Le président de la RDC Félix-Antoine Tshisekedi a réagi aux propos jugés négationnistes de son homologue rwandais sur les crimes répertoriés à l’Est par le rapport mapping des Nations Unies.
Beaucoup de Congolais irrités par les propos du président rwandais, attendaient une réplique cinglante de la part du président Félix-Antoine Tshisekedi estimant que lesdits propos ainsi que les invectives à l’encontre du prix Nobel de la paix Denis Mukwege ne devaient pas rester sans écho au niveau institutionnel le plus élevé.
Dans son manteau de président en exercice de l’Union africaine, le président Félix-Antoine Tshisekedi semble avoir choisi plutôt de botter en touche. «Je ne suis pas là pour réagir aux propos du Président Kagame. C’est quelqu’un avec qui j’ai de bonnes relations. Je saurai comment passer le message», a-t-il confié à Christian Lusakweno, le patron de Top Congo FM. «Le rapport mapping a été élaboré par des experts des Nations Unies. La RDC rendra justice un jour à toutes les victimes de ces violences à l’Est de mon pays. C’est l’essentiel», a déclaré le chef de l’Etat qui a dit ne pas vouloir s’engager dans une polémique, ce qui ne l’a pas empêché de préciser : «je tiens à ce que la paix et la sécurité règnent à l’Est de la République démocratique du Congo, il appartiendra à la justice de designer les coupables».
A la question de savoir pourquoi l’état de siège n’avait pas été instauré dans la province du Sud-Kivu comme cela a été le cas au Nord-Kivu et en Ituri, Félix Tshisekedi a estimé qu’il s’agissait de deux conflits de nature différente. «Au Nord-Kivu comme en Ituri, les groupes armés s’attaquent aux populations. Il y a même des groupes armés étrangers. Alors qu’au Sud-Kivu il s’agit plutôt des conflits communautaires. La réponse doit être différente. Pour le Sud-Kivu il faut plutôt une approche conciliante et non tirer sur tout ce qui bouge. Il faut apporter des réponses au manque criant d’infrastructures, de la pauvreté et des soins de santé. En Ituri et au Nord-Kivu,il faut une riposte militaire et de grande envergure», a-t-il expliqué en substance.
Sur les accusations portées contre le Dr Denis Mukwege par le président Kagame d’être le relais des forces obscures, le président Tshisekedi a pris fait et cause pour le Prix Nobel congolais de la paix qu’il a assuré de son affection et de son respect.
Questionné par son interlocuteur au sujet des chances de succès de l’Union sacrée de la nation, une structure à plusieurs têtes alors que la coalition FCC-CACH composée seulement des deux têtes n’a pas marché, le chef de l’Etat a fait savoir qu’il n’est nullement question de personnes pour réussir une coalition et que ce qui importe c’est la vision. «On coalise avec ceux qui regardent dans la même direction que soi. Maintenant nous avons des nouveaux alliés avec qui nous nous sommes mis d’accord pour regarder dans la même direction. Sauf que là, c’est moi qui ai indiqué la direction», a-t-il répondu.
A ce sujet, il a estimé que «les alliances sont utiles au pays car elles consolident la stabilité politique. L’Union sacrée qui est une alliance basée sur ma vision pour le moment fonctionne bien. Il n’y , pas de quoi se plaindre».
On rappelle au sujet des propos de Kagame que pour Francine Muyumba, la présidente de la commission des Relations extérieures du Sénat, le silence du gouvernement congolais est «une humiliation pour tout un Etat. Sommes nous toujours un État? Le gouvernement congolais est-il capable de défendre la Nation? Les Warriors sont-ils en train de devenir des cowards (lâches) envers la nation? Quelle est la position du gouvernement congolais?».
De son coté, Martin Fayulu, candidat malheureux à l’élection présidentielle de décembre 2018 et leader de l’opposition Lamuka a affirmé que «les Congolais se font narguer du fait de l’absence d’un leadership légitime, responsable, fort et de caractère à la tête du pays». Il a prévenu que le peuple congolais ne resterait pas aphone face à ces injures avant d’apporter son soutien à Denis Mukwege et au Rapport Mapping. «Nous n’accepterons pas les propos négationnistes de qui que ce soit sur les crimes commis en RDC. Soutien total à Denis Mukwege et au Rapport Mapping », a-t-il écrit sur son compte Twetter.
Les autorités rwandaises semblaient quant à elles avoir pris la mesure du malaise profond créé dans l’opinion congolaise par les propos du président Kagame. C’est ce qui a poussé Vincent Biruta, ministre des Affaires étrangères à essayer d’y mettre un semblant de bémol en déclarant qu’il y avait «confusion sur ce que le président Kagame a dit sur le rapport Mapping. La polémique autour de ces propos fait suite à une confusion. Le président Kagame a dit sur le rapport Mapping lorsqu’il a été interrompu par Alexandra Brangeon sur France24 que le rapport était utilisé pour accuser à tort certains individus ou pays afin de faire avancer la théorie du double génocide».
Le Maximum