Des scènes de violence extrême ont donné lieu samedi à mort d’hommes et à des dommages corporels graves dans la localité de Bankutshu à Bena-Dibele (Sankuru), selon la société civile locale. Un conflit communautaire oppose dans cette partie du territoire de Kole les communautés des Ankutshu et des Atetela ciblée par une attaque à l’arme blanche et armes à feu et victime d’incendies criminels de maisons et de pillages. «Il s’agit d’agressions cruelles qui risquent de transformer le port de Bena-Dibele en un autre Ituri», a regretté Robert Lombadu, un notable du coin contacté par nos rédactions. En jeu, un conflit de terres, particulièrement de champs agricoles d’où on voudrait chasser les exploitants tetela considérés comme non originaires de Kole. Une discorde due, à en croire notre source, à une manipulation politique orchestrée par l’exécutif provincial et un député provincial en rupture avec sa base.
En effet, l’arrêt de la Cour constitutionnelle jeudi, exigeant la démission de Joseph-Stéphane Mukumadi des fonctions de gouverneur de province a donné lieu à des règlements de comptes entre pro et anti-Mukumadi dans cette entité. Une intolérance politique d’un autre âge qui rappelle le meurtre, il y a exactement un an dans le territoire de Lodja du chef Moïse Kondema Wamu, coupable d’avoir défendu une opinion contraire à celle de certains élus qui, depuis lors, sont poursuivis devant la justice par la famille Wamu pour leur responsabilité intellectuelle dans ce crime odieux.
Alors que le Sankuru médite l’an un d’injustice et d’affliction depuis l’assassinat du chef Moïse Kondema, l’intolérance politique y fait à nouveau des victimes. «On se demande si il faut pardonner, se venger ou patienter jusqu’à ce que justice soit faite», a indiqué Gustave Wamu, frère cadet de la victime. « C’est comme si le sort s’acharnait sur notre province qui ne mérite pas une telle situation désastreuse», a-t-il ajouté dans un sanglot. Dimanche, le député national de Lodja Lambert Mende Omalanga a lancé un message de paix et de tolérance politique avant d’exprimer sa solidarité avec les victimes de ces violations des droits de l’homme qu’il a invités à laisser la justice faire son travail et à pas se venger. L’élu de Lodja a rappelé qu’il était inacceptable que des compatriotes continuent à vivre dans cette culture de la violence et de tensions permanentes qui hypothèquent leur avenir. Il en appelle à une prise de conscience du fait que le rapport à l’«autre» est aussi source de richesse et de développement et que seule une conscience de soi suffisamment apaisée pour autoriser la conscience de l’autre en évitant de «hiérarchiser» les différences permet le plein épanouissement d’une société.
La culture de la paix selon Mende doit promouvoir le vivre ensemble des sankurois, égaux en droits et en devoirs, bien que différents dans leurs lointaines origines. Il invite les fils et les filles du Sankuru à avoir le courage de reconnaître leur responsabilité commune dans la crise qui ravage leur province et de l’aborder de manière sereine et décontractée.
Il faut en effet du courage pour «vivre ensemble» en se remettant constamment en question sans chercher nécessairement à rendre les autres coupables du mal être ambiant ou en cherchant à dominer ou exclure. Etre « différent » de l’autre ne devrait impliquer aucun jugement de valeur, ni exprimer autre chose qu’une situation de fait.
Pour sa part, la société civile de Bena-Dibele a appelé les autorités judiciaires du Sankuru à s’impliquer pour sanctionner les graves atteintes aux droits de l’homme survenues dans leur contrée.
A.M