Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé, lundi 20 mai 2019 à Kinshasa, une aide de 300 millions d’Euros de la France en faveur de la RDC.
Paris s’est en réalité ressaisi après que d’autres partenaires occidentaux aient, à la queue leu leu, opéré un virage de 180° vis-à-vis de la RDC qu’ils tenaient en paria au lendemain des élections de décembre 2018. Les USA ont, on le sait, annoncé leur volonté d’investir derechef dans l’ancien Zaïre. Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain en a donné l’assurance au chef de l’Etat, Tshisekedi Tshilombo, lors de son dernier séjour américain.
A travers l’USAID, Washington s’est déjà engagé à accorder à la RDC 140 millions USD de dons-projets. Le Fonds monétaire international (FMI) a également remis la RDC dans son agenda, selon sa DG Christine Lagarde, après la rupture de son programme économique avec le gouvernement en 2012. Autre retour : la Belgique.
La France ne pouvait donc pas se permettre de rester en rade de cette dynamique. D’ailleurs, Le Drian a reconnu le caractère on ne peut plus précipité de sa visite en RDC. Le dernier appui français au budget du pays remonte à 2016. Paris avait alors accordé quelques 26.068.030.412 Fc (dons projets) à la RDC. Depuis, plus rien.
Toutefois, Paris a développé un mécanisme pour maintenir sa présence : le Contrat de Désendettement et de Développement (C2D) à travers des ONGs. Explications : en 2018 par exemple, le niveau d’encaissement des recettes extérieures se situait à 852,5 milliards de FC contre une prévision de 1.110,5 milliards de FC, soit un taux de réalisation de 76,8%. Ces ressources ont trait aux appuis budgétaires (1,4 milliards de FC) et au financement des investissements (851,1 milliards de FC).
Les appuis budgétaires de 1,4 milliard de FC proviennent exclusivement du financement obtenu dans le cadre du C2D conclu avec la France qui est un mécanisme innovant de financement du développement. Ce dispositif unique consiste en une reconversion de la dette remboursée en subventions pour des projets de développement.
Des secteurs ci-après bénéficient des financements du C2D : l’éducation, la formation et l’emploi, la santé, l’agriculture, le développement rural et l’environnement, le développement urbain, l’eau et l’assainissement, les infrastructures routières et la justice.
En général, l’Agence française de développement (AFD) est chargée de la mise en œuvre des décisions d’affectation des subventions. Seule ombre au tableau, l’Agence travaille avec des ONGs dont le contrôle de gestion échappe à l’Etat. Au gouvernement et au législateur d’y pallier.
P.L. MAWEJA