaques de Chanzu et Runyonyi, ainsi que celles de Buhumba quelque semaines plus tôt, ou plus récemment celle de Bukavu, auxquelles il faut sans doute ajouter les menaces insurrectionnelles sur Kinshasa et la situation sécuritaire au Nord-Kivu et en Ituri sous état de siège, surviennent à un moment crucial de la mise en œuvre du nouveau Code minier : l’interdiction d’exportation de cobalt, notamment, à l’état brut. Kinshasa l’aurait fermement signifié à Glencore, le puissant groupe minier qui a son siège en Suisse, selon la presse helvétique. Mais il est également noté que les perspectives d’embrasement généralisé de la RDC refont surface à chaque approche de la fin du mandat des forces onusiennes présentes depuis des années. L’objectif poursuivi serait d’obstruer par tous les moyens l’émergence d’un pouvoir d’Etat fort et responsable à Kinshasa.
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