Jean-Claude Mungala, maire adjoint de la ville de Kikwit (Kwilu) a été arrêté par le parquet de Kikwit quelques heures après l’arrivée dans cette ville du président a.i. de l’UDPS, Jean-Marc Kabund, qu’accompagnait Cashmir Eberande Kolongele, directeur de cabinet a.i. à la présidence de la République. Des sources sur place indiquent que le numéro 2 de Kikwit a été interpellé «suite à une plainte vieille de plus d’une année pour avoir laissé un agent de la mairie menacer un commerçant qui ne s’acquittait pas de taxes dues à la ville». Une justification tirée par les cheveux selon l’avocat de Mungala qui s’étonne que l’officier du ministère public puisse s’en prendre ainsi à une autorité municipale qui n’aurait dans ce cas accompli que son devoir en sommant un contribuable indélicat à payer ce qui est dû à l’Etat. «Si cela se confirme, ce serait le monde à l’envers, une première dans l’histoire des nations», ajoute l’homme de loi.
Selon d’autres sources, la véritable raison de l’incarcération du maire adjoint Mungala serait un ordre donné par un collaborateur du député national UDPS Jean Marc Kabund qui lui aurait reproché de n’avoir pas pris personnellement part aux activités organisées par l’UDPS à l’occasion de la visite de son chef et d’avoir interdit que des effigies et banderoles de cette formation politique qui reste un fait privé soient hissées sur des bâtiments publics en cette circonstance. «Pourtant, en sa qualité d’autorité administrative de la ville en tant que maire adjoint, Mungala n’avait pas l’obligation de participer aux activités privées ou meeting d’un parti politique, fût-il celui du président de la République», a signalé à cet égard Théo Mupes, un enseignant de Kikwit encarté au PPRD de Joseph Kabila qui constate par ailleurs que le maire adjoint de Kikwit, membre de cette dernière formation politique s’était bel et bien rendu à l’aérodrome de Kikwit pour accueillir le directeur de cabinet a.i. du chef de l’État Eberande Kolongele qui faisait partie de la délégation des cadres de l’UDPS. «On lui reproche de s’être absenté par la suite des autres activités entreprises par les émissaires de l’UDPS comme si la RDC avait renoué avec le système de parti-Etat de triste mémoire alors que dans le cadre de ses responsabilités d’autorité administrative locale, il avait tenu une réunion avec les cadres de l’UDPS/Kikwit avant l’arrivée de la délégation de l’UDPS en provenance de Kinshasa autour des dispositions sécuritaires à prendre», précise-t-il.
Un autre proche du maire s’exprimant sous le sceau de l’anonymat révèle qu’«à la surprise des autorités judiciaires de Kikwit, une jeep est arrivée au siège du parquet pour acheminer le maire adjoint à la prison centrale de Kikwit sans qu’aucune information ne lui ait été donnée sur les motifs de son arrestation. Ce qui laisse croire que les vrais motifs de son arrestation sont purement politiques».
D’aucuns à Kikwit considèrent qu’il s’agit d’une violation flagrante des droits de l’homme et des libertés garanties aux citoyens par la constitution et ont exigé la libération immédiate et inconditionnelle de Mungala. En effet, la constitution congolaise prévoit en son article 18 alinéa 1er que «toute personne arrêtée doit être immédiatement informée de motif de son arrestation et de toute accusation portée contre elle. L’officier de police judiciaire a l’obligation d’informer immédiatement la personne arrêtée des motifs de son arrestation». Cette disposition a été délibérément ignorée pour le cas de Jean-Claude Mungala.
FB