Le processus électoral de la RD Congo atteint, le 10 avril 2019, la dernière étape de ce qu’on peut considérer comme sa première partie : les élections des gouverneurs et des vice-gouverneurs des provinces. 24 de ces entités territoriales décentralisées sont concernées par ces scrutins indirects au terme desquels sont élus les représentants du président de la République à l’intérieur du pays, les provinces du Nord-Kivu et du Maindombe étant exemptées de fait en raison du retard intervenu dans la tenue des élections législatives nationales et provinciales. Jusque lundi 8 avril 2019, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) n’avait pas encore rendu publics les résultats de ces scrutins intervenus le 31 mars 2019.
La bataille des ‘gouvernorales’ 2019 n’en représente pas moins un enjeu politique de taille qui tient au fait que les patrons des exécutifs provinciaux ont un rôle politique crucial à jouer dans la mise en œuvre de la politique et du programme du gouvernement central, et pour tout dire, du président de la République dont les gouverneurs sont les représentants en province. Et donc aussi dans la réussite de son mandat à la tête du pays, gage de sa réélection au terme des 5 prochaines années. D’où l’importance, pour le nouveau locataire du Palais de la Nation issu des rangs de l’opposition radicale de s’assurer un peu plus que des cordiaux rapports de hiérarchie et de collaboration avec les gouverneurs des provinces.
FCC : la majorité des 485 sièges, majorités des postes de gouverneurs ?
C’est pourtant connu depuis la proclamation des résultats électoraux du 10 janvier 2019. Dans la grande majorité des provinces de la RD Congo, c’est le FCC (Front Commun pour le Congo) du président de la République sortant qui a raflé la majorité des 485 sièges de députés provinciaux à l’issue des scrutins du 30 décembre dernier. Sur le papier, les kabilistes sont assurés de diriger au moins 22 des 24 provinces où se sont tenues les élections provinciales. Seules les provinces du Kasai Oriental et du Kasai Central reviendraient aux forces politiques de l’opposition, et principalement à l’UDPS/T de Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, le nouveau président de la République. Mais ça, c’est sur le papier.
Dans la réalité, les faits sont susceptibles de démentir ces statistiques, ainsi que l’ont démontré il y a quelques semaines les surprises dont les élections des sénateurs furent empreintes. Notamment à Kinshasa la capitale où malgré 12 députés provinciaux électeurs, le parti présidentiel s’en est tiré sans le moindre sénateur élu. Mais également et surtout dans les provinces du Kasai Oriental et du Kasai Central où l’imposante majorité d’élus du parti tshisekediste a brillé par le report de ses voix sur des candidats des partis adverses, ceux du FCC pour la plupart.
Incertitudes et inquiétudes prédominaient donc, lundi 8 avril 2019, 48 heures avant les élections des gouverneurs dans la plupart des provinces concernées. Parce que les données en présence étaient les mêmes que celles qui avaient prévalu lors de l’élection des sénateurs le 15 mars 2018 : pour les élections des gouverneurs des provinces aussi s’est ruée une extraordinaire foule de candidats. Avec plus de 140 prétendants pour seulement 48 postes de gouverneurs et de vice-gouverneurs, 90 postulants ne peuvent compter que sur un miracle pour arracher le strapontin convoité. Un miracle qui réside dans le retournement contre les choix de leurs partis politiques d’une partie des 485 députés provinciaux appelés à élire les patrons des exécutifs des provinces.
Kinshasa et La Tshopo au sommet du palmarès
Au palmarès de la plus grande affluence des candidats gouverneurs des provinces trône, sans sur- prise, Kinshasa la capitale où 18 prétendants aspirent au remplacement du PPRD André Kimbuta Yango qui dirige la province depuis 2006. Parmi eux, 14 postulent en qualité de candidats indépendants, c’est-à-dire, qui ne se réclament d’aucun parti ou regroupement politique et comptent sur une sorte de ‘neutralité’ ou ‘neutralisation’ des votants pour se faire élire. Kinshasa est talonné par la province de la Tshopo avec ses 26 postulants aux fonctions de gouverneur et vicegouverneur de province, dont 18 indépendants. En dehors du Maniema (2 candidats, soit 1 ticket), du Sankuru (2 candidats, soit 1 ticket), de la Lomami (2 candidats, soit 1 ticket), Kwango (4 candidats, soit 2 tickets) et du Haut Uélé (4 candidats, soit 2 tickets), la plupart des provinces alignent une moyenne de 6 à 10 concurrents aux élections des gouverneurs (soit 3 à 5 tickets concurrents).
Kinshasa : les indépendants ont la côte
Seulement deux partis politiques, le PPRD et l’UDPS/T, alignent chacun un ticket à l’élection de maire de la capitale de la RD Congo. Le gouverneur sortant de la province du Maindombe, Gentiny Ngobila et Néron Mbungu Mbungu, un élu de la circonscription kinoise de Kisenso depuis 2006, concurrent pour le compte de l’ancien parti présidentiel et devraient, en principe, arracher le siège en compétition. Le FCC aligne, en effet, la bagatelle de 23 élus provinciaux dans la capitale qui, s’ils votent tous pour le ticket du parti-phare de la méga plateforme, feraient de Gentiny Ngobila et de Néron Mbungu un ticket assurément gagnant. Parce qu’il faudrait un vrai miracle pour que le reste des votants, soit 12 du CACH (Cap pour le Changement), 6 de Lamuka dont 5 du MLC de Jean-Pierre Bemba, ainsi que le 4 chefs coutumiers cooptés se mettent d’accord autour d’une candidature unique à la tête de la capitale. Néanmoins, il ne semble pas que le gouverneur sortant de la province du Maindombe fasse l’unanimité, même parmi les siens. En raison notamment de cette sombre affaire des tueries de Yumbi, survenue alors qu’il était aux commandes de l’entité provinciale.
Le ticket Ngobila-Mbungu parait sérieusement menacé par au moins deux autres, de candidats indépendants mais notoirement connus pour appartenir au FCC : celles de Magloire Kabemba Okandja, élu député provincial sur la liste « Le Mouvement Tosekwa », et de Déo Divo Kasongo, un jeune entrepreneur que l’on dit très proche aussi bien du PPRD que du FCC kabilistes.
Laurent Batumona : pas de salut sans le FCC
Le ticket Laurent Batumona Khandi Kham – Gecoco Mulumba Nkongolo ne rassurait pas tout le monde, lui non plus, à quelques heures des scrutins du 10 avril 2019. Mathématiquement d’abord, la liste de l’UDPS/T dont émargent ces candidats gouverneur et vice-gouverneur de province ne compte que 12 élus provinciaux. Les mêmes qui, le 15 mars dernier, avaient déjà préféré des candidats sénateurs d’autres partis et regroupements politiques à ceux présentés par le parti présidentiel. Il y a donc péril en la demeure et le parti tshisekediste en prend conscience. Dimanche 7 avril 2019, tous élus provinciaux se sont réunis autour de Jean-Marc Kabund, le président a.i. du parti, pour tenter de conjurer le sort. « Tout est mis en œuvre pour ne pas perdre Kinshasa. L’enjeu est de taille et le président de la République souhaite que la capitale soit gérée par quelqu’un en qui il a confiance », a confié un élu UDPS/T à la presse. Mais cela ne devrait rien changer aux chiffres : 12 électeurs, c’est seulement 12 voix sur 45 votants. L’UDPS/T doit donc compter sur le concours d’autres députés provinciaux que ceux du parti, et les convaincre de jeter leurs dévolus sur ses candidats.
La campagne électorale qui s’est déroulée du 6 au 8 avril 2019 a démontré que les candidats du parti présidentiel avaient présenté le programme de gouvernance le moins attractif de tous. Laurent Batumona, un élu de la circonscription périphérique de Makala s’étant contenté de vanter la restauration de la beauté de la capitale d’antan, lorsque Kinshasa ne comptait que 4 à 5 millions d’habitants. Sans réelles propositions concrètes et chiffrées en dehors du projet mirifique de mobiliser 3 milliards USD en 5 ans, à l’instar de nombre de ses concurrents aux mêmes fonctions de Maire de la ville. « Kinshasa aujourd’hui, c’est 12, 15 ou 17 millions d’habitants selon les sources. Rétablir les cabines de Coletric tant vantées par Batumona ne suffirait même plus pour fournir de l’électricité à tout le monde », fait observer un urbaniste.
Néanmoins, le parti présidentiel et la majorité parlementaire kabiliste coaliseront pour gouverner la RD Congo durant les 5 prochaines années, ainsi que l’a reconnu Félix Tshisekedi au cours de son séjour aux Etats-Unis d’Amérique la semaine dernière. L’UDPS/T dépend et ne peut que compter sur un mot d’ordre du FCC en faveur de ses candidats à la direction de l’Hôtel de Ville de Kinshasa. Des informations parvenues au Maximum indiquent que des tractations à l’instar de ceux qui avaient déjà permis l’élection d’un membre du parti tshisekediste au bureau de l’Assemblée provinciale en mars dernier ont eu lieu. Seule une entente et une stratégie semblables pourraient permettre à l’ancien patron du fisc rd congolais, Laurent Batumona, de devenir le premier citoyen de la capitale. Des 7 tickets indépendants qui aspirent au gouvernorat de la ville province de Kinshasa, au moins deux ont la côte, comme on dit : le ticket Magloire Kabemba Okandja – Ruffin Bayambula Mvibidulu et le ticket DéoDatus Divo Kasongo – Nelly Kiwewa Malundama Bonzu.
Magloire Kabemba – Ruffin Bayambula, c’est déjà 2 voix acquises pour ce ticket, les prétendants gouverneur et vice-gouverneur étant chacun un élu provincial kinois. Magloire Kabemba a été élu sur la liste « Le Mouvement Tosekwa » dans la circonscription électorale de Kasavubu, tandis que son colistier, Ruffin Bayambula, n’est autre que le député provincial ABAKO élu dans la circonscription de Kimbanseke. Que l’on ajoute à ces voix toutes celles des listes « Le Mouvement Tosekwa » au nombre de 3 et de l’ABAK0, au nombre de 2 (Ngaba et Mont-Ngafula), et le ticket totalise 7 voix parmi les 23 que compte le FCC. Des sources du Maximum assurent, en effet, que les élus ABAKO sont tous ou presque des acteurs politiques proches et d’obédience du gouverneur sortant de la ville de Kinshasa, André Kimbuta. Le ticket-attelage composé par Magloire Kabemba, un des plus proches collaborateurs de « Ya André », semble le confirmer.
Magloire Kabemba, Déo Kasongo, des indépendants très introduits
Avec 7 voix potentielles, Magloire Kabemba Okandja ne peut qu’avoir la côte. L’homme n’est en effet autre que le principal artisan de la « révolution kimbutienne » de 2006 : lorsqu’une assemblée provinciale majoritairement composée d’élus MLC avait accompli le miracle de propulser au sommet de la capitale un candidat PPRD. Rien qu’à y penser, de nombreux candidats gouverneurs, y compris au sein du FCC, en ont des sueurs froides. D’autant plus que l’élu de Kasavubu ne compte pas parmi les plus démunis de la planète, c’est connu. Magloire Kabemba Okandja, c’est aussi le concepteur de la désormais célèbre DGRK, la Direction Générale des Recettes de Kinshasa, à l’image de laquelle toutes les directions des recettes des provinces de la RD Congo furent créées les unes après les autres. Le jeune candidat gouverneur a fourbi ses armes en matière des finances à la Direction Générale des Impôts (DGI), après avoir compté parmi les plus proches collaborateurs de Michel Bindo, le créateur de Bindo Promotion dans les années ’90. La moindre faille disciplinaire dans les rangs des 6 élus provinciaux de l’opposition LAMUKA, autant que dans les rangées des 23 élus provinciaux FCC, des chefs coutumiers cooptés, et pourquoi pas parmi ceux du CACH, pourrait profiter au ticket Kabemba-Bayambula. D’autant plus que le programme de gouvernance de la mégapole kinoise présenté par l’ancien bras droit du gouverneur sortant transpire réalisme et expérience à l’envie.
L’autre ticket indépendant qui suscite quelque hantise, c’est celui composé par Déo Kasongo et Nelly Kiwewa. Actif dans le secteur de la publicité où se sont révélés tous ses talents d’homme d’affaire et de gestionnaire d’entreprise, Déo Kasongo est découvert par le grand public à la faveur de l’érection, en plein centre des affaires, en face de Utexafrica sur le boulevard du 30 juin, du complexe ultra-moderne « Show Buzz ». On le dit proche des bonzes du FCC dont il s’est occupé de la campagne à la présidentielle de décembre 2018. Aussi, lorsque Déo Kasongo s’annonce à l’Hôtel de Ville, peu de temps après que les déboires de Gentiny Ngobila à la suite des tueries de Yumbi furent portés à la connaissance de l’opinion, beaucoup à Kinshasa perçoivent la candidature du patron du Show Buzz comme celle d’un substitut. Une impression qui tenait encore la route à quelques heures de l’élection du 10 avril 2019 à Kinshasa. La force de Déo Kasongo, c’est la créativité qui traverse de part en part son programme de gestion de la capitale. L’homme voit des ressources financières derrière tout ce qui bouge, de l’argent partout, et ne pardonne pas à quiconque prétend que Kinshasa est pauvre. A commencer par l’exécutif provincial sortant.
Grand Katanga : la coalition au pouvoir contre Moïse Katumbi
Plus que partout ailleurs en RD Congo, c’est dans le Grand Katanga morcelé en 4 entités provinciales autonomes que la lutte pour diriger les provinces est la plus rude, selon des observateurs locaux interrogés par Le Maximum. Le feu y couve, au propre comme au figuré. La campagne électorale a occasionné, lundi 8 avril 2019, des accrochages plus ou moins sérieux entre militants de l’UDPS/T et ceux du PPRD lorsque se retrouvant à l’Assemblée provinciale, les partisans de ces deux partis politiques se sont subitement affrontés à l’aide de projectiles. Des effigies des candidats en lice pour les fonctions de gouverneurs de la province du Haut-Lomami, littéralement arrachées et détruites en ont fait les frais. La police a été obligée d’user des gaz lacrymogènes pour disperser ces auteurs de troubles.
Jusqu’au milieu de la journée, lundi 8 avril, aucune raison valable n’était évoquée pour expliquer la tension qui est montée d’un cran. Les antagonismes entre militants de partis politiques se muaient subrepticement, pourtant, en affrontements interethniques opposant luba kasaiens et Katangais. Menaçant de compromettre les scrutins prévus mercredi 10 avril 2019, comme un peu partout sur toute l’étendue du territoire national. Les incertitudes qui planent sur l’élection à la tête de l’exé- cutif y sont pour quelque chose, selon des sources locales.
A la tête de la province du Haut-Lomami se bousculent 10 candidats gouverneurs et vice-gouverneurs regroupés en 5 tickets ; l’opposition politique est en lice avec le ticket composé par l’AR (Alternance pour la République) Jean-Claude Muyambo et Numbi Nkulu Christian ; mais également la majorité parlementaire qui présente le ticket Kyabula Kamwe Jacques – Kumwimba Kumwimba Jean-Claude ; et le parti présidentiel représenté par Mulongo Nzemba Coco Jacques et Mumba Gama Barthélémy. Les tickets indépendants Mukasa Kelembwe Célestin – Mutita Kalunga Clotilde et Kazembe Musonga-Mwepu Mwamba complètent ce tableau des compétiteurs provinciaux.
Le problème dans le Haut Lomami, c’est qu’à 48 heures des scrutins, tous les tickets qui comptent semblaient bénéficier de chances égales. Au terme de la présentation des programmes de gouvernance de la province, l’ancien gouverneur Jean-Claude Kazembe semblait tenir la dragée haute grâce à un programme pragmatique et réaliste. Soit un peu mieux que le candidat FCC, Jacques Kyabula Kabwe, demeuré passablement théorique et peu pragmatique. Jean-Claude Muyambo et Coco Mulongo, les deux candidats de l’opposition, semblaient eux aussi pouvoir être logés à la même enseigne que le candidat FCC, si non pire.
Mais pour présider aux destinées de la province du Haut-Lomami, les discours ne devraient pas suffire. Le poids des appuis politiques compte pour beaucoup si non plus que tout. Et selon des interlocuteurs à Lubumbashi, tout dépendra du soutien dont bénéficieront le candidat FCC de sa hiérarchie. Autant que les candidats Muyambo, Kazembe, et Coco Mulongo … de Moïse Katumbi dont on dit qu’il n’entend pas perdre la main dans la ville cuprifère.
Pour le reste des 4 provinces issues du démembrement de l’ex Katanga, la situation semble plus ou moins favorable à la famille politique kabiliste.
Lualaba : rien à craindre pour Richard Muyej
C’est le cas dans la province du Lualaba où le gouverneur PPRD sortant, Richard Muyej Mangez Mans, se présente à sa propre succession. L’ancien ministre national de l’intérieur a fait preuve d’une expérience qui met tout le monde d’accord, et présenté un bilan qui n’appelle aucune contestation. Le ticket PPRD Muyej-Masuka fait pourtant face à 5 autres, dont celui de l’indépendant Aje Matembo-Mutunda Voji, qui gênait sérieusement aux encolures. Mais le FCC a fait plus qu’amende honorable en se désistant en faveur du gouverneur sortant du Lualaba qui devrait en découdre sans crainte avec le reste des prétendants au trône : le ticket UDPS/T Mutomb Kan-Mundunda Mutangala ; le ticket AVANCONS Mbaz a Mbang-Kalasa Mudiangandu ; et le ticket indépendant Ilunga Kovas – Kayinda Mahina.
On peut en dire autant de la province très lubakat du Haut-Lomami où le ticket PPRD-FCC Jackson Kalenga Mwenzeni – Vénance Mutombo Ngoy ne devrait pas éprouver beaucoup de mal à s’imposer. Ce sera face au ticket G7 Nday Makongo – Ngoy Lukaya ; et aux indépendants Aimé Kabongo –Kazadi Lumbala ; Marcel Lenge Masangu – Kazadi Lumbala. Pour peu que le mot d’ordre de la plateforme politique soit suivi.
Dans la province du Tanganyika par contre, l’issue de la lutte pour diriger la petite province également très stratégique sur le plan sécuritaire restait incertaine à 48 heures des scrutins. Seulement 3 tickets se disputent la tête de l’exécutif provincial, mais pas n’importe lesquels ; le FCC-PPRD y présente la candidature de Zoé Mwanzambila Kabila, le jeune frère du président de la République sortant, secondé de Sambo Kayabala. En face, le G7 de Moïse Katumbi place Christian Mwando-Kabongo wa Kabongo, des candidats indépendants sur le papier mais dont chacun sait qu’ils roulent pour l’ancien gouverneur de l’ex Katanga. Un autre ticket indépendant composé de Kabwe Nsende et Tambwe Masilongo concourt également mais ne devrait guère peser face aux deux premiers. Dans la région, le FCC qui est largement majoritaire en nombre d’élus provinciaux va à ces élections de gouverneurs de province avec les faveurs des pronostics. Mais l’incertitude demeure quant à la fidélité des votants et à leur résilience devant l’appât du gain.
Sankuru : Lambert Mende Gouverneur, l’affaire est dans la poche
Dans la très lumumbiste province du Sankuru issue du démembrement du Kasai Oriental, il n’y a pas eu de suspens à proprement parler, seulement des incertitudes quant à l’issue de la lutte, évidente, que se livraient des leaders locaux. A l’issue des dernières élections, comme en 2006 et en 2011, les électeurs du Sankuru ont voté à une grande majorité pour le FCC kabiliste. Aux législatives provinciales, l’opposition s’en est ainsi tirée avec un seul candidat élu pour le compte du G7 dans la circonscription de Katako-Kombe. Les 23 sièges restant ont été arrachés par des partis et regroupements politiques membres du FCC à raison de 8 pour le PPRD-PPPD ; 4 pour la CCU & Alliés ; 3 pour le REP & Alliés ; 2 pour le PALU & Alliés ; 2 pour l’AABC et 1 pour l’ABCE ; 1 pour le G18 ; 1 pour le RRC ; 1 pour l’AAC. Les fonctions de gouverneur et de vice-gouverneur de la province du Sankuru sont donc acquises à la méga plateforme kabiliste depuis la proclamation des résultats électoraux le 10 janvier 2019. Quelques jours avant que vers la fin du même mois, le ministre sortant de la Communication et Médias et porte-parole du Gouvernement n’affiche ses ambitions pour la fonction de gouverneur de sa province d’origine.
L’incertitude sur la personne qui devrait présider aux destinées de la province du Sankuru est née mi-février dernier, lorsque ce qui ressemblait bien à une campagne de contestation de la candidature de l’autorité morale de la CCU & Alliés fut lancée. Quelques jours après, un candidat indépendant du nom de Stéphane Mukumadi s’annonçait lui aussi au portillon du gouvernorat du Sankuru. Mais illustre inconnu résidant depuis plusieurs années en France, le challenger de Mende Omalanga ne faisait nullement le poids. Les observateurs avisés, qui ne s’y sont pas trompés, avaient jugé la candidature du jeune homme d’affaire de téméraire, et en même temps flairé une féroce lutte de positionnement entre leaders FCC du Sankuru.
Jusqu’au week-end dernier, il semblait acquis que le ministre sortant de la Communication et Médias devait affronter l’indépendant Stéphane Mukumadi. Vendredi 5 avril 2019, le challenger de Mende atterrissait à Lusambo, chef-lieu de la province du Sankuru, pour y prendre part aux scrutins prévus mercredi 10 avril 2019. Fort d’une décision judiciaire du conseil d’Etat annulant l’invalidation de sa candidature pour double nationalité par la cour d’appel de Lusambo quelques semaines plus tôt. Mais ce fut sans compter avec la CENI qui, au cours du week-end, a transmis à Lusambo une liste définitive des candidats à l’élection des gouverneurs de province reprenant un seul nom : celui de Lambert Mende Omalanga. Un véritable coup de tonnerre que la centrale électorale justifie en s’appuyant sur l’article 27 de la loi électorale selon lequel les recours en invalidation de candidature sont jugés en dernière instance par les cours d’appels. Et nulle part ailleurs, même pas au conseil d’Etat où les collaborateurs du Professeur Vundwawe Te Pemako auraient dû se déclarer non saisis, selon des juristes interrogés par nos rédactions. C’en est donc fini de l’incertitude qui entourait l’élection du gouverneur et de son adjoint dans la province du Sankuru. Le ticket Lambert Mende (CCU & Alliés) – Patrick Bekanga (PPRD) passera donc sans coup férir, faute de concurrents.
Dans la province voisine du Maniema, il ne devrait pas non plus se poser de problèmes pour le FCC. Un seul ticket composé des PPRD Musafiri Nkola – Amadi Lubenga concourt aux fonctions de gouverneur de province.
On aurait pu en dire autant de la province de la Lomami où le ticket PPRD Lubamba Mayombo – Mulumba Mudiangandu se trouvera seul face aux députés provinciaux. Mais lundi 8 avril 2019, des manifestants sont descendus dans les rues de Kabinda, le chef-lieu de la province, pour contester la candidature unique de Sylvain Lubamba. A qui ils reprochent de faire le jeu de notables de la région tapis à Kinshasa la capitale qui régenteront la vie politique locale. De quoi impressionner les grands électeurs kabindais qui pourraient y regarder par deux fois avant de glisser le bulletin de vote dans l’urne.
Jean-Pierre Lola Kisanga en posture confortable dans le Haut-Uélé
Le premier gouverneur de la jeune province du Haut-Uélé, Jean-Pierre Lola Kisanga, devrait se succéder à lui-même à la tête de l’exécutif provincial, à l’instar de son collègue du Lualaba. Parce que le candidat AAB qui compose un ticket avec Zehane Sambiso Bijoux a les faveurs du FCC, la plateforme kabiliste. Face à l’autre ticket FCC composé de Christophe Baseane Nangaa-Pitanga Mangandro Christian.
Dans la province voisine de l’Ituri où la liste des candidats aux fonctions de gouverneur et de vice-gouverneur de province était déjà forte d’au moins 3 tickets, un candidat supplémentaire, Jean Bamanisa Saidi, s’est ajouté. Mais l’homme d’affaire et ancien gouverneur de l’ex province Orientale devrait avoir fort à faire avec le ticket Samuel Adubango – Kashinda Avodjor (PPRD), soutenu par le FCC. En Ituri, l’opposition également se tâte en plaçant dans la course le ticket MS-G7 (Mouvement Social) Bungishabaku – Ucircan Bule. De même que le ticket indépendant Lalo Pkasha-Bigibo Tsasi. Dans la province du Bas-Uélé où trois ticket se disputent la tête de l’exécutif provincial, le PPRD Valentin Nsenga associé à Jean-Fidèle Tengbuti, soutenu par le FCC, devrait décrocher aisément la timbale face aux tickets indépendants Makangu – Belele et Zuma-Kipa.
Incertitude générale au Kongo-Central, sauf pour Jean-Claude Mvuemba, même ses propres députés ne croient pas en lui
Dans la province du Kongo-Central, les grands électeurs comptent parmi ceux qui ont le plus désarçonné aussi bien l’opinion que leurs partis politiques en effectuant des choix inattendus aux sénatoriales du 15 mars dernier. Des partis et regroupements politiques aussi bien nantis en élus provinciaux au terme des législatives du 30 décembre dernier, à l’instar de l’AFDC & Alliés de Modeste Bahati Lukwebo, se sont mordus les doigts. Et les lèvres auparavant, sans nul doute.
Les informations parvenues aux rédactions du Maximum jusque lundi 8 avril 2019 dans l’après-midi ne sont guère rassurantes et indiquent que c’est le sauve qui peut général. Aucun des candidats FCC aux fonctions de gouverneur et de vice-gouverneur n’est disposé à suivre les instructions du parti. « Ici, chacun joue sa carte, tous vont en ordre dispersé et on se dirige droit vers au moins deux tours de l’élection de gouverneur », rapporte une source contactée au téléphone à Matadi.
Ils sont au nombre de 4, ces prétendants à la tête de l’exécutif Central-Kongolais. A commencer par le PPRD Simon-Floribert Mbatshi-Mbatshia, qui forme un duo avec Santé Nzinga-Nzeto. Gouverneur du Kongo-central il y a quelques années, cet homme d’affaires prospère bénéficie de l’entière confiance du FCC dont il a le soutien. Mais pas du tout de celui de ses jeunes concurrents qui ne jurent que par sa perte, même s’il faut pour ce faire encourir les foudres de la plateforme politique. Les indépendants Guy Matondo, Pamphile Badu wa Badu et Atou Matubuana, le gouverneur a.i. sortant, jouent donc des pieds et des mains, mais surtout des mains, pour s’assurer les voix des élus de la province, et ainsi couler l’adversaire commun.
Guy Matondo, le financier du gouverneur sortant de la ville de Kinshasa, «met le paquet » pour arracher des votes en sa faveur. Mais peu connu dans sa province d’origine, le bras droit de Kimbuta se ferait gruger littéralement, selon les sources du Maximum. Autant du reste que le gouverneur a.i. sortant, Atou Matubuana, à qui ses co-régionnaires reprochent la jeunesse et l’inexpérience pour maintenir le Kongo-Central à flots.
Aux dernières nouvelles, la préférence d’un certain nombre de grands électeurs du Kongo-Central penche vers la personne de Simon Mbatshi Mbatshia qui, tout en œuvrant à mettre les moyens qu’il faut pour parvenir à ses fins, se montre d’une discrétion très appréciée. Tout le contraire d’un Atou Matubuana qui, selon nombre de ses interlocuteurs, « fait trop de bruits ».
Reste encore la candidature de l’AMK (Alliance des Mouvements Kongo) Jean-Claude Mvuemba, dont on dit qu’il a complètement déraillé en raison de son discours diviseur. L’opposant s’est lancé à la conquête de l’électorat en mettant en avant une sorte de principe d’alternance provinciale selon lequel le district des Cataractes dont il est originaire avait droit au strapontin de l’exécutif provincial du Kongo-Central, après que les deux autres districts de la province se furent exclusivement servis. Des propos qui ont eu un effet rassembleur … contre leur auteur. De Jean-Claude Mvuemba, les sources du Maximum assurent que même ses propres députés ne croient guère en lui.
J.N.