Tout devrait s’arrêter le 15 décembre 2018, à une semaine des élections, pour se prémunir de tout dérapage. Un certain pessimisme gagne, à tort, l’opinion des entrepreneurs à Kinshasa sur la période d’avant et d’après les élections du 23 décembre. La BCC, les experts d’Etat (Budget) et du Comité Permanent du Cadrage Macroéconomique sont d’avis que 2019 sera plus rose que morose.
Selon la Banque Centrale, la stabilité du marché de change va se poursuivre en 2019, avec une dépréciation à fin période de 4,98% contre 7,10% en 2018. Le taux de change moyen annuel se situerait à 1.747,8 FC/USD et celui de fin période pourrait atteindre 1.790,3 FC/USD.
Dans ces conditions, la décélération du rythme de formation des prix intérieurs enregistrée en 2018 va se poursuivre en 2019 avec un taux d’inflation fin période projeté de 11,2 % contre 13,6 % en 2018.
Les réserves internationales pourraient se situer autour de 1.216,3 millions USD en 2019 contre 1.151,4 millions USD estimées en 2018. La progression attendue s’expliquerait principalement par l’amélioration des avoirs extérieurs nets du système bancaire, consécutive à l’impulsion des exportations minières et à la bonne tenue des cours des matières premières sur le marché international.
Et selon les projections du CPCM, la masse monétaire devrait se situer à 11.645,6 milliards de FC à fin décembre 2019 contre un niveau programmé de 9.537,8 milliards à fin décembre 2018. En glissement annuel, elle ne devrait s’accroitre que de 22,1 % en 2019 contre 25,3 % en 2018. Cette situation s’expliquerait par une faible amélioration des avoirs intérieurs du système bancaire.
Le cadre macroéconomique en 2019 devrait rester stable, en vue de créer les conditions favorables à la poursuite de la bonne tenue de l’activité économique. Ainsi, la croissance économique devrait se situer à 5,6 % contre 4,2 % estimée pour 2018. L’affermissement de la croissance serait tributaire du bon comportement du secteur primaire, à travers la branche « industries extractives », grâce à la hausse du niveau de production, dans un contexte d’évolution favorable des cours des produits miniers sur le marché international. En effet, de 2018 à 2019, la production du cuivre pourrait passer de 1.265.311 tonnes à 1.363.373 tonnes et celle du cobalt de 93.405 tonnes à 100.000 tonnes.
Toutefois, à propos des mines, la mouvance de la société civile encadrée par le Réseau Gouvernance économique et Démocratie, REGED, a, dans son récent rapport sur le budget 2019, noté une certaine inadéquation entre les prévisions budgétaires du Projet de loi de finances 2019 et les priorités sectorielles alors que le secteur devrait avoir suffisamment de moyens pour le renforcement des capacités institutionnelles, l’intensification des recherches géologiques et minières en vue de la création d’une base géologique et minière nationale en vertu de l’article 1er, point 36 et 12 bis du Code minier révisé, la prise en compte des priorités géographiques en vue d’amorcer le développement des provinces et la sauvegarde des droits communautaires. Enfin, la prise en compte des engagements de la RDC contenus dans les ODD, Objectifs du développement durable, dans son objectif 12.a « Aider les pays en développement de se doter des moyens scientifiques et technologiques qui permettent de s’orienter vers des modes de consommation et de production plus durable » pour garantir le bien-être social et environnemental des communautés locales.
Des prévisions des allocations affectées au fonctionnement du Ministère, soit 5.890.000.000 FC, le cabinet du Ministre et celui du Secrétaire général prennent au moins la moitié tandis que les 10 directions techniques et d’appui manquent des moyens pour l’accomplissement de leur mission.
En 2016, le Ministère des Mines avait identifié 200 zones d’exploitation artisanale et 1.364 sites d’exploitation avec plus ou moins 2 millions d’exploitants miniers et recensé 392 coopératives agréées. Comparativement aux crédits prévus pour SAEMAPE (ex – SAESSCAM) dans le PLF 2019, il découle un montant de 629 USD par site d’exploitation. Ce montant est insuffisant et favorise ainsi le développement de la filière de vente des minerais dans le circuit informel et illicite.
Malgré l’embellie des cours des matières premières, notamment ceux du Cobalt et du cuivre, la mise en application du Code minier révisé et l’augmentation des quantités produites et exportées pour le cuivre et le cobalt, la RDC ne profite pas de cette opportunité de boom minier.
Les prévisions de la DGRAD sont faibles. Rien que le Cobalt qui est produit à hauteur de 82.000 T en 2017 au prix de 9.600 USD la tonne devrait rapporter à la RDC la somme de 227.068.960 USD ou 480.437.576.640 FC au titre de redevance minière en appliquant le taux révisé de 3,5%. La RDC ne se contenterait que de 47% et pour cause, le cobalt n’est pas transformé, il est exporté de manière brute sous forme de sels de cobalt. Ce qui représente une perte énorme alors que la tendance devrait plutôt aller dans le sens de la maximisation des recettes minières.
L’attention sur la mobilisation des recettes dans le secteur des Mines est essentiellement focalisée sur la redevance minière. La Société Civile estime que d’autres actes générateurs, bien encadrées, peuvent également engranger des recettes de loin plus importantes que celles qui sont assignées dans le Budget 2019.
PALM