Moango Armando « Brazzos », l’un de deux derniers survivants des musiciens ayant interprété la chanson « Indépendance cha cha », est décédé depuis le 9 octobre 2019 à l’âge de 86 ans. Après cette disparition, des voix commencent à s’élever pour solliciter la décoration en médailles d’or de mérite artistique de 7 musiciens de l’African jazz ayant participé à l’égaiement des leaders politiques congolais des premières heures lors de la Table-Ronde qui s’était tenue à Bruxelles en 1960. Homme de Culture, écrivain, compositeur et journaliste, Jeannot ne Nzau Diop, par ailleurs, petit-fils d’Armando Brazzos, souhaite ainsi que soient décorés à titre posthume, Joseph Kabasele Tshamala dit Grand Kallé, visionnaire et grand amoureux des airs nationalistes, Roger Izeidi Monkoy, Victor Longomba Besange Lokuli alias « Vicky Longomba », Armand Moango alias Armando Brazzos, Charles Mwamba dit Dechaud Mongala, Nicolas Kasanda wa Mikalay alias Docteur Nico. Sans oublier Pierre Yantula Elengesa Bobila alias Petit Pierre. « En dehors de ces sept musiciens exécutants de la chanson « Indépendance cha cha », nous sollicitons également cette décoration pour leurs producteurs, Philippe Nkanza et Thomas Nkanza. A cela s’ajoute 15 journalistes et écrivains qui, durant de longues années, ont contribué à l’émergence de la culture et des arts congolais… », a déclaré Jeannot ne Nzau Diop. Qui a confirmé avoir écrit plusieurs lettres respectivement auprès de l’ancien Président de la République, Joseph Kabila Kabange, au Chancelier des Ordres nationaux, le Général Shulungu ainsi qu’aux différents ministres de la Culture et des Arts qui se sont succédé depuis 2010. La même démarche a été effectuée au service courrier de la présidence de la République, mais elle est demeurée lettre morte, a-t-il regretté.
Témoignage
Ce groupe de musiciens et hommes de culture avaient été invités par les frères Nkanza, Philippe et Thomas, du Journal « Congo » pour divertir les politiciens congolais qui avaient participé à la Table-Ronde de Bruxelles en janvier 1960, réunissant les leaders politiques congolais et autorités belges, afin de négocier les contours du nouveau Congo. Le quartier général des délégués congolais était alors établi à l’hôtel Plazza, près de la Place Roger. On choisit de faire venir l’orchestre African Jazz de Joseph Kabasele dans la capitale belge, afin de permettre à la délégation congolaise de retrouver, en plein hiver à Bruxelles, le rythme et l’ambiance du pays. Le soir du 27 janvier 1960 à l’hôtel Plazza, la Table-Ronde politique fixera la date de l’indépendance du Congo au 30 juin 1960. C’est là que Joseph Kabasele et ses amis lancèrent l’idée de chanter l’hymne de la libération, la chanson « Indépendance cha cha ». Les autres chansons enregistrées sur place au studio « Decca » au Quai des Charbonnages, sous le label Congo éditées aux éditions Philips sont : « Table-Ronde », « Sentiment emonani », « Naweli boboto » et « Indépendance cha cha ». Cette dernière œuvre artistique deviendra d’ailleurs l’hymne de la libération pour plusieurs pays africains fraîchement indépendants.
La SONECA et la SOCODA doivent aussi à Brazzos
Par ailleurs, a déploré et alerté Jeannot ne Nzau Diop, « la SONECA (RDC) et la SOCODA (Congo/Brazzaville) doivent beaucoup d’argent à Papa Brazzos. Depuis 1980, il n’avait pas perçu ses redevances des droits d’auteur et ses droits mécaniques. Et l’Etat congolais n’a pas réussi à faire quelque chose pour ce pionnier de l’indépendance ». Pour Jeannot ne Nzau Diop, « il faut rendre des derniers hommages dignes et mérités à Brazzos, l’un des pionniers de l’indépendance de la RDC qui a signé le Livre d’or de la Table-Ronde de Bruxelles ». Apparemment la plaidoirie de Jeannot ne Nzau Diop n’est pas tombée dans les oreilles des sourds. Des sources crédibles ont indiqué au Maximum que le dossier se trouverait déjà sur la table du ministre de la culture et des arts, qui aurait promis de s’en occuper.
HERMAN MALUTAMA