La Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo (Monusco) a été déployée en 1999. Sa présence et ses activités sont organisées sur base
d’un accord de siège (SOFA) signé entre le gouvernement congolais et l’ONU en
l’an 2000.
Appelée Monuc à ses débuts, la mission
totalise aujourd’hui 20 ans de présence
effective en RDC. Sa mission, telle que
définie dans l’Accord de Lusaka (chapitre 8) était le maintien de la paix. Elle devait notamment traquer et désarmer les groupes armés et identifier
les auteurs des massacres, crimes contre
l’humanité et autres crimes de guerre en
vue de les traduire devant la justice, notamment depuis 2002 devant le Tribunal pénal international (TPI) de
La Haye. C’est ce que rappelle le chroniqueur Omer Nsongo die Lema dans son article «La Monusco en RDC, comme l’ONU à Chypre depuis 1964».
Cependant, les groupes armés les
plus dangereux (FDLR, LRA, et ADFNALU), pourtant cités nommément dans le ‘’job description’’ de la mission onusienne
élaboré par le conseil de sécurité continuent à opérer dans la quasi-totalité des provinces septentrionales congolaises y causant mort et désolation jusqu’à ce jour. On assiste à une prolifération exponentielle de groupes armés congolais et même à l’irruption de milices djihadistes
étrangères qui insufflent leur culture
criminelle parmi certaines couches de jeunes congolais. Pendant ce temps,
la Monusco s’est découvert de nouvelles
vocations consistant entre autres à dresser
le monitoring des violations des droits de
l’homme, «faciliter» le processus électoral,
construire des écoles à défaut de mosquées pour les unités en provenance de pays musulmans, voire régler des conflits de ménage. Le secteur médical n’est pas en reste. Tout ceci est
évidemment très éloigné de son mandat de
départ.
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, la Monusco dispose dans ce pays d’une
grande et puissante armée. Elle est équipée d’un armement lourd, de matériels
militaires les plus modernes et les plus
sophistiqués. Sa logistique est de loin mieux fournie que celle des FARDC,
la 8ème armée du continent africain.
Pour une raison qui échappe aux non initiés, sa base logistique est installée non
en RDC même, mais à Entebbe en Ouganda, un pays voisin qui a été impliqué dans la ‘’première guerre mondiale africaine’’ du Congo il n’y a pas
si longtemps…
L’effectif réel des troupes de la Monusco n’a jamais été discuté avec les autorités
congolaises qui n’en reçoivent communication qu’au moment
où les décisions y relatives du Conseil
de sécurité sont rendues publiques au siège de l’ONU à New York. Cela fait croire à d’aucuns que d’autres unités combattantes de cette organisation
pourraient être disséminées sous des
couvertures diverses dans le pays.
Plusieurs catégories d’agents internationaux opèrent en électrons libres en RDC sous la couverture et le contrôle exclusif de quelques responsables de la Monusco. A titre d’exemple, n’eut été leur odieux assassinat dans la
province du Kasaï-Central, le 12 mars 2017, les Congolais n’auraient jamais su que l’Américain Michael Sharp et la Chilienne-Suédoise Zaïda Catalan étaient des agents de la Monusco en opération dans le Congo profond. Rien ne permet de croire qu’ils étaient les seuls à opérer ainsi incognito sur le territoire rd congolais. Des agents étrangers liés à la mission onusienne sont donc de toute évidence en
opérations dans ce pays à l’insu du gouvernement légitime en place. D’autres
sont certainement stationnés dans quelques pays voisins prêts à intervenir dès que l’ordre leur en sera donné.
On comprend mieux les propos d’Antonio
Gutterrès, secrétaire général des NationsUnies lorsque dans un entretien avec l’Agence France Presse (6 février 2019) il a déclaré que «ce serait
une illusion de penser qu’on pourrait rapidement fermer la Monusco». Des propos qu’il faut interpréter au-delà de leur charge condescendante. Ils expliquent les pressions exercées par les pontes de la communauté internationale sur le nouveau président de la RDC Félix Antoine Tshisekedi pour l’amener à prendre la grave décision de renouveler le mandat de la Monusco alors que quelques mois auparavant, du haut de la tribune des
Nations-Unies, son prédécesseur Joseph
Kabila exigeait que commence le retrait
de cette mission.De toute évidence, les
policy makers occidentaux avaient, dès
1999 pris la résolution d’installer la Monusco en RDC pour de très longues années, dans la poursuite de la réalisation d’un agenda dont la plupart des Congolais,
y compris les décideurs au plus haut
niveau, ignorent totalement les tenants et
les aboutissants.
L’ONU est en train d’appliquer au pays
de Patrice Lumumba le même schéma que
celui déployé naguère à Chypre où la Force
des Nations-Unies chargée du maintien
de la paix (UNFICYP),
l’équivalent de la Monusco, avait été envoyée en mars 1964 «pour une année»,
ce qui ne l’empêche pas de continuer à
y sévir encore 56 ans après. Soit plus
d’un demi-siècle de ‘’glissement’’ ! Il faut
le faire. Certains chroniqueurs ne sont pas
loin de penser que la mission onusienne
au Congo contribue à alimenter une guerre
juteuse dans les provinces de l’Est pour justifier la poursuite de sa présence. C’est
ce que recouvre la fameuse phrase «no
Kunda (du nom d’un seigneur de guerre de
l’Est exilé au Rwanda
ndlr), no job» attribuée, à tort ou à raison, à des agents de la Monusco.
Ceci pourrait également expliquer
la léthargie des Nations-Unies dans
l’identification des auteurs de l’attaque
contre une base de la Monusco à Semliki,
dans le territoire rural de Beni, au NordKivu. C’était le jeudi 7 décembre 2017. Ce jour-là, 14 casques bleus tanzaniens de la brigade spéciale de la Monusco avaient été massacrés et 53 autres blessés. L’assaut avait également causé la mort d’une dizaine de soldats FARDC. Alors que, dé-
butés à 17h30, les affrontements s’étaient
poursuivis durant toute la nuit, aucun
secours n’était parvenu aux troupes tanzaniennes et à leurs homologues congolais. Pire, malgré les moyens logistiques impressionnants se
trouvant dans une autre base située à
une soixantaine de kilomètres à peine, aucun renfort n’avait été envoyé à la rescousse des forces assiégées.
L’assaut était manifestement l’œuvre d’un commando très bien entraîné et disposant de moyens d’un Etat.
Question: Quel est l’Etat de la région qui
avait toutes des raisons de voir les Tanzaniens de la brigade spéciale quitter cette partie du territoire congolais au point de lancer un tel assaut sanglant ? En observant de près la géographie des Grands Lacs africains, on
peut aisément deviner l’identité et les
motivations des commanditaires de cette
attaque meurtrière. En effet, la Tanzanie,
qui avait aligné ses troupes au sein de la
brigade spéciale est un pays membre de la
puissante communauté de développement
de l’Afrique australe
(SADC), une organisation très volontariste
dont est également membre la RDC. Il en
est tout autrement des contingents en provenance d’autres pays de la planète qui n’étaient guère disposés à faire couler leur sang pour les Congolais.
Certains acteurs régionaux avaient sans
aucun doute derrière eux des puissances
non africaines. C’est une des raisons pour
lesquelles la guerre ne cesse pas dans l’Est
congolais après tant d’années.
Les Nations-Unies annoncèrent l’ouverture
d’une enquête en vue d’identifier les auteurs de ce massacre, puis plus rien.
La léthargie des Nations-Unies dans ce dossier doit être comparée à leur zèle dans l’affaire de l’assassinat de Sharp
et Catalan par des miliciens Kamwina Nsapu au sujet duquel tout a été fait pour charger les plus hauts responsables
de l’Etat congolais. En vain. Etant donné la force de frappe dont l’incurie des
autorités congolaises lui a permis de se doter dans le pays, la Monusco semble maintenant en mesure de déstabiliser à tout moment n’importe quel gouvernement issu de la volonté du peuple congolais qui
refuserait d’appliquer une politique imposée par les commanditaires de la mission. Les institutions publiques
légitimes congolaises seraient donc mal inspirées de se laisser dorloter par les chants de sirène et de se fier naï-
vement aux apparences que viennent embellir la douce Leïla Zerrougui,
une ‘‘sœur’’ algérienne
de surcroît. En réalité, lorsque les choses vont se corser, ce n’est pas elle que l’on verra à la manoeuvre, mais des galonnés beaucoup moins tendres avec un
style plus bourru et une machine à calculer à la place du cœur.
La pérennisation des massacres et des traumatismes dans l’Est de la RDC est en outre en train d’user psychologiquement des pans entiers des populations locales congolaises et les amènera tôt ou tard
à être plus disposées à soutenir la solution de la balkanisation du vaste Congo comme unique solution pour assurer leur sécurité mieux que ne le ferait un Etat central accusé de mollesse, voire de complicité avec les agresseurs.
Dans quelle mesure la Monusco ne contribuet-elle pas à la matérialisation de ce schéma diabolique? La question
vaut son pesant d’or. Il faut que soit mis fin à cette mission de l’ONU tout en renforçant significativement les FARDC.
Il en va de la sécurité nationale.Un homme prudent sait voir une menace même
de loin.
A bon entendeur, salut !