Les consultations en vue de la formation du gouvernement de l’Union sacrée de la nation, entamées le 22 février dernier par le 1er ministre Sama Lukonde Kyenge, ont formellement pris fin mardi 2 mars 2021. Le nouveau chef du gouvernement aura mis, en tout et pour tout, 10 jours pour consulter quelques 56 groupes politiques et sociaux. Un volume de travail appréciable, qui, pour certains observateurs, paraît de fort bon augure compte tenu des défis qui attendent le nouvel exécutif. Presque tous les interlocuteurs du 1er ministre assurent que leurs échanges avaient pour but de permettre à Sama Lukonde de se faire un aperçu des forces en présence dans le pays, mais aussi de récolter des suggestions en vue de l’élaboration de son programme gouvernemental à soumettre à la sanction de la représentation nationale à la session parlementaire de mars. Dans les coulisses cependant, ces entretiens, selon des indiscretions, ont porté également sur la clé de répartition dans le portefeuille de l’Etat. Les évêques de la Conférence épiscopale du Congo (CENCO), auteurs d’une lettre pastorale peu tendre à l’égard du nouveau pouvoir, ont plutôt exhorté le nouveau chef du gouvernement à ne pas s’entourer d’acteurs politiques responsables de pillages et d’abus de droits humains dans le passé, en insistant particulièrement sur les excès attribués au régime de Joseph Kabila, ce qui a poussé un chroniqueur politique à poser la question de savoir si un régime comme celui de la 2ème République de Mobutu était exempt de tels excès. Mais les prélats ont leur raison que la raison a difficile à appréhender … A noter également la suggestion de la Fédération des entreprises du Congo, conduite par son président Albert Yuma, qui a recommandé au 1er ministre de ne pas composer avec des ministres «qui viennent apprendre leur boulot au gouvernement». On rappelle que le gouver- nement sortant, composé d’un certain nombre de caciques du FCC et de quelques anciens de l’opposition radicale tshisekediste, n’a pas brillé par une grande maîtrise dans la gestion de la Res Publica. Difficile alors d’affirmer que Sama Lukonde aura la tâche facile pour former un gouvernement moins éléphantesque que le précédent. Pourtant, personne parmi les pré- tendants n’entend être absent de la nouvelle équipe en gestation. Ainsi en est-il de Ne Muanda Nsemi, le gourou de Bundu dia Mayala, qui, en dépit de son âge avancé et de la maladie qui l’empêcherait de réfléchir sainement, ne s’est pas empêché de déclarer urbi et orbi sa ferme intention de disposer lui aussi d’un strapontin ministériel dans le prochain gouvernement comme représentant du KongoCentral. La répartition des postes s’avère d’autant plus laborieuse qu’il faut tenir compte des résultats des élections au parlement, particulièrement à la chambre basse mais aussi au Sénat où l’élection des membres du bureau a été marquée par l’échec des représentants d’Ensemble de Moïse Katumbi et du MLC de JeanPierre Bemba, grosses pointures politiques de l’Union sacrée de la nation, récemment mise sur pied par le président Félix Antoinbe Tshisekedi. Pour certains observateurs, la formation du nouveau gouverne- ment offre une occasion, peut-être la dernière, de faire l’économie d’un casus belli qui ne profitera nullement au nouveau pouvoir. Nommé le 15 février 2021, le nouveau 1er ministre, ancien directeur général de la géante entreprise minière congolaise Gécamines, dispose encore de 10 jours avant la rentrée parlementaire prévue le 15 mars courant pour soumettre son programme de gouvernement à la sanction de la chambre basse du parlement.
A.S.