Dieudonné Mwenze (DM), communicateur du FCC et membre du PPRD s’est entretenu avec Willy Kalengayi de Géopolis Hebdo (GH) sur la crise dans la coalition CACH-FCC. Il explique ce qui apparaît comme un malaise entre les deux partenaires de cette coalition.
Ci-dessous, l’intégralité de cette interview :
GH : Nous sentons un malaise dans le pays, surtout dans le fonctionnement des institutions. La langue de bois est utilisée par tous. Quels sont les problèmes qui minent la collation FCC-CACH ?
DM : Il y a certes, un malaise mieux, une crise politique qui s’installe progressivement, surtout au niveau du fonctionnement des institutions et des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Je suis d’avis que le recours à la langue de bois, face à un problème sensible et délicat n’est qu’un décor qui s’implante et qui visiblement, pourrait donner lieu à un dysfonctionnement ou à une confrontation entre-institutions. Le respect strict de la Constitution et des lois du pays pourrait nous éviter ce que d’aucuns perçoivent déjà comme problème majeur qui mine notre coalition FCC-CACH. Ma famille politique, le FCC, reste attachée à ce fondamental nécessaire à tout État de droit. Nous attendons cette perception de gouvernance de nos partenaires du CACH et de leurs mandataires dans les différentes institutions du pays afin de favoriser la sérénité au sein de notre coalition politique.
GH : Au delà des calculs politiques inhérents à toute formation politique, le FCC et le CACH se renvoient la balle dans des dossiers aussi importants que celui des magistrats. Pensez-vous qu’il existe une solution politique à cette crise ?
DM : Les calculs politiques peuvent exister surtout qu’ils font partie de la vie quotidienne de toute formation politique, mais, ils demeurent moins importants face à l’intérêt général de la nation. Le FCC, ma formation politique, et son Chef, l’Ancien Président de la République Joseph Kabila Kabange, qui avait compris cette évidence bien avant les dernières élections et qui avait largement favorisé l’avènement de l’alternance politique pacifique et apaisé, ne saurait se dédire ou ignorer la nécessité de préserver la paix dans ce pays et la stabilité de nos institutions. La question des magistrats que vous évoquée est celle qui avait suscité une clameur institutionnelle et publique quant à la nomination des deux juges, éjectés de la Cour constitutionnelle vers la Cour de cassation. Un recours relevant le caractère cavalier, irrégulier et illégal ayant entaché cet acte, avait été même introduit auprès du Président de la République par ces hauts juges afin de solliciter la correction. Contrairement aux extrémistes de tout bord, je reste optimiste qu’une solution politique peut être courageusement trouvée à cette crise afin de ramener la quiétude indispensable pour la paix au pays. Il n’est pas tard pour mieux faire et le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi, en sa qualité de Garant du bon fonctionnement des institutions, comprend bien la mesure exacte de sa responsabilité quant à l’avenir de ce pays.
GH : Le FCC proclame partout, qu’il veut rentrer au pouvoir et pourtant il a la majorité dans toutes les institutions, quelle est l’origine de son malaise ?
DM : Le FCC n’a aucun malaise qui pourrait susciter des interrogations sur son origine. L’objectif majeur de chaque formation politique, de l’opposition comme de la majorité, est celui de conquérir le pouvoir et l’exercer le plus longtemps possible par des procédures démocratiques, pour le bien-être de la population. Rien ne peut surprendre que cela vienne du milieu FCC, CACH, LAMUKA ou autres. Le pouvoir détenu par le FCC ou par le CACH ce jour, n’est pas total et que le réalisme politique actuel commanderait aux uns et aux autres de caresser recouvrer ce qui lui fait encore défaut aujourd’hui. Si par illustration, CACH convoiterait obtenir prochainement une majorité au Parlement (car c’est cela leur ambition dévoilée chaque jour), l’on empêcherait point au FCC de lorgner la Présidence de la République. Il s’agit là d’un jeu purement démocratique et des ambitions politiques légitimement reconnu à toute famille politique. C’est aussi cela, le sens que revêtirait cette proclamation FCC, si proclamation il y a, de rentrer au pouvoir.
GH : Le CACH se comporte comme s’il était dans l’opposition alors que le Chef de l’État vient de son camp. Comment expliquez cette contradiction ?
DM : Il est certes vrai que le constat que vous dégagez par rapport au comportement politique du CACH face au fonctionnement des institutions démocratiques du pays, vous étonne et surprendrait plusieurs observateurs, avisés ou non. Déléguer un cadre du parti ou de la plate-forme politique à ce plus haut niveau de gouvernance du pays, qu’est le Président de la République, devrait modeler les attitudes et réactions de nos partenaires politiques s’ils auraient effectivement compris le sens et l’importance de leurs responsabilités. Il ne pourrait y avoir une explication à donner à ce que vous qualifiez de contradiction ou de contraste en dualité comportementale de nos partenaires politiques du CACH qui ne soit comprise et acceptée. Gérer la chose publique requiert plus de responsabilité et de sagesse politique, qu’on y soit préparé ou pas.
GH : Nous sommes à ce jour sans solution pour la CENI. Comment sortir de cette situation ?
DM : En principe, la question de la CENI ne devrait même pas nous concerner, nous en tant que politiques, au regard de la loi portant organisation et fonctionnement de cette institution. La volonté pour certains de vouloir tout politiser et d’outrepasser les prescrits de nos lois, nous a conduit à ce que vous déplorez aujourd’hui. Nous ne saurions sortir de cette situation qu’en responsabilisant réellement nos confessions religieuses et en les mettant devant leurs responsabilités, sans la moindre manipulation ou interférence politique. Il s’agit pour moi, d’une question facile, qui ne pourrait même pas ébranler nos états-majors politiques, et encore moins les différentes organisations de notre société, si nous tenions encore à bâtir une centrale électorale complètement indépendante et débarrassée de toute sorte d’inféodation.
GH : Le projet du budget à hauteur de 6 milliards de $ est une preuve de l’échec de la coalition Pensez-vous qu’il y a encore des voies de sortie ?
DM : Un tel projet de budget n’affiche que des capacités réelles de nos dirigeants à pouvoir mobiliser les moyens potentiels nécessaires à doter le pays. Des efforts significatifs devraient être engagés pour accroître nos ressources et envisager répondre aux différentes promesses de campagne qui paraîtraient rattraper certains aujourd’hui. J’avais personnellement fustigé en son temps, que la hauteur d’un budget national ne pourrait se décréter, quand bien même il y aurait la hargne de vouloir séduire les électeurs à différents niveaux de compétions électorales, mais une résultante de ce que l’on s’engagerait à imprimer comme dynamisme à notre administration fiscale, avant d’espérer des appuis budgétaires extérieurs.
Le problème c’est même ça, tout ce qu’il a fait en faisant prêter serment aux juges illégalement nommés c’est de la diversion.
Il croit avoir réussi son pari en nous imposant les trois juges nommés en violation de la constitution et veut bien que nous puissions oublier pour nous concentrer à la discipline des nôtres.
De l’autre côté il a trop fait des promesses à Moïse Katumbi, Bemba et consorts mais il ne sait pas comment satisfaire leurs besoins alors, il faut créer des situations.
Il sait que toutes ces fameuses consultations n’aboutiront à rien. Déjà au sein du CACH, Kamerhe ne voulait pas entendre parler de l’élargissement de la plateforme alors je me demande si aujourd’hui Kamerhe a bien donné son accord ou si seulement il a profité du fait qu’il soit en prison afin de se trouver d’autres alliés.
Nous devons nous concentrer sur cette affaire des juges jusqu’à obtenir gain de cause. Cette diversion n’aura aucun effet sur l’impérieuse nécessité de faire respecter les prescrits de la constitution.
W.K.