Plus de 60 ans depuis son existence, le cinéma rd-congolais peine à trouver ses marques. Si dans les années 80, le 7ème art, grâce à des réalisations classiques de renom comme «La vie est belle» de Ngangura Mwenze, a semblé décoller, la politique culturelle du pays ne l’a pas aidé à maintenir l’élan. Tout simplement parce que le gouvernement n’y a pas consacré un budget conséquent pour amener le cinéma rd-congolais au devant de la scène.
Faute de subventions, les producteurs et les réalisateurs abandonnés à eux-mêmes se démènent comme ils peuvent avec les miettes provenant du Fronds de promotion culturelle (FPC) pour soutenir leurs activités, voire se tournent vers des centres culturels étrangers opérant en RDC.
Pour Tshoper Kabambi, producteur et réalisateur, cette situation traduit l’instabilité au pays où les problèmes socio-économiques et politiques priment sur les questions culturelles, mais aussi par le fait que les cinéastes eux-mêmes ne s’y impliquent pas assez. «Nous essayons de multiplier des efforts pour pouvoir les réveiller car cela est plus efficace que les plaidoiries. Des associations antérieures à notre génération ont mené sans succès ce genre de démarches. Mais nous, nous pensons que c’est en posant des actes que nous pouvons y arriver. Nous devons donc produire plus pour les convaincre», explique Kabambi.
En sa qualité de directeur du festival international du cinéma de Kinshasa (FICKIN), il appelle le gouvernement à investir dans la formation, la production et la distribution pour que le cinéma rd congolais prenne de l’essor.
En réaction à cette problématique, l’ancien conseiller des ministres de la Culture et des Arts et consultant culturel, Blaise Bula Monga déplore pour sa part la faible allocation du ministère de la Culture dédiée au cinéma rd congolais. «Avec quelques 2 milliards FC de prévision budgétaire, c’est insignifiant pour redorer notre culture», dénonce le célèbre chanteur qui reconnaît cependant les efforts consentis par le FPC pour satisfaire les acteurs culturels. «Le grand souci c’est l’argent. Vous pouvez avoir de bonnes idées, mais s’il n’y a pas de financements, c’est nul. Nous nous intéressons à tout ce qui se passe à l’Est du pays. Beaucoup de cinéastes à Goma bénéficient de subventions des ONG étrangères», a laissé entendre l’artiste musicien.
On espère que le futur gouvernement fera de son mieux pour rencontrer les desiderata des acteurs culturels surtout que la mandature de la RDC à la tête de l’Union africaine est entièrement consacrée à ce domaine.
L’essor du cinéma rd-congolais dépend des idées novatrices, surtout des fonds conséquents et de la mise en oeuvre des textes légaux qui régissent la profession d’artiste en RDC. L’ouverture à des projets jumelés ou à des maisons de production cinématographiques étrangères est également attendue pour booster le 7ème art et créer des emplois.
CM