Les Etats-Unis étendent leur conflit commercial avec la Chine en Afrique. Le 1er octobre prochain, la nouvelle agence américaine de financement du développement destinée à l’Afrique, The Development Finance corporation (DFC) devient opérationnelle. Quid de la RDC ?
La création de cette agence fait suite à l’annonce du président chinois Xi Jinping de consacrer 60 milliards USD au financement de l’Afrique, a fait comprendre David Bohigian, président directeur général ai d’Overseas Private investiment corporation (OPIC). C’est, a-t-il poursuivi, le même montant qui sera consacré à la nouvelle agence par le gouvernement américain.
La DFC découle, en effet, de la Build, la loi américaine promulguée fin 2018 par Donald Trump, et présentée comme une meilleure utilisation des investissements au service du développement. Le président américain ne s’en est point caché, «La DFC (…) est un outil de diplomatie économique destinée à contrecarrer l’influence de Pékin en Afrique».
Auteur de «La guerre économique» et chef du département Communication institutionnelle et veille stratégique d’Afriland First bank, Maurice Simo Djom, interrogé par des médias en ligne, estime que la DFC est « une nouvelle qui ne doit ni réjouir ni attrister l‘ Afrique. La Chine avance ses pions sur ce jeu d’échecs, les Etats-Unis aussi. Il appartient à l’Afrique de revoir son rôle dans ce jeu».
Pour la RDC, il faudra avant tout réintégrer l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), estime le directeur exécutif de la Haute académie de la société civile congolaise, Hasco, Richie Lontulungu. Le déficit de la démocratie, les atteintes répétées aux droits humains et autres raisons avancées en 2010 par Washington pour exclure la RDC ne tiennent plus, selon lui.
Plaidoyer pour l’AGOA
La RDC a enregistré d’énormes progrès sur le plan politique après les élections du 30 décembre 2018. Il y a encore quelques semaines, Élodie Ntamuzinda, membre de la plénière de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), déléguée de la RDC à la 5ème conférence annuelle de l’AGOA à Washington, du 10 au 11 avril 2019, a imploré les décideurs américains de réintégrer la RDC dans cette structure américaine, dans un délai raisonnable.
L’AGOA est une loi américaine sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique, votée et promulguée en mai 2000 par le Congrès américain, sous l’égide du Président Bill Clinton. Elle permet aux pays de l’Afrique subsaharienne d’exporter sur le marché américain sans droits de douanes et prévoit des programmes pour créer des opportunités pour les pays remplissant les conditions et changer la structure des économies bénéficiaires.
L’AGOA vise entre autres, à promouvoir le commerce et les investissements entre les Etats-Unis et l’Afrique subsaharienne en accordant aux pays admis un accès exceptionnel au marché américain, encourager le développement économique et les réformes en Afrique subsaharienne ainsi qu’à favoriser un accès et des possibilités accrues pour les investisseurs et entreprises en Afrique subsaharienne.
Il sied cependant de relever que Trump a remis en cause certaines clauses de l’AGOA, notamment celle qui supprimait les contingentements au textile et aux vêtements en provenance d’Afrique subsaharienne. Toutefois, aucune source contactée par Business & Finances n’a confirmé ni infirmé si les Etats-Unis conditionnaient l‘accès au financement de Development Finance corporation à l’adhésion à l’AGOA.
Les USA ont, on le sait, annoncé leur volonté d’investir en RDC. Mike Pompeo, secrétaire d’Etat américain en a donné l’assurance au chef de l’Etat, Félix Tshisekedi Tshilombo, lors de son dernier séjour étasunien.
A travers l’USAID, Washington s’est déjà engagé à accorder à la RDC près de 140 millions USD de dons-projets.
PLM
AIDE EXTERIEURE : 60 milliards USD des USA … pour la RDC aussi ?
