Comment ne pas ressentir sa fibre patriotique tressaillir après l’entrée en matière de Félix-Antoine Tshisekedi comme président en excercie de l’Union africaine! Après l’élimination de l’équipe nationale de football aux quarts de finale du championnat d’Afrique des nations et la morosité qui s’en est suivie, il y avait matière à faire vibrer la fierté par rapport non seulement à la mandature de la RDC à la tête de l’organisation continentale, mais surtout au discours ô combien évocateur de l’histoire glorieuse du pays de Lumumba et du rôle de gâchette du revolver Afrique qui lui revient, selon Franz Fanon.
Que l’on soit de gauche, de droite, du centre, de l’opposition, de la majorité ou de la société civile, le discours prononcé par le chef de l’État congolais à Addis-Abeba samedi 6 février 2021 a eu le mérite de parler à chaque Congolais dans ce qu’il a de plus authentique en vue d’embarquer toute la nation dans le rendez-vous qu’elle vient de prendre avec l’Afrique.
Fatshi auréole Lumumba
D’entrée de jeu, après les protocolaires mots de circonstance, il s’est directement agi pour Fatshi de rappeler la RDC aux bons souvenirs du continent noir. «C’est un privilège unique pour la RDC qui accède ce jour à la présidence de l’Union africaine à un moment symbolique et hautement significatif où nous célébrons les 60 ans de la disparition d’un digne fils du Congo et de l’Afrique, Patrice Emery Lumumba. Croyant fermement au grand destin de l’Afrique, il n’avait pas hésité à organiser en août 1960 à Kinshasa, alors Léopoldville, le dernier congrès de l’histoire du grand mouvement panafricain. Le 30 juin 1960, peu avant sa disparition tragique, il déclarait, je cite ‘’l’Afrique écrira sa propre histoire. Et elle sera au Nord et au Sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité», a souligné le président congolais un tantinet chauviniste. Sa mandature ayant pour thème principal : “Art, culture et patrimoine : leviers pour l’édification de l’Afrique que nous voulons”, le président Tshisekedi a senti le besoin de puiser dans le patrimoine culturel de son propre pays l’emblème qui cadre le mieux avec la renaissance africaine. Aussi la RDC n’est-elle plus ce vulgaire scandale géologique qui est souvent la source de ses malheurs, mais le terreau à partir duquel le destin du continent est appelé à se jouer. Sans le citer, Félix Tshisekedi a également fait un clin d’œil à la politique du recours à l’authenticité chère à l’un de ses prédécesseurs, le maréchal Mobutu, de façon pour le moins feutrée. «Les arts, la culture et le patrimoine constituent le socle de la renaissance africaine. Ils nous offrent l’opportunité d’opérer notre retour aux sources», s’est-il épanché non sans une pointe assumée de nostalgie.
Cap sur la pacification de l’Est du pays
La présidence rd congolaise de l’Union africaine est une aubaine qui devrait permettre à la communauté internationale de prendre enfin à bras le corps le bourbier sécuritaire qui dure depuis près de 30 ans à l’Est du pays, du fait notamment de l’importation à l’intérieur des frontières congolaises des drames de plusieurs États voisins. Fatshi n’a pas raté l’occasion de se signaler sur ce pari en ayant cette pensée pieuse : «au moment où nous accédons à la présidence de l’Union africaine, notre continent est en proie à un défi majeur, celui de faire taire les armes (…) Dans la partie Est de la RDC, persiste, comme je l’ai relevé à plusieurs reprises, l’insécurité causée par des groupes armés locaux et des mouvements terroristes étrangers, notamment les ADF». Même s’il s’est refusé, pour des raisons diplomatiques évidentes, à pointer la responsabilité notoirement connue de certains de 9 Etats voisins qui se complaisent à tirer profit de la déstabilisation de la partie orientale de son pays, il va sans dire que le président Tshisekedi va se servir pour le mieux de ses nouvelles responsabilités continetales pour faire bouger les lignes sur le plan diplomatique, notamment en essayant d’isoler certaines principautés militaires qui jouissent de la complaisance de la communauté internationale. C’est ce qu’il faut désormais entendre par la thématique qu’il s’est opportunément choisie comme leitmotiv, à savoir «une Union africaine au service des peuples» qu’il appelle à sortir de sa zone de confort et qu’il entend «amener dans les cours d’écoles, au milieu des camps de réfugiés, au cœur de marchés de nos villes et des champs de nos village». Comme pour dire que le nouveau président de l’Union africaine a réellement du pain sur la planche.
Front patriotique pour la réussite de la mandature continentale
En ce moment hautement historique où notre pays va présider aux destinées de l’Afrique pendant un an, il est plus que souhaitable de savoir raison garder en ayant à l’esprit que la réussite ou l’échec de cette belle aventure ne seront pas attribués à un individu, mais à toute une nation et pour longtemps. C’est le moment de taire certaines querelles intestines qui nous font tant mépriser à l’étranger, surtout que l’année qui commence n’est ni préélectorale ni post-électorale. La classe politique congolaise abonnée aux faits divers est appelée à faire preuve davantage de maturité et de sursaut patriotique afin de permettre au pays de tirer, dans la sérénité, le maximum de profit d’une présidence de l’Union africaine somme toute rotative qui ne reviendra pas avant plusieurs décennies. L’opposition qui se veut républicaine pourrait à cet égard avoir un rôle beaucoup plus constructif en étant la sentinelle qui se charge d’alerter les instittions en place sur d’éventuels dangers ou déviations.
Il y a un temps pour tout, disait l’Écclésiaste.
JBD