La démocratie n’est pas synonyme d’unanimité. C’est simplement un engagement à se soumettre au choix de la majorité dans le respect des vues de la minorité. Il est de ces évidences face auxquelles il est vain de se voiler la face. Ainsi en est-il de la vérité des urnes qui permet de sortir du lot une poignée d’hommes et de femmes jouissant d’une sorte de plébiscite de leurs semblables. A la faveur des dernières élections générales fin 2018 en RDC, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) a été attentive à cette donne, en sortant notamment du lot les cinq personnalités qui avaient réussi à récolter autour de leurs noms le nombre le plus important des suffrages exprimés aux législatives dans le pays. Cela permettait à l’opinion publique de se faire une idée de ces acteurs politiques d’exception qui avaient su le mieux emporter la conviction des électeurs de leurs circonscriptions respectives, faisant preuve par là d’une assise populaire réelle dans leurs provinces, étant donné qu’aucune de ces personnalités n’a partagé cet honneur insigne avec une autre dans une même province. Ce qui veut dire que chacun de ces élus représente, en ce qui le concerne, un indéniable leadership dans sa province.
Vital Kamerhe au Sud Kivu, Évariste Boshab au Kasaï Central, Adolphe Muzito au Kwilu, Jean Pierre Tshimanga Buana au Kasaï… et Lambert Mende Omalanga au Sankuru, sont à considérer à cet égard comme des leaders incontestés.
Pour ce dernier, avec plus de 55.000 voix obtenues, il est certainement l’une des personnalités les plus marquantes et les plus « visibles » dans son fief de Lodja, plaque tournante de cette province du Sankuru, terre natale du Héros National Patrice Emery Lumumba, le père de l’indépendance rd congolaise dont Mende est un des disciples les plus actifs, ceci expliquant peut-être cela. « Il ne pouvait en être autrement, témoigne un missionnaire méthodiste, fin connaisseur du Sankuru, dans la mesure où Lambert Mende, par ses faits, ses gestes et son style, a fait plus que n’importe quel autre ressortissant du Sankuru pour amplifier l’écho de l’héritage politique et idéologique de Lumumba ». Poussant plus loin sa réflexion, le clergyman de préciser sa pensée : « A tout prendre, cette fidélité jamais démentie de Mende, à l’idéal de Patrice Emery Lumumba, un tetela ‘de la savane’ (territoire de Katako-Kombe) est susceptible de réconcilier avec elle-même cette province tiraillée par les atavismes nés de querelles intercommunautaires entre ‘gens de la forêt’ (Lodja, Lomela et Kole) et ‘gens de la savane’ (Katako-Kombe et Lubefu) », estime-t-il.
Une lecture plus fouillée des chiffres publiés par la centrale électorale dans le Sankuru permet de mieux visualiser la pertinence de l’observation du saint homme. En effet, Lambert Mende et son regroupement politique Alliance CCU & Alliés alliés ont raflé à eux seuls trois sièges de députés nationaux et six de députés provinciaux au Sankuru. Mende est la seule personnalité tetela à la tête d’une formation politique disposant d’élus aussi bien en territoires de forêt que de savane et même à Lusambo, le siège luba-songe-kubaphone des institutions provinciales. Ce qui lui permet de prétendre de manière crédible mener à bon port un projet de développement du Sankuru basé sur la fin de la haine intercommunautaire aggravée par une pauvreté endémique, conséquence de l’enclavement de cette terre si riche de ses hommes et de ses potentialités naturelles inexploitées. Un confrère, analyste politique kinois, constate par ailleurs que « l’homme au verbe facile » est un des rares politiciens du Sankuru à conjuguer le nationalisme au quotidien : « Pendant tout son mandat à la tête des ministères des Hydrocarbures et de la Communication et Médias, il s’est entouré de compétences de tous les coins du pays, recrutés sur la base de la méritocratie. Son chef de cabinet et son secrétaire étaient du Kasaï Oriental et ses principaux conseillers des ressortissants de la Tshopo, du Kwilu, du Maniema ou du Kongo Central ».
Des caïmans dans le marigot
Cette réalité ne fait pas l’affaire de tout le monde dans le landerneau politique local où se côtoient plusieurs acteurs politiques à l’ego souvent surdimensionné. Certains d’entre eux, ayant manifestement eu l’ambition de s’adjuger le leadership de leur province paraissent inconsolables du verdict des urnes qui a mis Lambert Mende sur un piédestal en dépit de leurs tentatives fébriles pendant les élections, lesquelles étaient allées jusqu’à les pousser vers des alliances contre-nature dans l’espoir de rendre impossible son triomphe. De guerre lasse, ils se sont tournés vers un certain Joseph Stéphane Mukumadi, une tête brûlée de la diaspora tetela en France en mal d’aventures mercantilistes exotiques. Bombardé candidat Gouverneur de la province contre Mende par un groupe surnommé « dikelemba » (tontine) par les bonnes gens du Sankuru, ce Français d’origine sankuroise qui ne savait même « sa » province sur une carte de la RDC a été rattrapé par la législation congolaise qui exclut de cette fonction les personnes non détentrices de la nationalité congolaise qui est « une et exclusive » selon la constitution en vigueur. La Cour d’appel du Sankuru, siégeant en contentieux de candidature a sèchement tranché en invalidant la candidature de ce Français qui voulait prendre Lusambo tout en lançant des poursuites pénales contre lui parce que sieur Mukumadi avait trompé la Commission électorale en introduisant dans son dossier de candidature un certificat de nationalité. Un faux grossier que ses avocats avaient eu le culot de brandir devant les juges et pour lequel il est appelé à rendre compte à la justice congolaise.
Un appel du pied à Fatshi et à Joseph Kabila !
« Ne faites pas de moi un dictateur », avait coutume de dire le président de la République honoraire de la RDC, Joseph Kabila Kabange, lorsque des courtisans le priaient d’empiéter sur les compétences d’autres institutions pour satisfaire leurs intérêts particuliers en arguant du fait qu’il était le garant du bon fonctionnement de l’Etat. Celui qui passe aujourd’hui pour le père de la démocratie congolaise tenait de la sorte à respecter le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs qui est un des fondamentaux de l’Etat de droit. Son successeur, le président de la République Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi ne dit pas autre chose. Les tentatives débridées d’une fantomatique « dynamique des ressortissants du Sankuru » qui s’amuse à multiplier depuis Kinshasa des appels pour obtenir en désespoir de cause le retrait volontaire ou forcé de la candidature désormais unique aux fonctions de Gouverneur et Vice-Gouverneur du Sankuru du duo Lambert Mende – Patrick Bekanga n’ont que peu de chances d’aboutir. En effet, on ne voit pas ce nouveau président de la République dont on dit qu’il étonne positivement tout le monde positivement jusque là, choisir de s’immiscer dans un processus électoral engagé et encore moins interférer dans la phase juridictionnelle dudit processus. Sur quelques sites nauséabonds des réseaux sociaux derrière lesquels ils sont tapis, quelques aigris évoquent, on ne sait trop sur quelle base « la déception provoqué chez les habitants du Sankuru par la gestion actuelle de cette province par un membre de l’Alliance CCU & Alliés dont Mende est l’initiateur ». Une reproduction locale de la fable bien connue du loup et de l’agneau (‘’si ce n’est toi, c’est donc ton frère’’).
En d’autres mots, pour ses détracteurs, qui se recrutent paradoxalement dans les hautes sphères du FCC, Lambert Mende devrait être condamné pour faits d’autrui. Une véritable hérésie. Du s’agissant de cette déception provoquée par les contre-performances du gouverneur sortant, il n’existe aucune des 26 provinces que compte la RDC où l’on ait enregistré une entière satisfaction des administrés. « Les attentes sont énormes partout. Tout le monde pensait que la démocratie allait à elle seule engendrer la prospérité, y compris en l’absence d’une production économique soutenue. Or, on ne peut pas construire un paradis social dans un désert économique enclavé comme le Sankuru l’est encore malheureusement », fait remarquer un opérateur économique installé à Kinshasa depuis de longues années.
Le défi du développement est littéralement herculéen au Sankuru. Il faut être d’une texture particulière, avoir suffisamment d’envergure et d’épaisseur populaire pour relever un pareil défi. Ce n’est pas une affaire de gesticulation verbale car la première condition pour redonner à cet espace ses chances de décoller c’est de pouvoir être capable de mobiliser toutes les forces vives d’une province qui ne demande qu’à se mettre au diapason du progrès mais qui s’abîment dans des conflits stériles depuis la nuit des temps. Être gouverneur du Sankuru n’est pas une sinécure, loin s’en faut. Il va de soi que ce n’est pas une promotion pour un Lambert Mende Omalanga dont la dimension nationale, voire internationale est reconnue, comme l’a dit à Lusambo le Vice-premier Ministre, Ministre de l’intérieur sortant Henri Mova Sakanyi lors de sa mission d’évaluation sécuritaire. En effet, c’est tout à l’honneur du député national Lambert Mende d’accepter d’aller mouiller sa chemise sur sa terre natale enclavée afin de sortir les siens du sous-développement. « Son engagement là-bas est un sacerdoce, un apostolat. Dans sa circonscription électorale de Lodja, il a déjà démontré, avec sa Fondation Etshuka une grande capacité à rassembler des ressources humaines significatives qui se sont dévouées bénévolement dans le cadre de projets d’intérêt communautaire comme la route Wemambolo et le port du même nom sur la rivière Lubefu qui permet de désenclaver ce territoire ainsi que celui de Katako-Kombe », estime un avocat du tout nouveau barreau de Lodja pour qui, « parmi ceux qui s’acharnent à contrarier le projet de Monsieur Mende au Sankuru, on trouve aussi des candidats malheureux du FCC aux dernières élections législatives qui expriment de la sorte leurs frustrations devant le grand vainqueur qu’il a été. Tous amis et frères de Mende avec lequel ils mangent et boivent à la même table du FCC tout en lui faisant la guerre avec des masques pour ne pas être accusés de déloyauté. D’autres sont de toute évidence sont mus par le souci de se servir du poste de gouverneur de province pour s’enrichir sur le dos de la pauvre population du Sankuru ».
C’est à l’agitation de ce quarteron d’aigris que l’on doit l’agitation de bandes de jeunes dans certaines agglomérations du Sankuru à l’annonce de la candidature de Mende. Une agitation manifestement téléguidée, notamment depuis Paris en France par un membre de la diaspora européenne du Sankuru qu’ils auraient appelé à la rescousse en lui faisant miroiter la possibilité de prendre le poste rémunérateur de gouverneur d’une province dont il ne connaît pratiquement aucune réalité. Tout s’est passé comme si cette élection ne se faisait pas au second degré par les députés provinciaux qui sont les seuls à pouvoir rejeter ou adouber un candidat. N’étant pas parvenu à convaincre Lambert Mende de retirer volontairement sa candidature dans l’intérêt de la paix (sic !), ils ont tenté d’instrumentaliser les rencontres avec le ministre de l’Intérieur sortant pour obtenir de celui-ci qu’il convainque le chef de file du FCC et le chef de l’Etat Félix Tshisekedi d’intervenir auprès de la CENI pour modifier le calendrier électoral avec une réouverture, totalement illégale du Bureau de réception et de traitement des candidatures (BRTC). Rien que pour l’élection des gouverneur et vice-gouverneur du Sankuru. Délirant !
JBD