« Ce pays n’a pas de chance ». Ainsi réagissait, mercredi 22 mai 2019, un internaute croisé au hasard dans un cybercafé à Kinshasa. L’homme, la cinquantaine à peine effleurée, se désolait des propos de l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, revenu au pays après trois ans d’exil. Mais qui ne semble nullement avoir renoncé à sa dévoreuse ambition de diriger un jour la RD Congo. Accueilli avec pompe à Lubumbashi par des foules apparemment en liesse, le président du TP Mazembe, le club de la ville qu’il a porté au firmament du football continental, s’est prononcé au sujet de tout et de rien. Mais surtout de la politique. Sans grande cohérence, comme à son habitude, au-delà du fait indéniable qu’il ne porte pas Joseph Kabila, le président de la République sortant, dans son cœur. Mais aussi, qu’il n’entend pas, pour l’instant, s’attaquer de front au chef de l’Etat en place, l’opposant radical Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi. Bien au contraire, il se dégage des déclarations disparates – aucun des confrères pourtant présents au point de presse animé par Katumbi à Lubumbashi n’a su rendre in extenso les propos de l’orateur du jour – de l’ancien homme fort du Katanga qu’il entend profiter des largesses politiques de Fatshi pour se frayer son propre chemin vers le top job.
C’est dans le contexte de ces caresses dans le sens du poil que Moïse Katumbi a déclaré en langue locale qu’«un véhicule ne peut avoir qu’un seul chauffeur ». Des propos interprétés dans l’opinion, à tort ou à raison, comme une boutade contre le président de la République sortant, Joseph Kabila. Que certains croient apercevoir derrière toute décision prise par le nouveau chef de l’Etat.
Candidat déclaré à la présidence de la RD Congo, Moïse Katumbi étale ainsi toutes les limites de sa compréhension de sa connaissance de la démocratie et de la démocratisation, qu’il vante pourtant et promet d’instaurer aussitôt arrivé aux affaires.
Car, certes, un véhicule ne peut être conduit que par un chauffeur à la fois. « Mais le chauffeur d’un véhicule n’est pas élu démocratiquement et au suffrage universel », fait observer l’internaute désolé rencontré par Le Maximum mercredi dernier. « Le chauffeur ne dépend pas d’électeurs lorsqu’il conduit le véhicule et n’est pas obligé de tenir compte des avis des passagers à bord du véhicule », poursuit-il. « Le chauffeur de véhicule n’est pas un démocrate, c’est un guide du genre guide magnanime, comme le fut le Maréchal Mobutu », insiste notre interlocuteur. Pour cet internaute, sans doute pour beaucoup d’autres en RD Congo, Moïse Katumbi est perçu comme un dangereux sophiste, prêt à tout pour atteindre ses objectifs, commerciaux ou politiques. « Ce pays n’a pas de chance ».
J.N.