Adolphe Muzito, l’ancien premier ministre PALU passé à droite, dans les rangs de l’opposition genevoise dite Lamuka et de son candidat unique pour le compte d’une partie de l’opposition rd congolaise a soulevé un tollé général, dimanche 3 février 2019. Sur le plateau de nos confrères de TV5, il a révélé le pot aux roses du complot contre la RD Congo et ses populations, ourdi à l’instigation de milieux politiques et d’affaires Occidentaux nostalgiques et néo-colonialistes. Ce n’était pourtant pas nouveau, mais après les scrutins combinés présidentielle, législatives nationales et provinciales, qui se sont traduits dans les urnes par une alternative réelle mais apaisée voulue par les électeurs, la sortie médiatique du néo-opposant a eu le don d’ouvrir les yeux à plus d’un dans son pays. « Nous n’avancerons pas avec Félix Tshisekedi avec toute l’insécurité qui va se manifester à travers le pays, avec l’instabilité politique, aucun investisseur ne viendra dans notre pays. Il y aura un front social qui fera qu’ils seront obligés de venir négocier afin qu’on trouve une solution à la crise de légitimité », a décrété Muzito sans ambages. « C’est nous qui sommes du côté du peuple. Ce peuple va s’organiser pour faire des manifestations pacifiques. Nous n’allons pas recourir aux armes. Nous organiserons des marches, des meetings afin que le peuple revendique sa victoire », a révélé l’ancien premier ministre, 24 heures à peine après que sa plateforme eut organisé un meeting assaisonné d’appels à la haine ethnique contre la tribu du nouveau chef de l’Etat élu et à la désobéissance civile.
Déclarations révélatrices
Les révélations d’Adolphe Muzito ont donc l’avantage de clarifier la politique mise en œuvre par Lamuka et ses leaders. Samedi 2 février à la Place Ste Thérèse de Ndjili, le candidat malheureux à la présidentielle 2018, Martin Fayulu Madidi, avait annoncé une tournée dans les provinces du pays pour inciter les populations à revendiquer « sa » vérité des urnes, à l’instar de Kinshasa, donc. Derrière la revendication de cette « vérité » des urnes se dissimule en réalité une véritable campagne de manifestations publiques et populaires susceptibles de dégénérer et de faire le lit d’une déstabilisation des institutions publiques en place et ainsi remettre les pendules à zéro. Le but est de permettre à Fayulu et ses mentors de Lamuka (Moïse Katumbi Chapwe et Jean-Pierre Bemba Gombo, de renégocier l’accession au pouvoir.
En RD Congo, la plateforme née à Genève sous les auspices de nébuleuses occidentales soutenues par de puissantes entreprises minières ne s’encombre même plus de revendications démocratiques. Elle se sert des pratiques démocratiques (libertés de manifestations, libertés d’expression) pour mettre en œuvre un plan cynique d’obstruction démocratique impliquant au besoin des conflagrations interethniques.
« Muluba na nyoka totika nani ? Boma muluba tika nyoka !» ( Entre un muluba et un serpent, tuez le muluba, épargnez le serpent !), scandaient à l’unisson des casseurs mobilisés par la plateforme genevoise samedi dernier au meeting de Sainte Thérèse, au nez et à la barbe de la police. L’appel à l’intolérance et à la ségrégation tribale n’est pas dû au hasard : c’est le seul moyen pour Fayulu et ses affidés de contourner et de faire fi de la logique démocratique qui impose au perdant de s’incliner devant le verdict des urnes, les mêmes urnes qui accordent aux partis politiques membres de la coalition Lamuka des sièges parlementaires dont ils ne contestent pourtant guère la validité, du reste. Le problème de la légitimité du pouvoir ainsi déplacé de la sphère démocratique à la sphère ethnique place le vainqueur et le perdant de la présidentielle sur le même pied d’égalité dans l’imaginaire populaire. Et ouvre la voie aux confrontations de tous genres susceptibles de se substituer à interactions dialectiques pacifiques issues des résultats électoraux. C’est l’objectif poursuivi par Lamuka à travers une politique de la terre brûlée qui ne dit pas encore son nom.
« Boma muluba tika nyoka » : la terre à brûler
La dernière sortie médiatique d’Adolphe Muzito ne fut donc pas une surprise. Pas pour les observateurs avertis de l’arène politique rd congolaise, qui savent que le plan mis en œuvre pour déstabiliser la RD Congo remonte à plusieurs mois avant les scrutins de décembre dernier. « Félix Tshisekedi à la présidence, c’est pire que Joseph Kabila. Nous n’allons pas rejoindre son camp, nous ne négocierons pas avec lui car il n’a pas le pouvoir. Mais c’est plutôt avec Joseph Kabila, si négociations il y a ! », a encore proclamé l’ancien 1er ministre sur le plateau de nos confrères de TV5, le 3 février dernier.
En septembre 2018, trois mois avant les élections présidentielle, législatives nationales et régionales en RD Congo, Adolphe Muzito avait déjà révélé un vaste complot visant à compromettre la tenue des scrutins auxquels Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et lui-même ne pouvaient prendre part. Il s’agissait de frapper durement Kinshasa à travers l’expulsion sauvage de centaines de milliers de ses ressortissants résidant en Angola, et ainsi susciter des remous sociaux suffisamment déstabilisateurs pour compromettre la tenue des scrutins. En même temps que s’accentuaient les pressions de certains Etats voisins circonvenus par la Belgique néocoloniale prétextant des soucis sécuritaires à leurs frontières. L’opération semble avoir été mise sur pied début septembre 2018 lors d’une série de rencontres secrètes entre Didier Reynders, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères Belge, avec Moïse Katumbi, Adolphe Muzito et Jean-Pierre Bemba, les trois invalidés à la présidentielle 2018 dans la capitale de l’ancienne métropole coloniale.
Un plan qui remonte à septembre 2018
Les 10 et 11 septembre dernier, Didier Reynders se lançait dans une nouvelle opération pour torpiller le processus électoral en cours en RD Congo avec le soutien du voisin Angolais, qui vise l’instauration d’une nouvelle période de transition avant l’organisation de tout scrutin électoral. Acculé par la presse après ses rencontres avec les autorités belges, Adolphe Muzito en avait laissé transparaître un pan de ce complot en déclarant que « ce qui compte, c’est que nous puissions adopter un programme commun, que votre ministre des affaires étrangères évoquera ensuite lors de son prochain voyage en Angola et à Brazzaville ». On sait aujourd’hui que ce programme commun n’avait rien d’un projet de gouvernance commune. C’est depuis septembre dernier que les thuriféraires de Lamuka déclinent toute forme de collaboration avec Félix Tshisekedi et l’UDPS. C’était un plan de blocage délibéré des institutions issues des élections, à la faveur de l’instauration d’un chaos généralisé. Ils avaient lancé leur plan avant même les scrutins du 30 décembre dernier avec les manifestations publiques contre la machine à voter juxtaposées aux expulsions massives et sauvages des Congolais d’Angola.
Le communiqué final publié à l’issue de séjour angolais ainsi annoncé du chef de la diplomatie du Royaume de Belgique ne s’en cachait pas, du reste : « cette visite vient concrétiser la volonté de la Belgique et de l’Angola de renforcer leur partenariat stratégique dans tous les domaines et d’entretenir une concertation étroite sur les questions régionales », écrivaient les ministres Belges et Angolais des Affaires Etrangères. Le communiqué conjoint du 11 septembre 2018 ne se gênait même pas d’affirmer que « en ce qui concerne la situation en RDC en particulier, ils ont réitéré l’importance d’un processus inclusif qui puisse aboutir à des élections crédibles, libres et transparentes le 23 décembre 2018, conformément à l’Accord de la Saint Sylvestre et au calendrier électoral approuvé à cette fin, facteurs indispensables pour arriver à une stabilisation durable en RDC ». Derrière ce langage de bois réservé jusqu’à il y a peu aux seuls initiés se dissimulait le pot-aux-roses : au cours de cette véritable croisade belge sur le continent qui avait vu Reynders se rendre également au Congo-Brazzaville et en Afrique du Sud, « il aurait été question de négocier un nouveau délai, à condition de ‘faire monter à bord’ les deux célèbres exclus qui ont leur QG à Bruxelles, à savoir Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi ». révélait notre consœur Colette Braeckman du quotidien belge Le Soir en septembre dernier.
Pour Muzito et ses collègues leaders de Lamuka, les vainqueurs de la présidentielle du 30 décembre 2018 était désigné à l’avance, longtemps avant les scrutins. C’était un des leurs, ou rien. On doit à la plateforme née en novembre à Genève, aussi bien l’expulsion sauvage des Congolais d’Angola, que les conflagrations sociales annoncées par Adolphe Muzito sur TV5 dimanche dernier.
J.N.