Reportée à plus d’une reprise, dont la dernière remonte au 24 juillet 2019, la réunion du présidium de la plateforme créée en novembre 2018 pour « gruger » Félix Tshisekedi ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices, lundi 29 juillet 2019 à Lubumbashi. Malgré une réunion de la cellule politique dirigée la veille par le coordonnateur sortant du présidium, Moïse Katumbi, à laquelle toutes les tendances Lamuka semblaient représentées. Dimanche soir, et même lundi matin, les différents camps qui se déchirent au sein de la plateforme confirmaient pourtant le rendez-vous lushois. «Nous sommes déjà à Lubumbashi avec toute la cellule politique. Nous avons eu une séance de travail avec le coordonnateur hier. Tous les leaders sont attendus à Lubumbashi aujourd’hui, nous attendons la confirmation de l’heure d’arrivée parce que tous sont prêts à venir à Lubumbashi », déclarait avec assurance à la presse Chérubin Okende, porte-parole du porte-parole de Lamuka. Même son de cloche en face, dans le camp de Martin Fayulu, où Devos Kitoko, secrétaire général de l’Ecidé assurait également que « tous seront là au chef-lieu du Haut-Katanga à l’ouverture des travaux» annoncée à la mi-journée. Mais à la mi-journée (heure locale) lundi à Lubumbashi, les leaders Lamuka n’étaient toujours pas encore là, l’arrivée de Martin Fayulu, Adolphe Muzito et Jean-Pierre Bemba était renvoyée à 14 heures locales, selon des sources aéroportuaires. D’autres sources, proches de la cellule réunie par Katumbi quelques heures plus tôt, faisant état de retard dans les travaux préparatifs. C’est seulement en milieu d’après-midi que Martin Fayulu et Adolphe Muzito ont pris place à bord d’un avion de ligne en partance pour Lubumbashi, où ils devaient atterrir 2 heures plus tard, donc pas avant 16 heures locales.
Ouverture décalée
Pour leur part, de l’aéroport international de la Luano où ils s’étaient rendus en nombre pour accueillir le président de leur parti politique, les sympathisants du MLC de Jean-Pierre Bemba s’en sont retournés chez eux, les uns après les autres, dès 15 heures locales. « Le président ne viendra plus à Lubumbashi», leur avait-on expliqué. Malgré les assurances communiquées à la presse dimanche soir par Eve Bazaiba, la secrétaire générale du MLC qui séjourne déjà à Lubumbashi, l’absence du chairman du MLC a été confirmée. Jean-Pierre Bemba sera représenté à la réunion Lamuka de Lubumbashi par Mme Bazaiba, en raison d’une panne du jet privé qui devait l’emmener dans la capitale cuprifère. Un prétexte qui ne trompe pas grand monde dans l’opinion. « Je ne voyais pas Bemba se rendre à Lubumbashi pour les beaux yeux de Moïse Katumbi», confie au Maximum un cacique du parti bembiste qui considère que ce déplacement l’aurait diminué aux yeux de ses partisans. Notre interlocuteur ne croit donc nullement à ce qu’il appelle « cette histoire de jet et de problème technique ». La première réunion du présidium Lamuka en terres rd congolaises s’apparente davantage à la construction d’une tour de Babel, tant les tendances de la plateforme campent sur des positions diamétralement opposées, qui se confirment et les éloignent les uns des autres.
Chacun fait son trou
La seule chose sur laquelle tous semblent d’accord sans l’avouer publiquement, c’est que chaque leader doit s’occuper de faire son propre trou. Rien de plus. Plusieurs jours avant la rencontre de Lubumbashi qui doit plancher sur la situation politique générale du pays, l’auto-évaluation du fonctionnement et des orientations de la plateforme, ainsi que sur le calendrier des activités et les perspectives d’avenir, Martin Fayulu semblait déjà imposer des orientations pourtant encore à discuter entre membres du présidium. En programmant une nouvelle tournée dans les provinces du pays pour « expliquer à la population sa démarche de sortie de crise », annonçait Devos Kitoko aux médias le 17 juillet 2019. Une démarche de sortie de crise plus problématique que salvatrice pour la plateforme, dans la mesure où l’ancien candidat unique de l’opposition damait ainsi le pion à ses pairs en se proposant à la tête d’une des deux seules institutions dont il demandait la création à … Félix Tshisekedi tout en lui contestant la légitimité.
En face, Moise Katumbi a lancé son safari provincial en se rendant notamment à Kalemie et Kolwezi la semaine dernière. Un périple au cours duquel l’ancien gouverneur katangais a réitéré son intention de mettre en œuvre une opposition républicaine pour aider le président de la République à travers des critiques constructives, sans s’en prendre à lui et à sa coalition outre mesure. Tout le contraire de Lamuka Ouest de Fayulu et Muzito, partisans d’une rude opposition à ce qu’ils présentent à leurs partisans comme un pouvoir usurpé.
Entre les deux tendances de la plateforme électorale bricolée à Genève, avant d’être mutée en plateforme politique fin avril dernier, le MLC Jean-Pierre Bemba qui surfe à la fois sur une opposition à la sauce Fayulu et une opposition républicaine qui met en avant les intérêts du peuple. Mais l’homme semble avoir esquivé le rendez-vous de Lubumbashi, qui fait la part belle à Moïse Katumbi, potentiel concurrent à ce top job qui les fait tous courir, en jet ou en avion de ligne. L’ancien pensionnaire des geôles de la CPI semble avoir préféré ne pas faire de cadeau au chairman katangais.
J.N