L’opinion ne s’attendait sans doute pas à une sortie médiatique de la Majorité Présidentielle (MP) sortante, qui semblait s’astreindre à une discrétion commandée par l’issue des scrutins du 30 décembre 2018. Ç’a été fait, cependant. Samedi 16 février à son siège de Kinshasa Gombe, son porte-parole, Alain Atundu Liongo, a animé un point de presse. Pour fixer les esprits sur des questions brûlantes de l’heure, notamment, sur la nouvelle dénomination de la famille politique du Chef de l’Etat sortant, après qu’un candidat de l’opposition eut été élu Président de la République. Logique : l’ancienne majorité présidentielle n’est donc plus la majorité présidentielle. La MP se mue simplement en majorité électorale, compte du nombre des sièges (plus ou moins 350) obtenus à la chambre basse du parlement. « Il vous faudra désormais vous habituer à considérer notre méga plateforme politique comme seulement une Majorité Parlementaire et la traiter comme la Majorité démocratique dans notre Pays », a déclaré l’ambassadeur Atundu devant la presse. « Par commodité, il serait plus simple de nous appeler tout simplement La Majorité », a-t-il martelé. Sans doute pour tordre le coup aux supputations insinuant une probable déliquescence des forces kabilistes au parlement de la Vème République.
« Ce statut légal et cette éminente position sociale donnent à notre Majorité une grande responsabilité dans la gouvernance du pays », notamment en agissant dans le cadre d’un « esprit de partenariat responsable » avec le Chef de l’Etat en tenant impérativement compte de la minorité, a encore expliqué le porte-parole de la majorité électorale.
La question du partage du pouvoir
Samedi dernier, Alain Atundu a ainsi évoqué la question récurrente dans l’opinion rd congolaise, relative au partage des pouvoirs et des responsabilités entre la plateforme politique du Président de la République élu et le FCC, la méga plateforme majoritaire au parlement. Ce partage est constitutionnel a tenu à rassurer Atundu, faisant allusion aux domaines de collaboration que sont la politique étrangère, la sécurité intérieure et la défense nationale, notamment. Pour le reste, un «équilibre de convivialité » devrait s’imposer dans l’attribution des divers postes et fonctions de responsabilité au sommet de l’Etat.
L’autre assurance exprimée par le porte-parole de la majorité électorale concerne le sort du FCC que d’aucuns dans l’opinion croient menacé d’implosion parce guetté par des défections de certains de ses regroupements. Il s’agit de spéculations que rien dans les faits n’atteste, a répliqué Atundu en réponse à la question d’un journaliste. « Notre pays vit des moments inédits dans sa vie politique qui expliquent certaines impatiences », a-t-il soutenu. « Nul ne s’est prononcé contre le FCC » a dit Atundu, expliquant que le partage des postes et fonctions de responsabilité se limitera à l’exécutif. « Au Sénat et à l’Assemblée Nationale, c’est le jeu démocratique qui prévaudra ».
Sanctions ciblées de l’UE
Interrogé sur la polémique née de la suppression du passage relatif à la levée des sanctions ciblées de l’UE contre des personnalités politiques et militaires rd congolaises du discours prononcé par le Président de la République devant le corps diplomatique vendredi 15 février à Kinshasa, le porte-parole de la majorité parlementaire s’est montré clair et précis : « C’est Félix Tshisekedi le Chef de l’Etat. Il n’y a pas débat. Evitons de chercher la petite bête ». « Le pays est sur la bonne voie, il faut se féliciter de la bonne entente et de la cordialité entre les forces politiques au pouvoir », a ajouté Atundu à l’intention des journalistes. Mettant en avant « l’opiniâtre détermination du démocrate Joseph Kabila, contre vents et marées, ainsi que le nationalisme intransigeant de la classe politique (qui) sont venus à bout de manigances de certains acteurs malfaisants de la communauté internationale avec l’évidente complicité de certaines filles et de certains fils de notre pays ».
S’agissant du nouveau Président de la République, « la Majorité ne peut terminer ce point de presse sans présenter à Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ses sincères félicitations à l’occasion de sa victoire électorale. Comme l’a demandé l’Autorité morale au Peuple Congolais, le Président Tshisekedi peut compter sur la Majorité dans la gouvernance du pays », a déclaré Atundu. Souhaitant ainsi au nouveau locataire du Palais de la Nation d’avoir la foi et la force nécessaires pour sauvegarder ces acquis et deux de tous ses prédécesseurs : « Le Président Kasavubu lui a légué l’idéal de la vertu et de la moralité publique ; le Premier ministre Lumumba lui a légué le sens et l’esprit d’indépendance ; le Président Mobutu lui a légué l’authenticité et la conscience nationale ; M’Zee Laurent-Désiré Kabila lui a légué l’auto-prise en charge et l’engagement de ne pas trahir le Congo ». En somme, un passé riche de références qui devrait servir de balise pour attaquer avec succès les enjeux et relever les défis durant son mandat, selon Alain Atundu.
J.N.