Suite aux nombreuses accusations faisant état d’exactions à l’encontre de personnalités, notamment députés et sénateurs appartenant à la famille politique FCC du président de la République honoraire Joseph Kabila à l’aéroport international de N’Djili, la direction générale de ce service public a affirmé n’avoir nullement l’intention de cibler une catégorie d’usagers de l’aéroport en particulier : « Nous n’avons pas l’intention d’humilier qui que ce soit », a réagi à ce sujet Roland Kashwantale, le directeur général de la DGM. Dans une interview exclusive à nos confrères de radio Top Congo FM, Kashwantale a précisé que « la DGM ne restreint pas les mouvements des citoyens. Elle s’assure simplement que celui qui voyage le fait avec le bon document. Au regard des conventions conclues avec nos différents partenaires dont l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et Interpol, la DGM est appelée à veiller et vérifier à ce que tout celui qui quitte la RDC ne représente pas un danger pour le pays de destination ». Evoquant le document attribué à son service circulant depuis quelques jours interdisant à Kalev Mutond, ancien administrateur générale de l’Agence nationale des renseignements (ANR) de quitter le pays et même de se trouver à proximité d’un poste frontalier, Kashwantale a démenti en indiquant que la DGM « n’avait pas encore vu ce document. Il faut se méfier de tout ce qui circule sur internet ». Avant de préciser que pareille décision ne pouvait être prise par son service que « si le parquet en faisait la demande. M. Kalev Mutond est un citoyen comme tout le monde. Il quittera le pays s’il a le bon document ».
Pas de chasses aux sorcières
« Nous facilitons la sortie aux citoyens en ordre. Nous sommes un service public qui n’a pas de coloration politique. Ceux qui nous accusent d’appliquer la chasse aux sorcières doivent savoir que les premières personnes à souffrir de la rigueur sont les proches du président de la République. Nulle part, la loi ne dit que les députés, les ministres ou d’autres dignitaires peuvent se soustraire aux conditions d’entrée et de sortie » a-t-il ajouté. Et de s’étonner qu’on ait pu citer l’honorable députée nationale Jaynet Kabila Kyungu, sœur jumelle du président de la République honoraire parmi les personnes victimes de ces persécutions alors qu’elle était bien connue par ses services comme « l’une des personnalités qui s’est toujours conformée aux formalités en vigueur ». Le directeur général de la DGM a fait le constat d’une certaine résistance (à suivre les formalités) dans tous les camps. « Celui qui résiste aux formalités peut être accusé d’entrée clandestine, car nous contrôlons l’entrée et la sortie. Tout le monde doit passer devant l’officier de migration », a-t-il conclu.
Rien à changer à la DGM
« Il n’y a rien à changer. Nous faisons notre travail conformément à la loi. Nous avons entre autres pour mission d’exécuter la politique du gouvernement en matière de migration et l’exécution des lois et règlements de la République sur l’émigration et l’immigration. La DGM n’a pas pour mission d’interdire le mouvement des gens, mais de veiller au contrôle. La sécurité aux frontières c’est aussi sécuriser les autres pays. Si la DGM ne contrôlait pas, d’autres pays se sentiraient en danger. Et la RDC pourrait subir des sanctions, comme la fermeture de ses aéroports ou l’interdiction pour les passagers en provenance de la RDC d’atterrir dans certains pays », déclare Roland Kashwantale.
Qui s’excuse s’accuse
Les dénégations du responsable de la DGM ne convainquent pas tout le monde, ainsi que le révèle la réaction musclée du député national Félix Kabange Numbi qui exige une enquête en bonne et due forme pour que soient établies les responsabilités sur les persécutions dont se plaignent diverses personnalités aux frontières par le fait de préposés de la DGM. « On ne peut pas expliquer qu’un service qui relève du gouvernement aille à l’encontre des dispositions légales accordant des privilèges aux députés nationaux et sénateurs détenteurs des passeports diplomatiques sans motivations politiques non conformes à leur statut. Des sanctions doivent être prises à l’encontre de quiconque serait à l’origine de cette pratique inédite qui n’a cours que dans la RDC post-alternance », a déclaré l’ancien ministre de la Santé. Pour sa part, Me André Lité Asebea a, en sa qualité de ministre du gouvernement central en charge des Droits Humains, fustigé ce qu’il a considéré comme des traitements attentatoires aux droits de libre circulation de tout citoyen pourtant garantis par la Constitution et les lois de la République. Il a promis de saisir, au cas où les allégations de mauvaises pratiques de la part d’agents de la DGM aux frontières se confirmaient, les hautes autorités nationales pour y mettre définitivement bon ordre.
JN