Depuis des lustres, les Congolais s’étaient habitués à l’idée que les groupes armés qui continuent à écumer leurs provinces de l’ex-Kivu et de l’Ituri après la défaite du M23 étaient constitués de miliciens de l’Alliance Democratic Forces (ADF), une rébellion contre l’Etat ougandais associée à quelques comparses autochtones. L’ancien président Joseph Kabila et son gouvernement avaient beau alerter sur le caractère terroriste de cette bande, c’est cette défi nition partagée par la Monusco qui semblait s’imposer à tous. Jusqu’à ce que le gouvernement américain decrète que la partie orientale de la RDC était sous la coupe de Daech-RDC.
Cette position justifiait à maints égards la timidité de la solidarité internationale en faveur des FARDC qui, pour contrer ces égorgeurs, ne bénéficiaient que d’un appui que l’on peut considérer comme purement symbolique de la part des casques bleus onusiens exception faite de la période où la milice ‘‘ougandaise’’ s’en prit à des éléments onusiens de la brigade internationale présents au Nord-Kivu.
Même maintenant que la superpuissance américaine vient d’aligner les combattants de l’ADF sur la liste des organisations terroristes affiliées à Daech (Etat islamique), certains chroniqueurs continuent à entretenir le doute à ce sujet. «Ce n’est pas logique. Car cela ferait des ADF un mouvement sans objectif, sans but fixe. Même Daech ne peut collaborer avec des groupes armés sans objectif à attendre. La population du Nord-Kivu doit ouvrir les yeux car quelque chose de terrible est entrain d’être mise en place au Nord-Kivu pour accélérer le pillage des ressources kivutiens et la confiscation des terres dans le territoires de Beni», peut-on lire dans le posting d’un internaute congolais anonyme qui ajoute que «demain, ces mêmes Américains pourront décider que les Daech contrôlent les sites miniers de Walikale et Masisi sans pouvoir être contraidits étant donné que ce sont les Américains qui donnent les qualifications homologuées des groupes armés de par le monde».
Certes, l’hyperpuissance américaine a pris l’habitude de baptiser, débaptiser et rebaptiser à sa guise différents groupes armés avec l’accord tacite des dirigeants et des opinions des pays faisant partie de leur sphère d’influence. Pour autant, on ne peut ignorer l’insouciance de la plupart des analystes lorsque l’ancien président congolais Kabila et son gouvernement tiraient la sonnette d’alarme quant à la nature réelle de la milice qui s’opposait depuis de si longues années à l’armée gouvernementale de la RDC et avait sanctuarisé des pans entiers du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri (Nord-Est de la RDC).
L’indifférence avec laquelle la communauté tant nationale qu’internationale avait acceuilli les appels à l’aide du 4ème président congolais laisse croire que pour les uns et les autres, les impérialistes occidentaux maîtrisent la situation sécuritaire de la RDC mieux que les Congolais eux-mêmes. C’est une manifestation flagrante d’un néo-colonialisme inavoué.
Nombreux sont aujourd’hui les Congolais et leurs amis qui se réjouissent de la reconnaissance par Washington de la présence des terroristes de Daech dans le territoire Beni (Nord-Kivu). Mais il en est qui, échaudés par les douloureuses expériences du passé, subodorent une supercherie concoctée dans le but d’exploiter convenablement cette partie de la RDC riche en minerais stratégiques comme le coltan et le niobium.
Reste à voir maintenant quelles solutions le gouvernement américain propose pour éradiquer ce fléau que constitue le terrorisme version Etat islamique au coeur du continent africain.
La formule idoine consisterait à renforcer les moyens opérationnels des FARDC qui sont à ce jour les seules déployées sur le terrain avec un nombre suffisant d’hommes malheureusement dépourvus du minimum en terme logistique.
Quel type de partenariat le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi proposera-t-il à ses partenaires américains pour que l’armée dont il assume depuis début 2019 le commandement suprême dispose des moyens adaptés à une réponse efficace à cette menace sur laquelle il n’y a plus de confusion possible ?
Wait and see.
Le Maximum
VIOLENCES AU KIVU ET EN ITURI : C’était donc Daech !
