Luca Attanasio, 43 ans, était ambassadeur en RDC depuis 2018, après être arrivé dans le pays deux ans plus tôt en tant que chef de mission, selon sa biographie officielle. Il était entré dans la carrière diplomatique fin 2003, après des études de commerce à l’université milanaise Luigi-Bocconi. Il avait démarré à la direction des Affaires économiques, avant de travailler sur les questions africaines et la coopération internationale. À l’étranger, il fut d’abord nommé chef de la section économique et commerciale auprès de l’ambassade de Berne (2006-2010), puis consul général à Casablanca au Maroc (2010-2013). Après un passage à Rome, il a été nommé conseiller à l’ambassade d’Italie au Nigeria en 2015.
«Il était très connu et aimé. Nous sommes consternés», a réagi sur Facebook Alessandro Fermi, le président du conseil régional de Lombardie, région du nord de l’Italie où il est né le 23 mai 1977, à Saronno, près de Milan.
Emanuela Del Re, ex-vice-ministre italienne des Affaires étrangères, a rendu hommage à «un homme doté d’un courage, d’une humanité et d’un professionnalisme hors du commun. Je me souviens de son sourire contagieux, sa classe, sa grande connaissance des questions africaines», a ajouté Mme Del Re, qui avait travaillé avec l’ambassadeur sur le rapatriement d’urgence d’une religieuse «très malade».
Mardi 23 février au Vatican, le Pape François, également ému par la disparition brutale du diplomate italien, a salué le témoignage exemplaire de Luca Attanasio et adressé un message de condoléances au chef de l’Etat Italien, Sergio Matarella.
On rappelle qu’en octobre 2020, Luca Attanasio avait reçu le prix Nassiriya de la paix «pour son engagement en faveur de la paix entre les peuples» et «pour avoir contribué à la réalisation d’importants projets humanitaires en se distinguant par son altruisme, son dévouement et son esprit de service en soutien aux personnes en difficulté. Tout ce qu’en Italie nous prenons pour acquis ne l’est pas au Congo, où malheureusement il y a encore tant de problèmes à résoudre», avait-il alors déclaré. «Il était plus un humanitaire qu’un diplomate», écrivait à son sujet Colette Braeckman du quotidien belge Le Soir, bien connue pour sa connaissance de la région de l’Afrique Centrale.
Luca Attanasio était marié et père de trois filles. Son épouse, Zakia Seddiki, originaire de Casablanca, est fondatrice et présidente d’une ONG, Mama Sofia, qui œuvre dans les régions les plus difficiles de RDC en venant en aide aux jeunes mères et à leurs enfants. Ce qui ne fait qu’en rajouter à l’attirante sympathie dont bénéficiait le couple Attanasio parmi ceux qui l’ont connu.
Pour nombre d’observateurs du destin tragique qui frappe la région des Kivu et ses habitants, la mort brutale de Luca Attanasio vient rappeler à la communauté internationale les conflits souvent oubliés qui ravagent depuis vingt-cinq ans l’est de la RDC. De nombreux internautes congolais ont vivement réagi au lâche assassinat du diplomate italien. «Le meurtre de l’ambassadeur d’Italie, de son chauffeur et de son garde du corps illustre de manière éloquente le niveau de dégradation de la situation sécuritaire dans l’est du pays et de la détresse à laquelle sont confrontés nos concitoyens qui vivent dans cette partie du pays», écrit cet internaute. «Choqués par la mort brutale de l’ambassadeur d’Italie, nous présentons nos condoléances à sa famille. Nous sommes offusqués de toutes ces tueries à l’est de la RDC ! Nous ne voulons plus d’un mort de plus ! Le monde entier doit s’impliquer pour que ces horreurs cessent» ponctue une autre.
JM
KIVU, UN DESTIN COMPLIQUE AU CŒUR DES GRANDS LACS : Luca Attanasio, le diplomate italien qui aimait l’Afrique
