Mercredi 14 août 2019, la ville de Beni a été particulièrement et partiellement agitée, en raison d’une manifestation projetée par la coordination estudiantine de la ville, en réalité une nébuleuse politicienne qui s’illustre par de l’agitation politique depuis 2018. Les manifestants de la capitale administrative du Grand Nord-Kivu ont pris pré¬texte des dernières exactions des ADF dans la région pour inviter les jeunes à se rendre au stade de football local aux fins d’une formation militaire de 21 jours à l’issue de laquelle ils iraient à l’assaut des rebelles ougandais avec les moyens de bord…
Le 5 août 2019, des hordes de rebelles ADF ont pris d’assaut la localité de Kisima, à 30 km de Beni sur la route de Kasindi, tuant 2 civils et en enlevant une trentaine d’autres. L’attaque survenue dans la périphérie de la ville de Beni avait plongé les populations alentours dans un vif émoi doublé de révolte, qui avait entraîné une marche spontanée le 6 août sur la ville Beni avant que le mouvement ne s’estompe de lui-même.
Mardi 13 août, la « coordination estudiantine de Beni », dirigée par un certain Clovis Katsuva, par ailleurs membre de la Lucha locale, a « réchauffé » l’incident malheureux de Kisima, appelant les jeunes de la ville à se constituer en une sorte de mouvement d’auto-défense de la région contre les rebelles ADF. Parce qu’aussi bien les autorités militaires locales et nationales que la MONUSCO demeuraient sourdes aux appels au secours des populations, prétendait-il dans un communiqué. Le document sollicitait également des armes et exigeait le départ de Beni du Commandant des opérations militaires contre les ADF. « Nous avons besoin des armes pour combattre les ADF, formez-nous dans 21 jours », lisait-on dans le communiqué de la « coordination estudiantine de mardi dernier.
Récidiviste
Mercredi dans la matinée, Clovis Katsuva et un groupe de jeunes de Beni se sont rendus au stade Kalinda de Beni où ils ont tenté de se ras¬sembler avant d’être dispersé par la police. L’instigateur du rassemblement, le coordonnateur des étudiants de Beni et membre de la Lucha, Clovis Katsuva donc, a été interpellé à l’occasion et conduit au commissariat le plus proche.
A Beni, le jeune agitateur poli¬tique est connu des observateurs pour avoir joué un rôle déterminant dans l’organisation de « l’élection présidentielle de Beni », malgré la décision de suspension de ce scrutin décidée par la CENI et sans le soutien de la centrale électorale, donc. Mais pas seulement. Début novembre 2018, Clovis Mutsuva s’était déjà il¬lustré en incitant les jeunes de sa ville à interdire la circulation à tout véhicule de la MONUSCO jusqu’au rétablissement de la paix ; à barrer la route aux candidats aux élections à tous les niveaux qui voudraient mener campagne à Beni et à arracher toutes les affiches électorales ; à entreprendre des patrouilles populaires dans les quartiers insécurisés de Beni en vue de faire face à toute velléité de la part des assaillants …à partir du 8 novembre de la même année.
Jeudi 15 août 2019, le commandement FARDC à Beni a rendu public un communiqué met¬tant en garde toute tentative de formation d’une « jeunesse armée ». « Au terme de l’article 190 de la constitution, nul ne peut, sous peine de haute trahison, organiser des formations militaires ou des milices privées, ni entretenir une jeunesse armée », pouvait-on lire sur ce communiqué signé par le Général Edmond Ilunga Mpeko.
Et le même jeudi, la section locale de l’UDPS a dénoncé la démarche de la « coordination estudiantine de Beni » qu’elle a qualifiée d’incitation à la rébel¬lion et à la révolte. « Si on veut se faire recruter dans l’armée, il y a des voies légales et officielles à suivre, les autorités ne pouvaient que condamner » a déclaré aux médias Bernard Kambale, porte-parole de l’UDPS à Beni.
H.O.
BENI : Lamuka, bientôt la lutte armée ?
