Cela fait près de deux mois que la procureur générale près la cour d’appel du Sud-Kivu, Mme Ibalayam Marie Josée est absente de son cabinet de travail à Bukavu. Alors qu’on ignore toujours les raisons de son séjour prolongé à Kinshasa, certaines sources évoquent qu’elle serait soit en mission de service ou en congé. Malgré tout, son absence prolongée à Bukavu inquiète plus les organisations des femmes, premières bénéficiaires de ses prestations entant que première femme procureur général du Sud-Kivu et la seule sur les 26 provinces de la République. Depuis sa prise de fonctions à Bukavu en 2020, Mme Ibalayam n’a ménagé aucun effort pour accompagner les femmes victimes de viols et violences sexuelles et celles basées sur le genre dans le Sud-Kivu. Elle s’est ensuite impliquée dans la lutte contre l’impunité et l’instauration de l’État de droit au Sud-Kivu et contre une mafia organisée au sein de l’administration judiciaire de cette province et contre les multiples spoliations des maisons de l’État lesquelles certains magistrats auraient une main mise. Elle aurait même ouvert un dossier disciplinaire contre 3 magistrats dans une affaire qui a choqué certaines sensibilités au point d’alerter certaines autorités à Kinshasa. Tous les efforts entrepris pour entrer en contact avec la magistrate sont restés vains. Certaines langues ont affirmé qu’il n’existait pas d’accusée de réception d’une quelconque lettre portant sa suspension où sa révocation, un mois après un rappel montée par des officines qui bénéficient d’une mafia dont les sudkivutiens souffrent à Kinshasa. «Nous avons besoin que maman la PG rentre à Bukavu. Aujourd’hui, plusieurs dossiers judiciaires restent pendants et n’évoluent pas à cause de son absence», confie une habitante, Annie Nabintu, qui suit de près un dossier de sa fille victime de violences conjugales. Nabintu n’est pas la seule femme à réclamer le retour imminent de la PG à Bukavu. Plusieurs voix se sont levées la semaine dernière pour revendiquer les mêmes causes. Parmi elles, la Synergie des femmes épanouies (SYFE) qui préconise des actions pour faire entendre sa voix. «Elle nous manque, nous les femmes. Elle est très sensible aux dossiers qui touchent les violences sexuelles dont sont victimes les femmes. Que ça soit conjugale, sexuelle ou professionnelle», déclare la coordonnatrice de SYFE. Selon la société civile et les mouvements citoyens, la PG Ibalayam devrait de toute urgence reprendre son poste de travail à Bukavu. «Elle est dynamique, elle veut mettre l’État de droit en application et les nostalgiques essaient de mettre un mûr contre son travail. Nous demandons à la nouvelle ministre de la Justice de suivre de très près cette question, elle une femme combattante, elle connaît les problèmes des femmes en tant que femme ici de la magistrature. Mme la ministre doit diligenter une enquête pour mieux comprendre les raisons du blocage de la PG à Kinshasa pendant une période aussi sensible. Elle devait s’impliquer dans le dossier lié aux multiples spoliations des maisons de l’État au Sud-Kivu», a déclaré un activiste des droits de l’homme à Bukavu. Pour Remy Kasindi du Collectif Amka Congo, la PG n’est qu’une victime expiatoire de son savoir-faire. «Nous devons nous y impliquer pour qu’elle nous revienne à Bukavu et qu’elle nous aide à mettre enoeuvre l’État de droit et la vision du chef de l’État», a souligné ce militant du collectif qui dispose d’un dossier sur les spoliations des maisons à Bukavu après enquête. «Nous allons nous y mettre pour en savoir plus et dénoncer une maffia qui semble s’ériger en mode de vie au Sud-Kivu», a-t-il lâché avant de faire remarquer que les gens viennent pour ruiner la province et s’enrichir sur le dos de la population au Sud-Kivu en bloquant les bonnes volontés et en décourageant les meilleures initiatives au profit de leurs propres intérêts. «Elle est la seule femme qui défend valablement la cause de la femme au sein de la ceinture judiciaire au Sud Kivu», clame une militante du mouvement prodemocratie La Sentinelle RDCongo. Considérée comme la défenseuse des droits des femmes oubliées et des femmes opprimées, Ibalayam s’est vite démarquée par sa façon d’instruire les dossiers judiciaires particulièrement ceux qui touchent la vie des femmes au quotidien. Grace à ses qualités professionnelles, elle avait été primée récemment par l’ONG IRD-GL qui lui a décerné le prix d’Excellence en sa qualité de première femme PG à avoir occupé ce poste de responsabilité depuis l’avènement de la province du Sud-Kivu, issu du démembrement de l’ancien Kivu.
AB