L’acharnement observé ces derniers jours sur la plupart des cadres du Front Commun pour le Congo (FCC) du président de la République honoraire Joseph Kabila défraie la chronique. Les analystes qui prédisaient une année 2020 difficile pour la coalition FCC CACH sont servis. Tout est parti du discours du président de la République Félix Tshisekedi lui-même il y a quelques semaines, à Londres, devant une foule de ses partisans de la diaspora congolaise dans lequel il avait évoqué l’éventualité de la dissolution de l’Assemblée nationale. La suite on la connaît et la dernière cible des manœuvres tshisekedistes n’est autre que Kalev Mutond, ancien Administrateur général de l’Agence national des renseignements sous Joseph Kabila que l’on dit très proche de ce dernier. Ses nombreux déplacements à l’étranger ont servi de prétexte à une persécution difficilement justifiable dans un Etat de droit au sein duquel la liberté d’aller et venir à l’intérieur du pays ou à l’étranger fait partie intégrante des libertés fondamentales reconnues à tous, sauf restriction judiciaire. On a invoqué la détention par l’ex-chef des renseignements généraux du pays d’un passeport diplomatique qu’il aurait reçu en qualité de conseiller principal politique du premier ministre chef du gouvernement. De toutes les explications qui ont été diffusées dans les médias après sa brève interpellation très médiatisée, nulle part, il n’a été fait mention d’un démenti des services du premier ministre indiquant que Kalev après la fin de son mandat à la tête de l’ANR n’avait pas été recruté en qualité de conseiller principal du chef du gouvernement. Sa tête ne plaisait pas à certains milieux occidentaux et beaucoup autour du président Fatshi le savait. Cela suffit-il pour arrêter un citoyen congolais ? La question mérite d’être posée si l’on veut éviter que le pays ne sombre dans une véritable chienlit. Alors que l’opinion publique est préoccupée par la crise sociale et économique majeure qui l’assaille, on a la pénible impression d’être en face d’une sorte de diversion. Pour ce haut cadre de la fonction publique qui a requis l’anonymat, « il est indéniable que la gouvernance de la RDC connaît quelques ratés énormes après seulement une année de fonctionnement. Les agents de l’État accumulent les arriérés de leurs modiques rémunérations, le taux de change du dollar-roi ne fait que grimper et le panier de la ménagère se vide. C’est une grande désillusion qui pointe à l’horizon. Est-ce parce que M. Kalev a effectué des voyages à l’étranger qu’il en est ainsi ? Est-ce lui qui a géré la réserve confortable de plus d’un milliard USD laissé dans les caisses de l’État par le régime de Joseph Kabila à l’avènement de Félix Tshisekedi ? A l’évidence, le FCC et ses cadres sont dans le collimateur des extrémistes parmi leurs partenaires de CACH qui voudraient les désigner au peuple comme Boucs émissaires». «Les faucons de CACH manœuvrent derrière leurs partenaires du FCC comme des preneurs d’otages convaincus que la RDC est devenue leur bien propre et cela risque de finir très mal », avance à ce sujet David Alungu, étudiant en droit dans une université de la capitale qui s’interroge sur les chances de ce partenariat de façade dans lequel les alliés se regardent en chiens de faïence. « Cette stratégie de nos compatriotes de CACH qui consiste à utiliser leurs collègues du FCC comme un bouclier humain augure des lendemains tourmentés pour notre pays, à l’instar de ce à quoi on avait assisté lors des pillages du début des années ’90 qui ont mis le Zaïre économiquement à genoux jusqu’à nos jours. Le fait que ces persécutions soient de plus en plus dirigées contre les hauts dignitaires katangais comme Albert Yuma, Jaynet Kabila (sœur jumelle de l’ancien président de la République) et Kalev Mutond, des notables ressortissants du grand Katanga qui ont eu tous à subir directement ou indirectement les foudres des faucons du régime Fatshi qui instrumentalisent diverses administrations à cette fin peut dégénérer et rendre les choses incontrôlables. Au CACH d’y réfléchir sérieusement pour éviter d’exacerber certains sentiments contenus jusque-là dans le pays », ajoute-t-il.
Bibiche Myongu