Selon Petroleum Authority of Uganda, PAU, l’Ouganda entre dans le club des pays exportateurs de pétrole d›ici 2020. Production escomptée, 60.000 barils/ jour pour des revenus de 2,4 milliards USD par an. Quid de la RDC?
Les deux pays avaient, en effet, convenu d’exploiter conjointement le pétrole du lac Albert ex-Mobutu, qui leur sert de frontière naturelle. Mais Kinshasa a pris du retard. Le projet de loi autorisant la ratification de l’Accord de coopération pour l’exploitation des hydrocarbures et l’exploitation des gisements communs entre la RDC et l’Ouganda figure parmi les matières qui pourraient être traitées par l’Assemblée nationale durant cette session de septembre. Ce projet remonte pourtant à il y a plus de 5 ans. Et rien ne rassure qu’au cours de cette session essentiellement budgétaire, il sera examiné. En Ouganda, le gouvernement de Museveni dispose d’un budget quadriennal de 15 à 20 milliards USD uniquement pour l’industrie du pétrole. Cela représente trois à quatre fois, la capacité de mobilisation des recettes de la RDC. Selon Gabriel Mbaga Obiang Lima, ministre équato-guinéen en charge des hydrocarbures, l’Ouganda pourrait déposer sa candidature pour adhérer à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Dans la région frontalière avec la RDC, l’Ouganda dit disposer de réserves de 6,5 milliards de barils soit le quart de son potentiel, dont 1,5 milliard de barils immédiatement exploitables. La zone pétrolière éventuellement exploitable se situe au niveau du Lac Albert où un complexe pétrolier est en construction. Le projet est jugé stratégique par les autorités ougandaises qui ont confié les opérations de forage et d’extraction au trio sino-anglo-français CNOOC, Tullow Oil et Total, alors que le volet raffinage et première transformation a été confié à un consortium comprenant General Electric. Plutôt que la RDC, l’Ouganda s’est associé à la Tanzanie en vue du partage des technologies et de la construction du pipeline de Hoima-Tanga sur près de 1 445 km partant du lac Albert à la côte tanzanienne sur l’océan indien. Le projet nécessite 3,55 milliards USD et sa construction a été confiée au trio CNOOC, Tullow Oil et Total. Seul bémol, la raffinerie pétrolière que compte installer l’Etat prendra du retard. Elle devrait être prête courant 2018 mais le consortium russe RT Global Resources qui devait la financer, construire et exploiter s’est retiré du projet. Mais le gouvernement ougandais rassure qu’un repreneur est déjà prêt pour achever les travaux début 2020. Le gouvernement ougandais a, en effet, signé un autre contrat de construction de la raffinerie pétrolière qui traitera, dans un premier temps, le brut du bassin albertine, avec un consortium dénommé Albertine Graben Refinery Consortium. Ce consortium est, en effet, mené par l’Américain General Electric et compte comme coactionnaires, deux autres firmes étasuniennes Yaatra ventures et Intra-continent Asset Holdings ainsi que l’italien Saipem. Il sied de préciser que les deux parties sont toujours en pourparlers sur «certains détails qu’il va falloir régler au préalable », selon des officiels ougandais. Mais il est déjà acquis que dans la joint-venture, Albertine Graben Refinery Consortium devrait disposer de 60% des parts dans la raffinerie, et les 40% restant, répartis comme suit, 33% à l’Etat ougandais et 7 % à la Tanzanie. Toutefois, le gouvernement ougandais se dit disposer à ouvrir l’actionnariat à d’autres Etats de la sous-région. Sans un appel de pied à l’intention de la RDC. Mais d’ores et déjà, le gouvernement ougandais a attribué des licences à des compagnies internationales assorties d’une obligation d’accélérer l’exploration dans le graben en vue de se lancer au plus tôt à la production. A quoi tient donc cette ruée vers l’or noir à laquelle se livre subitement l’Ouganda? Du côté RDC, certains observateurs avertis redoutent que Kampala ne mette Kinshasa devant un fait accompli, passant outre le principe de l’exploitation conjointe et autres protocoles d’accords convenus à Ngourdotto sur l’or noir. L’Angola, il sied de le rappeler, a fait fi de l’accord de partage de la production du pétrole dans la zone d’intérêts communs, ZIC, de 2006 et pompe actuellement seul du brut en empiétant même le plateau continental de la RDC.
POLD LEVI MAWEJA