Peuple congolais, n’allez pas trop vite en cassant des locaux de Vodacom pour répondre aux actes de xénophobie en Afrique du Sud. La RDC est, en effet, reliée au réseau Internet depuis Londres par le truchement de Vodafone Group.
C’est un consultant burundais qui gère le service internet ainsi que le système de cable sous-marin Wacs et le backbone pour la RDC. Et pour le Sud du pays dont le Grand-Katanga, l’Internet dépend de Zamtel. Information à prendre avec précautions, le Rwanda pourrait contrôler les IP, Internet protocolaire, pour le pan Est du pays. Selon des experts, il est fort probable que toutes les communications dont les plus stratégiques de la RDC soient lues et vues par des Etats voisins.
Pour s’en convaincre, la Société congolaise de fibre optique a, début août 2019, octroyé au Groupement SFM Technologies M&M Consultants, au coût de 162.150 USD, le marché de l’étude de faisabilité ainsi que l’élaboration du dossier d’appel d’offres relatif à l’acquisition du matériel pour l’intégrité et la sécurité des réseaux en RDC. Une des composantes du projet, selon l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPTC), porte sur le renforcement des capacités et l’acquisition des matériels pour la gestion des fréquences transfrontalières et celui des capacités et acquisition des équipements des réseaux et de la Cyber-sécurité, l’assistance à la mise en œuvre du cadre de régulation du marché des gros ainsi que l’acquisition du nouveau système d’information de l’ARPTC.
La SOCOF devait également se décider sur les entreprises partenaires qui l’assisteront à la mise sur pied d’un système de gestion automatisé du spectre des fréquences radioélectriques, des équipements portatifs de contrôle des fréquences radioélectriques, une station mobile, une station transportable et un centre de contrôle du spectre des fréquences radioélectriques.
Il y a deux ans, le pan de la fibre optique restée sous contrôle de la SCPT, entre Muanda et Kinshasa le long de la nationale n°1, a été, à plusieurs reprises, victime d’actes de vandalisme. Il est même arrivé que la fibre soit sectionnée à la scie.
Dans la phase actuelle, l’État est l’actionnaire unique de la nouvelle société anonyme unipersonnelle enregistrée au Guichet unique de création d’entreprises sous le numéro 16-B-9901, conformément aux règles de l’OHADA (Acte uniforme relatif au Droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique) et aux dispositions spécifiques nationales relatives aux entreprises publiques, complémentaires.
Mais dans la pratique,la connexion Internet pose de sacrés problèmes ces derniers jours. Et Vodacom ne s’en cache pas. La firme GSM alerte sa clientèle sur la disponibilité sujette à caution de la fibre optique et en renvoie la responsabilité à la SCPT, ex-OCPT, opérateur public des télécoms.
Le premier ministre Ilunga Ilunkamba a rassuré les députés : les travaux de redondance de la fibre optique, en clair sa fiabilisation, ont déjà été effectués entre Muanda, à la station d’atterrage, et Kinshasa. Pour autant, la Banque mondiale, qui en a financé les travaux, exige de la RDC l’audit financier de la fibre. Ce à quoi la RDC a obtempéré. Mais les prémisses de l’audit posent déjà problème.
Alors qu’il avait proposé l’offre la moins disante de tous les six soumissionnaires, soit 23.385 USD, Price Waterhouse Coopers/bureau de RDC a été devancé, selon la Société congolaise de fibre optique (SOCOF), aux scores techniques par le cabinet Cofima du Bénin pour réaliser l’audit du Central African Backbone (CAB 5). SOCOF SA devrait donc verser quelques 34.740 USD hors taxes au cabinet béninois pour l’audit attendu.
La mission porte, en pratique, sur l’audit financier et comptable du projet CAB 5 en vue d’exprimer une opinion professionnelle sur les états financiers y compris les comptes désignés et les relevés des dépenses du projet à la fin de chaque exercice comptable et s’assurer que les ressources mises à la disposition du projet sont utilisées aux fins pour lesquelles elles ont été octroyées en vue de l’atteinte de l’objectif du développement de la fibre. Annoncé depuis plusieurs mois, l’audit financier du CAB 5 a été gelé suite aux lenteurs administratives de la Banque Mondiale. Il se rapporte même que les marchés juteux financés en RDC par l’Association internationale de développement (IDA) seraient toujours remportés par des firmes ouest-africaines. L’audit sur la fibre optique qui, initialement, couvrait aussi l’exercice 2017, ne porte plus que sur 2018, 2019 et la période de clôture du projet.
Le projet CAB 5 est appuyé par un financement déjà bouclé de la Banque Mondiale de 59,8 millions de DTS, soit 92 millions USD. Le plan global du réseau CAB5 repose, en pratique, sur trois pôles. Le pôle Ouest couvre l’axe 1, Kinshasa-Muanda en redondance à la SCPT jusqu’à Muanda avec une interconnexion avec le Congo-Brazzaville et l’Angola. Le pôle Est porte sur l’axe 4, faisant une liaison entre Kalemie-Bukavu et Béni en suivant les nationales n°2 et n°5 pour aboutir à une interconnexion avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda sur quelques 990 km. Le pôle Sud s’étend sur l’axe 6 qui part de la liaison entre Lubumbashi, Bukama et Kalemie, d’abord le long du chemin de fer jusqu’à Bukama, ensuite en longeant la nationale n°33 pour réaliser une interconnexion avec la Zambie et l’Angola sur 1.026 km.
Jusqu’à la mise en place de la SOCOF fin 2016, le COPIREP a servi d’agence d’exécution au projet CAB5. Pendant cette période, l’Association internationale de développement (IDA), filiale du Groupe de la Banque mondiale, a financé l’exécution du projet CAB5. L’accord de don a été conclu en juillet 2014 avec le gouvernement.
En septembre 2016, Hubert Mamba Mabudi, investi directeur général par le conseil d’administration de la SOCOF, a pris les commandes du projet CAB5. Qui est, en pratique, la cinquième phase du projet CAB 5 en vue de l’interconnexion sous-régionale de 11 pays d’Afrique centrale. Ce projet a été progressivement mis en œuvre: CAB1 en 2009 (Cameroun, République Centrafricaine, Tchad), CAB2 en 2011 (Sao Tomé et Principe), CAB3 en 2011 (République du Congo), CAB4 en 2012 (Gabon) et CAB5 en 2014 (République Démocratique du Congo).
POLD LEVI MAWEJ