Président national de la ligue des jeunes de la CCU et communicateur du FCC, Jean-Thierry Monsenepwo est un expert en Télécoms oeuvrant dans la direction de la société de télédistribution Bleusat et du groupe de presse Central qui compte la radio centrale FM et la télévision centrale. Il a lancé un cri d’alarme pour la SCPT. Dans sa tribune, il en appelle à une implication du Parlement et du président de la République pour sauver ce patrimoine national.
«Mzee laurent désiré Kabila voulait faire de l’OCPT, actuellement SCPT, le fer de lance de la télécommunication sur le plan national. C’est dans cet optique qu’il avait entre autre accordé par le ministère des postes de l’époque, une licence GSM à cette société d’Etat, car il voulait qu’elle puisse devenir comme ses consœurs France télécom ou Portugal télécom, qui concurrencent des sociétés privées de télécommunications en France et au Portugal». Les guerres qui se sont succédées entre 1998 et 2001, ont anéanti cet idéal car il fallait harmoniser, après Sun city, les actes administratifs posés par les rebelles. Le RCD Goma attribuera 400 méga de l’ex-OCPT à Supercell, et le RCD-KML en donnera 200 à Congo gate. Aussi, ces fréquences qui devaient être disponibilisées pour l’OCPT ont été accordées à une société privée qui est devenue aujourd’hui Africell.
Dans le souci de poursuivre l’idée de Mzee, d’éviter de dépouiller son propre bien, l’Etat congolais, sous l’impulsion du président Joseph Kabila, a décidé de redonner les moyens nécessaires à cette société pour qu’elle dispose de sa station d’atterage à Moanda (Kongo-Central), afin d’installer une fibre optique nationale devant conduire la RDC vers la révolution de la modernité. Certes les travaux de la fibre allant de Moanda à la partie Ouest puis Est du Congo, ont été de manière globale, mal faits. Ce qui a causé dès le début, des problèmes de qualité de la fibre et a porté préjudice à sa fiabilité. «La meilleure décision à prendre par l’Etat aujourd’hui serait de donner des outils appropriés à cette entreprise pour lui permettre de donner une qualité de la fibre plus satisfaisante en refaisant la connectivité, et ce, ensemble avec la société congolaise de la fibre optique, en sigle Socof».
Au lieu de cela, l’Etat propriétaire semble sacrifier encore une fois cette société en attribuant à un privé, Liquid Telecom DRC, la possibilité de construire une station d’atterage privée à Moanda. Bien que disposant d’une licence d’exploitation des réseaux de distribution et de transmission à fibre optique, elle n’a pas accès à l’international et n’utilise que la passerelle construite par l’opérateur national. Or, c’est une question de souveraineté nationale. «Recourrir toujours à la SCPT pour le trafic international, permettrait à l’Etat de contrôler toutes les activités de télécommunications», selon Monsenepwo.
C’est dans ce contexte que Liquid telecom DRC va introduire une demande à l’ARPTC pour la construction d’une station d’atterage à Moanda alors que sous le président Kabila, il avait été demandé à l’ARPTC de ne pas s’écarter de la vision souverainiste de protection des intérêts de la RDC d’abord. Il s’agit de donner une connectivité aux Congolais, ce que la SCPT peut faire si l’Etat lui en fournit les moyens. Au contraire, on semble privillégier un projet gigantesque consistant en la création de One Africa, qui permettrait à cette société et à son holding international, de détenir en exclusivité la connectivité entre Etats africains subsahariens puisqu’aucune connexion terrestre n’existe à ce jour entre les pays de l’Afrique de l’Ouest et ceux de l’Est. Le ministre des PTNTIC aurait signé un avenant à la licence de Liquid Telecom RDC pour la construction d’une station d’atterage, par proposition de l’ARPTC. Questions :
L’ARPTC qui relève de la présidence de la République pense-t-elle aux Intérêts Nationaux? Que deviendrait une SCPT dépouillée de sa souveraineté sur la fibre et par ricochet la société congolaise de la fibre optique ? Pourquoi le régulateur ne favorise-t-il pas un partenariat public-privé qui ferait en sorte que la SCPT continue à garder son exclusivité sur la fibre ?
«Je suis d’avis que l’appui de l’Etat au privé est certes important. Mais cela ne doit pas se faire au détriment des Intérêts Nationaux et des lois du pays», ajoute Monsenepwo pour qui, une main-mise de la SCPT sur le contrôle des trafics présente aussi l’avantage de générer des revenus supplémentaires pour le Trésor public. A ce jour, aucun texte légal ou réglementaire ne prévoit la possibilité d’octroi à des privés de licences d’exploitation des passerelles de transit international à fibre optique. Si l’Etat ne se réveille pas, et que les animateurs actuels de la SCPT continuent à ne rien faire, ce patrimoine de l’Etat congolais sera perdu.