« Les Etats n’ont pas d’amis. Ils n’ont que des intérêts», disait avec pertinence le général Charles de Gaulle comme pour souligner que chaque Etat s’affirme comme une vision claire des intérêts particuliers à préserver et surtout à défendre dans le concert des Nations.
Pourtant, la RDC qui s’est définie comme un pays ouvert à la coopération internationale tout en entretenant depuis des décennies des relations particulières avec les USA dès son accession à la souveraineté nationale et internationale, est toujours considérée par ce pays comme un Etat stratégique de sa politique internationale que comme un vrai partenaire de coopération.
La RDC a servi pendant la la guerre froide de ligne de front pour contenir l’expansion communiste au point que les Américains ont construit dans ce pays une base militaire à Kamina (Haut-Lomami) destinée à leur servir de point de ravitaillement contre leurs adversaires d’alors. Le communisme ayant perdu de sa superbe à la fin de la guerre froide, les Etats-Unis ont changé de stratégie et le Congo est devenu un pion dans le grand marché mondial de la nouvelle économie qui se mettait en place grâce aux nouveaux progrès technologiques.
Les alliances d’hier dans la sous-région se révélant gênantes à plus d’un titre, il a fallu les revoir de fond en comble. Même en ce moment post-pérestroïka, la RDC était toujours une stratégie et devait ainsi s’adapter au new deal et à l’ordre mondial issu de cette nouvelle configuration.
L’eau a coulé sous le pont depuis et le pays a pris ses marques démocratiques et est devenu crédible grâce à ses dirigeants légitimes, capables aujourd’hui d’interroger l’histoire son hisoire. Alors que personne ne pouvait parier un sou sur un changement pacifique au pays de Lumumba, l’alternance a eu lieu et Félix Tshisekedi est devenu le président de la République. Devant les efforts consentis par la pays pour être fréquentable, Kinshasa est en droit d’attendre en retour une vraie coopération devant permettre de quitter la sphère de simple pion stratégique. Avec l’arrivée d’une nouvelle administration aux Etats-Unis, il est temps de poser les bases d’une coopération économique stable, car l’esprit américain puisé dans les grands espaces est semblable à celui congolais inspiré de ce pays continent.
La prestation de serment le 20 janvier 2021 par Joseph Robinette Biden, le nouveau président américain et Kamala Harris, la vice-présidente, a été particulièrement suivie dans les hautes sphères de la RDC et le président Félix Tshisekedi qui était très proche de l’administration Trump, selon ses proches, a dit espérer que les rapports avec l’équipe de Biden seront tout aussi cordiaux.
Après l’annonce de la victoire de Joe Biden en novembre 2020, Félix Tshisekedi avait déclaré être prêt à poursuivre son partenariat privilégié pour la paix et la prospérité avec les Etats-Unis. Il avait particulièrement insisté sur le développement du commerce ainsi que les investissements.
Ce partenariat, établi en avril 2019 lors de la première visite du président de la République aux États-Unis, est censé renforcer les liens entre les deux nations avec un accent particulier sur l’amélioration de la gouvernance, la promotion de la paix et de la sécurité, la lutte contre la corruption, la promotion des droits de l’homme et la création des conditions permettant des investissements américains plus importants.
Avec l’arrivée de Biden, le cabinet de Félix Tshisekedi et le ministère congolais des Affaires étrangères s’attendent à un changement de style de la part de la nouvelle administration, mais pas à une remise en question dudit partenariat.
Les autorités congolaises espèrent aussi des rapports plus concrets, particulièrement dans le secteur des renseignements et de la défense. Kinshasa attend également de l’équipe de Joe Biden un appui à son plaidoyer en faveur de la levée de l’embargo sur les armes qui frappent le pays.
Sur le plan économique, à la suite du retour de la RDC aux préférences commerciales offertes par la loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (AGOA), les autorités congolaises attendent aussi plus d’investissements américains, particulièrement dans l’agroalimentaire, l’éducation, la santé et les routes.
Il est venu le temps de voir débarquer les grands investisseurs américains au Congo et de permettre à ce pays de jouer son rôle moteur en Afrique centrale.
A.M