Réunis à Kinshasa pour leur 7ème conférence sous la présidence du chef de l’Etat du 28 au 29 décembre 2020, les gouverneurs des 26 provinces du pays ont échangé autour du thème «la gouvernance des provinces dans l’environnement démocratique actuel : défis et opportunités ». Ils se sont fendus à la fin de leurs travaux d’une bien curieuse requête au président de la République pour obtenir une mesure les protégeant des motions de défiance de leurs assemblées provinciales.
Dans son discours d’ouverture de cette conférence, la première sous son mandat, Félix Tshisekedi avait exprimé ses attentes en matière de sécurité et a demandé aux gouverneurs de s’impliquer dans la démobilisation des nombreux groupes armés qui pullulent dans le pays. «Sur le plan sécuritaire, il nous faut beaucoup d’initiatives pour mettre fin à l’insécurité dans les provinces où elles sévissent avec acuité et préserver la paix dans les provinces où le calme règne. A ce sujet, en plus des opérations militaires contre les groupes armés locaux et étrangers, j’ai décidé de rationaliser les interventions en faveur des personnes qui renoncent à ces activités subversives en fusionnant le DDR et la STAREC. Désormais, de leur fusion est né le DDRCS (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion Communautaire et Stabilisation). Ce travail de fusion est en cours de finalisation. Je vous demande donc de soutenir cette action en vous impliquant chacun dans la démobilisation des groupes armés», avait déclaré le président de la République.
Au premier jour de la conférence, les gouverneurs avaient donné le ton de leurs attentes par Gentiny Ngobila (Kinshasa), président du collectif des gouverneurs des provinces en se plaignant d’être constamment harcelés par de trop nombreux contrôles parlementaires débouchant sur des motions de défiance à leur encontre. Pour y mettre un terme, Ngobila avait suggéré que soit «complété l’article 42 de la loi nº 08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces en y insérant un quatrième et dernier alinéa relatif au moratoire formulé en ces termes : il ne peut être présenté de motion de défiance contre un Membre du gouvernement provincial ou de censure contre le gouvernement provincial avant dix-huit mois depuis leur investiture».
Au nom de ses collègues, le n° 1 de la ville-province de Kinshasa avait plaidé en faveur de la réhabilitation de certains gouverneurs déchus au terme d’initiatives parlementaires qualifiées d’«irrégulières et illégales».
En termes clairs, il avait demandé le «rétablissement de l’ordre institutionnel légal dans les provinces où les gouverneurs ont été irrégulièrement et illégalement démis de leurs fonctions».
Les présidents des Assemblées provinciales conviés en même temps à Kinshasa n’ont guère apprécié cette démarche à contrepied des lois qui vise une des attributions reconnues aux organes délibérants des provinces par la loi fondamentale. Ils l’ont fait savoir au vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières Gilbert Kankonde. On attend depuis lors un arbitrage du chef de l’Etat à ce sujet.
LJL
Les gouverneurs veulent échapper au contrôle
